dimanche 25 novembre 2007

AP : 1. Vengeance : Chapitre 8


8
"La vengeance, c'est la volupté du paradis"
[André Thérive]


Terre

« Hélène ! » s’exclama Thibault à peine cette dernière avait-elle ouvert la porte. « Tu es splendide, les années ne font que t’embellir ».

Elle n’est pas contente de me voir pensa Thibault. Pourtant il continua sur le même mode

« Ca fait combien de temps qu’on ne s’est pas vu ? Bien dix ans non ou deux ? Enfin, quelle importance le nombre exact, je suis bien d’accord avec toi, ça fait beaucoup trop longtemps » insista-t-il alors qu’il savait pertinemment qu’elle pensait le contraire.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » dit Hélène d’un ton de reproche

« Mike ne t’a pas dit que j’arrivais ? Tu ne me feras pas croire qu’il ne le savait pas. Je ne suis pas du genre cachottier et il m’espionne constament ? Tu me fais entrer » dit-il traversant le hall en direction du salon sans attendre la réponse. « C’est mignon chez vous, coquet dirait-on. Enfin si ça ne tenait qu’à moi, je dirais que c’est un peu simple et quelconque et que je m’attendais à mieux mais je suis trop poli pour le dire, tu me connais.

- Tu n’es pas le bienvenu Thibault.

- J’ai cru le comprendre en effet

- Mike m’a dit que tu travaillais pour les Maÿcentres » dit Hélène tout en tapant sur les touches de son téléphone portable.

« Ca m’étonnerait, il me connaît trop bien pour dire ce genre de chose. Non, je travaille pour moi évidemment. Mais, il se trouve que pour l’instant, le fait que ces lourdauds aient débarqué sur Terre peut être un centre d’intérêt non négligeable.

- Pour obtenir des informations ? »

Il allait répondre mais elle lui fit signe de se taire. Allo Mike »

Thibault attendit qu’elle finisse de parler avec son mari en scrutant le décor. Trop simple et classique pour Hélène pensa-t-il

« Je t’attends » finit-elle par dire avant de raccrocher.

« Tant d’amour entre vous et encore obligé de se servir de ce genre d’interface dit-il » en montrant le combiné. « Tu me fais pitié tiens. J’aurais pu te dire qu’il arrivait. Il a essayé de te joindre dès qu’il a su que je venais et n’ayant réussi il s’est précipité dans sa voiture pour sauver sa belle. Mais en pleine heure de pointe, le sauvetage est moins romantique et le prince charmant se contente de fulminer dans les embouteillages. Tu m’offres un verre et je te parle de l’univers ou tu me mets dehors ? A moins que tu n’aies d’autres idées belle Hélène » dit-il déshabillant ses formes harmonieuses du regard.

"Si tu me touches t’es mort.

- Défi intéressant et je serais curieux de voir comment tu t’y prendrais, mais malheureusement, tu es trop vieille pour moi. Au delà de trente ans, une femme n’est plus bonne à rien.

- Tes perversions ne m’intéressent pas ».

Non, ça ne l’intéressait pas. Mais Thibault remarqua qu’elle était passée dans la cuisine et qu’elle avait sorti quelques verres et bouteilles.

« Juste un soda pour moi. Je suis quelqu’un de sain » ajouta Thibault en s’étalant dans le canapé tandis qu’Hélène lui apportait son verre. Il tendit le bras vers la petite table pour attraper un cadre photo mais Hélène le lui arracha des mains.

« Ce que tu peux être agressive Hélène. C’est ton fils ?

- Tu n’es pas là pour parler de ma famille.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as peur que si je le vois, il me prenne l’idée de faire la sortie des collèges pour le traîner dans je ne sais quoi ? »

Hélène frissonna à cette idée.

« Putain, t’es paranoïaque

- Bien sur, et toi tu ne bois pas d’alcool parce que tu aspires à une vie saine ou tu crains de relacher tes petites protections contre mon mari.

- Un peu des deux.

