dimanche 25 novembre 2007

AP : 1. Vengeance : Chapitre 10

10
"Quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi. "
[Beaumarchais]
Le mariage de Figar


Terre

« J’ai aperçu la femme du président de ton club de hocket en faisant les courses" dit Hélène en posant le plat sur la table

- Ha oui ! Comment va-t-elle ?

- En voilà une nouvelle passionnante » grogna LG avachi sur sa soupe.

« Et toi alors » reprit Hélène le ton de sa voix s’élevant légèrement. « Raconte-nous ta journée, tu ne nous dis jamais rien.

- Pour raconter des trucs aussi nuls que les tiens, je préfère me taire.

- Lull ! » se facha Mike, « on ne parle pas ainsi.

- C’est LG qu’on m’appelle. G comme Giolani et pas Gentry parce que ce serait trop facile de faire le père parfait alors que pendant mes dix premières années tu courrais les filles plutôt que de t’occuper de moi. Et c’est pas parce que tu as mis ton nom sur ma carte d’identité que je vais le porter Et avec un L parce que Lull c’est pas un prénom mais une lubie de ma mère.

- Tu vas cesser de faire ta mauvaise tête, tu es infernal ces temps-ci. Alors tu te calmes, tu débarasses la table et tu nous racontes ta journée.

- Mortel » soupira Lull poussant son assiette plus loin sans faire mine de la ranger.

« Ha si » dit-il souirant enfin. « Y a un mec qui est venu, un certain Malta ».

Hélène et Mike s’immobilisèrent, Hélène fusillant son mari du regard avec tant de reproche qu’il n’y avait que Mike assez bête pour ne pas le remarquer. Ce dernier s’adressa à son fils.

« Thibault Malta ?

- Oui, ton pote qui était passé l’année dernière. Je ne l’avais pas reconnu de suite.

- Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

- Rien, il m’a demandé si j’étais pas le fils Gentry.
C’est là que je l’ai reconnu. Ensuite il m’a demandé comment je m’appelais. Je lui ai dit Lull. Il s’est moqué de moi comme toute personne normalement constituée qui entend un prénom aussi stupide et m’a répliqué qu’on était en Franceet qu'on traduisait Accalmie. »

Mike et Hélène se regardèrent de nouveau.

« Très con comme réflexion » marmonna Lull « on me l’avait jamais faite celle-là.

- Qu’est ce que Thibault manigance encore à faire les sorties des Lycées ? « Hélène s’adressait maintenant à Mike. Lull fit semblant de ne pas le remarquer. Si on lui demandait de parler c’était pas après pour qu’elle l’ignore en faisant la conversation à son mari. Il leva la tête, intrigué par la colère et la crainte subite de ses parents et soupira bruyament. Pourquoi fallait-il toujours qu’ils se fassent une montagne de rien.

« Il ne fait pas la sortie des Lycées maman. Il est venu faire une série conférence. Le directeur de l’école veut qu’on soit les premiers formés pour bosser avec la confédération. Le fait de nous bassiner à apprendre leur langue ne lui suffit plus apparemment. Vous saviez que monsieur Malta bossait avec eux ?

- Thibault professeur. On ne va pas tarder à te faire changer d’établissement scolaire. »

LG jeta sa cuillère sur la table. « Voilà, je fais des efforts pour vous dire quelque chose et vous, vous voulez me faire changer de lycée et après vous vous étonnez que je ne raconte rien. Moi, je l’ai trouvé plutôt cool monsieur Malta et il réussit mieux que toi. Il a même acquis un statut important et il gagne mieux sa vie que vous. Il voyage sans arrêt. Vous êtes des ringards, vous ne vous tenez jamais au courant de rien mais moi, je ne suis pas comme vous, j’ai de l’ambition et monsieur Malta, il disait que la base des Maÿcentres elle aurait besoin de gens comme nous et qu’on pourrait même y faire des stages. »

Mike se leva et tapa rageusement du poing sur la table.

« Lull » cria-t-il, « tu arrêtes de parler ainsi, tu n’es qu’un gosse et tu n’y connais rien.

- Parce que toi, tu y connais quelque chose sans doute ! »

Les poing de Mike se serrèrent. « Je refuse que tu fasses quoi que ce soit avec les mondes extérieurs » hurla-t-il. « Ni avec eux ni avec Thibault. »

LG ne l’avait jamais senti si faché, sa colère en était presque douloureuse mais loin de le calmer, elle attisa sa propre rage. Il se mit à rire, d’un rire nerveux. Ces parents étaient pathétiques, de vieux croutons dépassés « les mondes extérieurs. C’est comme ca que tu appelles les Maÿcentres. Je te reconnais bien là, il y a nous et puis les autres, très loin, dont on ne parle pas, extérieurs.

Maïcentres

Les révélations de Luico au sujet d’une relation potentielle entre la Syhy Lytil et l’Adarii Orage m’ont trotté en tête pendant des jours. Issu de la bouche d’un autre que Luico, je n’aurais jamais pris en compte de tel propos. Dans un premier temps, j’ai tenté de passer en revue chaque possibilité.
La première, celle qui m’a paru la plus probable était que Luico ait pu se tromper. Après tout, la version officielle tient debout. Orage regarde un peu trop la jolie Dyasella, ce qui est bien compréhensible car la fille est très jolie et les Adarii n’ont aucune pudeur tout comme tout ceux de Plume et ne se préoccupent nullement des lois en vigueur. Ryun s’offusque dans une stupide pulsion typique de son jeune age de l’époque, fait un scandale qui met fin à la soirée. Et voilà, affaire classé.
Toute cette théorie tient debout à un détail près. A la fin de cette réception, il y avait dû forcement y avoir une explication entre Orage et le président. Il était reconnu que le président Eysky se faisait toujours accompagné de Luico quand il était en présence des Adarii. Président ou pas, il en avait aussi peur que touten chacun et ne leur faisait pas confiance, à juste titre. Donc Luico devait en savoir beaucoup plus que les simples allusions dont il m’a fait part. Je pense qu’il m’a mis sur la voie qu’il savait être la bonne mais n’a pas pu en dire plus étant dans l’incapacité morale de trahir une conversation de son président. Il a toujours été un bon garde du corps.
Cette déduction a fait basculer ma réflexion à un autre niveau. L’hypothèse que je me refusais d’admettre s’imposant à moi. Dyasella avait eu une liaison avec Orage et Ryun l’avait su. Evidemment, pour une telle raison, on comprend mieux qu’il fasse un scandale, devant Orage Taegaïan. Même si son comportement ne pouvait que déboucher sur un échec. J’ai donc travaillé l’hypothèse selon laquelle Dyasella et Orage avait eu des rapports disons, peu avouable.
A partir de là, deux possibilités s’offrent à moi.
La première c’est qu’Orage l’ait forcé. Orage n’aurait eu aucun mal à la manipuler pour qu’elle accepte. De toute façon, ils utilisaient leurs talents pour convaincre n’importe qui de n’importe quoi
Luico m’avait dit qu’elle avait défendu Orage. Mais là aussi elle avait pu le faire par peur des représailles ou alors il avait pu l’obliger à prendre sa défense.
La deuxième possibilité est qu’elle ait fait cela de son plein gré. La aussi, les implications sont énormes. D’abord, elle défiait sa culture. Elle n’aurait pas été la seule jeune fille de Vengeance à avoir des rapports avant son union Le véritable scandale n’était pas d’avoir perdu sa virginité. Non, ce qu’il ne fallait pas c’était que ca se sache. Mais on ne parlait pas d’amourette. Avoir des relations avec quelqu’un comme Orage, c’est plus que malsain et Je vois mal Orage tomber amoureux d’une fille comme Dyasella. Contrairement à beaucoup de monde, Je pense que les Adarii sont capable d’aimer. Mais uniquement ceux de leur race. Surement pas une simple fille de Vengeance aussi belle soit-elle.

Afin d’éclairer ces réflexions qui m’obnubilaient, j’en ai parlé autour de moi. De façon discrète et détournée évidemment. J’ai eu la chance de rencontrer par hasard une ancienne connaissance. Une jeune femme des Maÿcentres employée au complexe et en plus assez libertine dans ses discours. Je lui ai demandé dans la conversation sur le ton de la plaisanterie si elle n’avait jamais entendu parler d’une fille assez folle pour avoir des vues sur Orage Taegaïan, la réponse a dépassé toutes mes espérances.

« Le sorcier garde du corps de notre ancien président. Voilà un nom surgi d’un autre temps. Mais demandez-moi plutôt qu’elle fille n’en avait pas rêvé.

- Vous voulez dire que vous, enfin quelqu’un... » J’ai eu du mal à trouver mes mots. Déjà un discours aussi léger est difficile à soutenir mais en plus je me sentais très grossier de poser ce genre de question.
Heureusement, elle ne m’a pas laissé finir. Elle a dû deviner de quoi je voulais parler et s’est indignée ce qui semble normal en pareille circonstance

« Bien sur que non. Personne n’aurait ne fut-ce qu’oser toucher Orage. Vous avez demandé si les filles travaillant aux complexes avaient des idées peu avouables. Je dis des idées, bien sur. Pas plus évidemment. N’empêche qu’on le voyait parfois traversant les salles de travail. C'était le plus bel homme que je n’ai jamais vu. Faut dire aussi que ce n’était pas vraiment un homme. Qu’est-ce qu’on pouvait avoir peur quand on le voyait arriver. Mais qu’est-ce qu’on pouvait regretter aussi quand il était parti. Le plus impressionnant, c’est de penser qu’il devait le sentir. »

Cet entretien m’a beaucoup perturbé. C’est pourquoi j’ai mis tant de temps à le relater. Il m’a amené beaucoup de réponses mais encore plus de questionnements. J’avais été bien trop rationnel en pensant qu’il était impossible que Dyasella se retrouve volontairement dans les bras d’Orage. Le cœur des femmes n’est pas rationnel. Mais Dyasella semble avoir une personnalité hors du commun pour oser faire ce genre de chose. Ce détail est important pour la suite. Il m’a donné quelques idées. J’y reviendrais plus tard. Pour l’instant, je vais en revenir à l’entretien avec ma secrétaire du conseil. Je lui ai ensuite fait remarquer qu’elle était la première à me sortir de tels propos et que je savais que les Adarii n’étaient pas disons, très apprécié.

- Vous, Umia, » m’a-t-elle dit « Vous vivez dans l’ombre de la colline du conseil.

- Que voulez-vous dire ?

- Vous avez passé trop de temps là-haut, vous en avez oublié le monde réel.

- Je n'y suis pas resté tant que ca, la plupart de mes années de conseiller, je les ai passé sur Terre.

- C’est pareil, à force de vivre avec les grands de ce monde, on finit par oublier le reste. Vous savez que chaque jour, je prends le funiculaire pour me rendre sur la colline. Chaque jour, je regarde par les vitres le plateau et les basses-villes disparaîtrent dans la brume pendant que je m’élève vers le ciel. Savez-vous combien de gens peuvent faire cela ? Combien de personnes ont accès à ce funiculaire ?

- Qu’est ce que j’en sais. Plusieurs milliers sans aucun doute, voir dizaines de milliers et je ne compte pas les visas journaliers .

- Oui, vu comme ça, ca fait beaucoup, mais en fait, il y une personne sur deux cent millions qui en a l’accès. Et là, même si le nombre est le même, c’est de suite plus grisant. Je ne suis qu’une simple secrétaire, mais j’ai ce privilège.

- Et moi je ne l’ai plus.

- Non Sy Umia, vous ne l’avez plus. Pourtant, vous avez encore la vision de ce monde. Reprenez vos Adarii, détestés de tous. Demandez aux gens de votre monde, ou plutôt de votre ancien monde ce qu’ils pensent d’eux. Mais je suppose que vous l’avez déjà fait. Une bonne partie, voire même une grosse majorité vous dira qu’ils sont cruels, prétentieux et arrogants. Qu’ils se complaisaient à jeter une sacrée pagaille partout, en particulier dans leurs projets. Qu’il n’y avait pas moyen d’obtenir le moindre compromis avec eux, qu’ils n’avaient aucun respect des lois et encore moins des convenances et j’en passe. Je pense que la plupart de nos dirigeants ont été soulagés de leurs départs. D’ailleurs les petites magouilles reprennent dans les jardins. Dis autrement, il y a presque une personne sur deux cent millions qui refuserait catégoriquement le retour des Adarii.

- Et les autres ?

- Sy Umia s’intéressant aux autres ?

Que connaissent les gens des villes des Adarii ? Pensez-vous sincèrement que le président Eysky clamait partout les insubordinations et les plans pervers de ses protecteurs ? Non, les autres, eux, voyaient le président protégé par de puissants et mystérieux sorciers dans leurs tenues somptueuses, leurs bijoux et leurs maquillages dorés ou argentés dégageant une aura de séduction et de craintes. »

Je suis sorti de cet entretien métamorphosé et j’ai totalement revu mes stratégies sur une nouvelle base.

Synshy est toujours mon but premier mais je commence à percevoir des projets de bien plus grande ampleur. Il me semble soudain possible d’établir une nouvelle politique dans laquelle la Syhy Lityl prendrait une place majeure. Mais n’allons pas trop vite à ce sujet. Je ne connais pas encore suffisamment la Syhy pour l’instant. Je l’ai revu à une autre réception où Luico a réussi à m’avoir une place. De la rapide dicussion que nous avons eue, elle m’a paru intelligente et raisonnable mais il est difficile d’avoir de vraies conversations au milieu de ces soirées. J’ai établi un plan qui m’a paru digne d’elle. Je lui ai fait passer un message par son domestique n’ayant pas accès aux hauteurs. Quelque chose d’intrigant à mon sens. Typiquement le genre d’allusion qu’une fille bête ne comprendrait pas et qu’une fille sage refuserait. Si elle a les qualités essentielles à mon projet, autrement si elle n'est ni bête ni sage, elle devrait venir à mon rendez-vous »

Au moment où il enregistrait ses mots, murmurant discrètement dans un coin de la salle, Umia aperçut la jeune femme en question à l’autre bout de la salle. Elle le cherchait. Elle est venue pensa Umia. Une pauvre jeune fille de bonne famille qui en plus s’était fait abuser dans son jeune age ne serait jamais venu, et seule en plus, à ce genre de rendez-vous totalement déplacé. Par contre une jeune aventurière en quête de sensations fortes n’aurait pas hésité. Maintenant, il savait à qui il avait affaire. Il ne pouvait s’empêcher de regarder la jeune femme. Elle ne l’avait pas aperçue. Elle n’avait pas voulu se mettre en avant par des marques distinctives de son rang mais n’avait pas nom plus caché son visage comme le faisait certaines personnes honteuses d’être dans un endroit peu fréquentable. Elle paraissait aussi digne dans cette salle commune des basses villes que dans les réceptions de la haute société. Ce qu’il savait d’elle aurait dû le dégoûter. C’était ses comportements à lui qui le dégoûtait plutôt. Lui aussi avait trahi ses valeurs pour un rêve. Un rêve du nom de Réalité. Pendant quelques temps il s’était plus à penser que c’était le charme induit par son collier qui lui avait fait perdre la tête mais même quand elle ne le portait pas, elle l’attirait toujours autant. Encore un mystère de plus ce bijou. Il secoua la tête se forçant à ne plus y penser. Il devrait remédier à ce problème, mais plus tard. Dyasella l’avait vu et se dirigeait vers lui, il l’aperçut et se leva précipitamment.

Maïcentres

Dyasella l’avait enfin repéré. Cette salle n’était décidément pas le genre de lieu dont elle était habituée. Trop grande, trop de monde, trop bruyante. Ce Umia aurait pu trouver un endroit un peu plus confortable et mieux fréquenté. D’un autre coté, elle ne risquait pas de rencontrer du monde connu.
Pourquoi se levait-il se demanda-t-elle irritée en voyant Sy Umia quitter précipitamment sa chaise. Veut-il vraiment me faire remarquer. Ne comprenait-t-il pas que je voudrais être discrète. Dyasella s’assit pourtant sans rien dire sur le fauteuil vide et d’un geste proposa à Umia de se rasseoir avant de sortir la petite pièce de bois rose et la poser sur le jeu.
« Je peux savoir les règles du jeu ? » demanda-t-elle. Elle n’irait pas minauder en tournant autour du pot. Il l'avait fait descendre dans les basses villes, elle aurait des réponses et vite.

« Trouver de alliés pour acquérir le plus de puissance pour atteindre son but, bien entendu.

- Et Plume est votre alliée ?

- Les puissances Adarii n’ont que faire de ma petite personne.

- Les sorciers Adarii ont été vaincus par les puissantes Maÿcentres.

- Il paraît oui. En tout cas c’est ce que dit le président Synshy

- Et vous n’y croyez pas ?

- Longtemps je me suis posé la question, et maintenant, Je suis sur que non

- D’où viennent les produits issus de Plume alors ?

- De plume en effet, mais pas des terres Adarii ; ils viennent de Cashir, une campagne de libre de Plume. Un continent qui est hors de la juridiction des Adarii. Les Maycentres se sont fait jetés dehors proprement par ce que vous appelez des sorciers et Synshy en a sans doute eu tellement honte qu’il s’est jeté sur la pauvre campagne libre pour l’exploiter et faire croire qu’il était le libérateur de Plume.

- Vous êtes en train d’accuser de mensonge votre président Sy Umia. Pour qui vous prenez vous à parler ainsi ?

- Je suis désolé, vous avez raison, j’exagère. Je n’aurais jamais dû parler de cela devant une noble Syhy. Ni devant personne d’autre d’ailleurs. Je vais me retirer et plus jamais vous n’entendrez la moindre calomnie de ma part.

- Attendez, restez assis. » Il ne lui avait pas fait traverser la ville pour disparaître avant de lui avoir tout dit. Pourquoi lui avait-elle parlé ainsi, aussi ? Réflexe sans doute. Elle n’en avait rien à faire de Synshy et son cœur avait soutenu les mouvements de foule contre l’intrusion de Synshy sur Plume. Savoir que Plume avait survécu la mettait en joie.

« Que voulez-vous Sy Umia ?

- J’ai peur que la réponse ne choque vos prudes oreilles

- Je n’ai pas de temps à perdre. Dites-moi le but du jeu et je vous dirais si je veux entamer la partie avec vous.

- Je veux dénichez ce que le président nous cache au sujet de Plume, je veux dénoncer ses complots, je veux renverser son autorité et mettre quelqu’un à sa place qui soit digne de gouverner avec moralité et justice ».

Dyasella se recula imperceptiblement. Ca dépassait l’entendement.

« Qui êtes-vous Sy Umia ?

- Un simple diplomate d’une petite ville sans importance issue d’une petite noblesse de Vengeance.

- Dans ce cas là vous n’auriez pas de telle prétentions.

- Alors demandez moi qui j’étais.

- Je vous le demande

- J’étais le plus jeune conseiller de Vengeance à siéger au conseil des Maÿcentres. J’ai été promu responsable du projet Archuleta au coté de l’Adarii Glace Taegaïan. A nous deux, nous avions la gestion de toutes les relations avec la Terre et, du jour au lendemain, je suis devenu un simple diplomate d’une petite ville sans importance issue d’une petite noblesse de Vengeance.

- Le président vous a envoyé dans un trou perdu parce que l’Adarii Glace vous accordait sa confiance.

- Et l’Adarii Orage aussi. Oui.

- Et vous voulez vous venger. N’est-ce pas un peu excessif ?

- Je viens de la planète Vengeance. Le statut que j’avais, je le devais à Orage Taegaïan, celui que j’ai maintenant, je le dois au président Synshy. Où pensez-vous que doit aller ma loyauté ?

- C’est de la trahison ce que vous dites là.

- Ici, c’est une démocratie, nous avons le droit de dire ce qu’on pense et nous avons le droit de proposer un autre président si l’actuel ne nous convient pas. Après tout, Synshy ne peut pas m’en vouloir, il est parti en guerre contre les terres Adarii justement pour les sauver de leur régime dictatorial. En tout cas c’est ce qu’il a dit.

- Et vous vous imaginez vous présenter comme président et vous espérez mon soutien sans doute.

- Moi, pas le moins du monde. La démocratie à des limites. Le peuple aime l’idée que n’importe qui puisse atteindre le pouvoir suprême, mais, ce qu’il souhaite au final c’est y voir quelqu’un qu’il admire. C’est pour cela que les présidents sont si souvent issus de la haute noblesse. C’est pour cela aussi que le peuple était contre une guerre envers les Adarii. On ne s’attaque pas aux mythes. Non, je voudrais que vous, vous vous présentiez à la présidence, et vous aurez mon soutien »

Dyasella, s’appuya sur le dossier de son fauteuil le temps de digérer les propos d’Umia. « Vous plaisantez, je n’ai jamais fait dans la politique et je n’ai jamais eu de telles prétentions.

- Alors c’est quoi vos prétentions ? Etre l’épouse du Syhy Eisky ? Non, sa compagne plutôt. »

Dyasella se sentit bouillir de colère. Le président avait raison de s’être séparé de lui. Etre la compagne du conseiller Ryun Eisky, fils de l’ancien président faisait pâlir de jalousie de nombreuses filles. Elle n’avait pas besoin de travailler, elle était issue de la plus haute noblesse de Vengeance. Mais tout ça ne lui suffisait plus, elle avait besoin de plus. Elle avait toujours voulu plus.
« Et qu’est ce qui vous fait dire que j’ai mes chances ? » se surprit-elle à demandé devant les propos grotesques d’Umia.

« D’abord, vous faites partie d’une famille que tout le monde admire, en plus, vous êtes très belle ce qui renforce encore l’admiration.

- Ce n’est pas suffisant, il faut proposer quelque chose qui plaise au peuple et qui soit compétent. On ne peut pas proposer de nouvelles élections juste parce que je suis Syhy Lytil ! Même si on arrive à prouver les complots de Synshy

- Mais vous avez raison, vous devez proposer quelque chose qui plaise. Que pensez vous de la liberté, c’est un joli concept ?

- La liberté pour quoi, pour qui, tout le monde est libre

- Pour Saphir et Plume déjà.

- Qui pourrait voter pour la liberté de Saphir et Plume ?

- Tous les habitants de Saphir et Plume.

- Mais ces planètes ne font même pas partie de la confédération Vengeance-Maÿcentres

- Synshy a dit qu’elles étaient passés sous son contrôle et cela pour les libérer de la dictature. Donc c’est qu’elles ont le droit de vote.

- Vous disiez que Synshy avait menti sur ce sujet ?

- Ca n’a pas d’importance, ce qui est important, c’est qu’il ait dit que Plume et Saphir étaient passées sous sa juridiction. A partir de là, ces planètes ont les mêmes droits que nous.

- Je vois le raisonnement. Mais il ne tient pas. Si les Adarii les dirigent toujours, ils n’accepteront pas de faire voter leur peuple comme si c’était une simple colonie des Maÿcentres.

- Faut voir, ce qu’on leur propose en échange. il s’agirait de les convaincre de les faire voter pour ensuite qu’on leur fiche la paix. Voir on peut leur fournir un peu de carburant pour leur vaisseau. Ils aiment ça. On peut aussi proposer de récupérer leur place au conseil, mais je ne suis pas sur que ça les intéresse, l’ouverture de la Plate -forme vers les Maÿcentres.

- Ca commence à faire beaucoup, et ils ont trop d’orgueil pour accepter. En je ne suis pas sur que le peuple des Maÿcentres et de Vengeance soit près à voir les Adarii revenir.

- Vous plaisantez ? Les conseillers sûrement pas mais le peuple a toujours été fasciné par les Adarii. En plus, je ne pense même pas qu’on ait besoin d’aller jusque là. La seule idée de chasser Synshy de la présidence devrait suffire à les convaincre.

- Je ne suis pas sûre, ils ne pensent pas comme nous. Ils sont capables de colères sans limite mais n’ont aucune rancune. Si vraiment ils ont réussi à chasser les Maÿcentres, ils se souviendront de Synshy de la même façon qu’on se souviendrait d’un petit animal insignifiant qui nous aurait griffé six ans auparavant.

- Petit animal qui pourrait griffer à nouveau. Cependant, je suis d’accord. Ce n’est pas évident. Rien que pour ça, il faudrait savoir ce que trame exactement Synshy, arriver à vaincre les barrages pour accéder à Plume, négocier avec les Adarii. Mais je n’ai jamais dit que ce serait facile.

- Mais ce n’est pas tout, les deux planètes sont peu peuplées, ce ne suffira pas à nous accorder le nombre de voix nécessaires.

- Je pense que sur Vengeance, votre statut devrait vous assurer un bon soutien.

- Juste sur la première province-continent. Et encore.

- Ryun Eïsky peut vous apporter un paquet de voies sur les Maïcentres

- Ryun est prétentieux et arrogant. Jamais il n’acceptera de me soutenir. En plus, il déteste les Adarii, lui il est rancunier. » Dyasella vit une lueur de curiosité dans l’œil d’Umia et elle regretta d’en avoir dit autant. Pourtant il ne fit pas de réflexion ce qui la soulagea

- Ha là, j’admets ç’est embêtant, voilà qui contrarie mes projets.

- Vous pensez qu’il ne pourrait pas juste vous soutenir sans s’impliquer ?

- Ryun et moi, nous sommes séparés. Pas officiellement, bien entendu. Nous n’avons jamais vraiment été un couple uni.

- Voyez vous, si je récapitule, il faut convaincre les Adarii de dénoncer les diffamations de Sinshy et de faire voter leur peuple ; A partir du moment ou ils leur demandent, ils le feront. Les campagnes libres de Cashir seront ravies de nous donner leurs voix. Il ne faut pas négliger les Plate-forme de plissement, personne ne s’en préoccupe de ceux-là, mais ca fait tout de même quelques centaines de milliers de personne. Pas loin d’un million en fait. Même si c’est très peu, ce n’est pas à négliger ainsi que les planètes d’extraction. La aussi on peut ajouter quelques millions de personnes supplémentaires. Il faudra étudier leurs besoins Il faut vous trouver un homme à vos cotés, pour faire plaisir au deuxième satellite. Il faut quelqu’un de costaud, ils admirent la force. »

Dyasella sourit. C’était l’entretien le plus ridicule qu’elle n’avait jamais eu. C’est qu’Umia avait vraiment l’air d’y croire. De son coté elle s’amusait à suivre ses propos extravagant. Ca changeait de son ordinaire ennuyeux
« Vous vous portez volontaire ?

- J’en serais très honoré mais on doit pouvoir trouver quelqu’un de mieux. Après, pour Vengeance et les Maycentres, se serait plus compliqué. Déjà, il faudrait clarifier les choses avec Ryun. Soit il est de votre coté, soit, vous le laisserz tomber officiellement. N’oubliez pas qu’ensuite, il faudra compter au moins un an avant de pouvoir vous présenter au bras d’un autre homme même s’il n’y a rien entre vous. Satisfaire les coutumes du deuxième satellite c’est bien, mais il ne faut pas oublier pour autant de satisfaire celle des Maÿcentres. De toute façon, dénoncer Synshy et approcher les Adarii prendront plus d’un an.

- Si je quitte Ryun, ca fera un scandale terrible.

- Oui.

Umya sourit exagérément. Non, se serait un petit scandale pensa-t-il et les gens n’aiment pas les petits scandales. Ce qu’ils veulent, se sont d’énormes scandales. Dénoncer les complots de Synshy, libèrer officiellement les terres de Plume, dénoncer les coutumes restrictives de Vengeance et avouez publiquement que la Syhy Lytïl avait été la maîtresse d’Orage Taegaïan. Et la, c’est la révolution. Nous n’en étions pas la.




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