- Vous devriez vous lacher tous les deux. Vous macérez dans une relation sordide qui ne vous satisfait ni l’un ni l’autre. Eloignez-vous l’un de l’autre et à force votre lien finira par s’étioler voir disparaître. C’est possible, je le sais.

- Hélène recyclée en spécialiste en psychologie et en télépathie, décidemment tu es extraordinaire, ta polyvalence n’a aucune limite mais je préférais tes petites perversions sur la génétique du clonage. Suis-je bête, il parait que tu fais dans la morale maintenant. Enfin, Connais-tu l’adage qui dit : mieux vaut être seul que mal accompagné ? »

Hélène acquiessa et Thibault continua : « c’est totalement faux. Rien n’est pire que la solitude et ça tu ne peux pas le comprendre.

- A vous voir vous démolir tous les deux, je ne suis pas certaine d’avoir envie de le comprendre.

- Tu as raison, prends de l’héroïne plutôt, tu t’en sortiras plus facilement.

- Dis-moi plutôt ce que tu as à me dire, car je n’imagine pas que tu te sois déplacé pour voir Mike.

- En effet. Ca fait deux ans que je bosse avec les Maÿcentres. Ces gens-là sont de gros nazes. Du temps du président Eysky et d’Archuleta, ils avaient mis en route un plan de développement pas mal du tout, mais le nouveau président a tout foutu en l’air. De toute façon, la Terre, il s’en fout. Résultat, il est arrivé tel le Dieu tombé du ciel sur Terre. Tout pleins de promesses pour ensuite se cloisonner à discuter uniquement avec certains gouvernements pour lesquels il a une oreille plus que disraite. A coté de cela, ils font de beaux discours auprès des médias histoire de faire rêver les gens de temps en temps mais au fond, ils s’enlisent et ils stagnent. Je suis arrivé à trouver une place de choix. Sorte de spécialiste en tout. Ca te plairait. J’ai même été promu conseiller. Enfin sur Terre. Il va de soi que je n’ai pas été invité à voir ce qu’ils cachaient plus loin. Il n’y a que papa Gentry pour avoir ce genre d’opportunité.

- Et que cherches-tu en faisant cela ?

- A m’enrichir déjà. Sur ce point, ça ne marche pas mal. Ensuite à apprendre ce qu’ils manigancent sur les autres mondes. C’est bien joli leurs boniments, sur la grandeur des Maÿcentres et de la planètes Vengeance, mais c’est un peu restrictif.

- Viens en au fait, qu’as-tu découvert ?

- D’abord un pilote d’une petite navette sans grand intérêt. Quand je l’ai croisé, il se disputait sur la plate-forme de l’astroport. Il voulait sortir, mais évidemment, ils ne laissent pas n’importe qui entrer sur Terre. Ca m’a interpellé, car il s’appelait Miroir, c’est pas un nom des Maÿcentres ni de Vengeance ça. Nous sommes arrivés à une sorte de compromis dans lequel il me donnait des informations et en échange, je le faisais sortir sur Terre.

- Je suis au courant. C’était un des pilotes des Taegaïan, s’il voulait sortir c’était pour prendre contact avec Mike mais c’est son père Jack qu’il a trouvé en premier. Il voulait savoir si on avait des informations sur la situation et prévenir que quelqu’un du nom d’Umia farfouillait un peu trop dans leurs affaires. Tu es venu pour me bassiner avec des éléments qui datent de plusieurs mois ?

- Donc, tu es au courant que Synshy s’est rendu Maître des territoires Adarii ?

- Miroir n’a pas été si catégorique. Il a juste dit que l’accès était bloqué. Et je le savais avant que Miroir ne vienne en parler à mon beau-père, Mike l’a lu dans tes pensées. »

Thibault parut très contrarié. « C’est pas bon tout ça. La surprise, les émotions fortes, ca casse mes protections. Pas moyen d’avoir des petits secrets tranquilles.

- Je vais te plaindre tiens.

- Tu devrais oui. De toute façon, je ne suis pas venu pour ça, même si j’espérais en faire un scoop. J’ai découvert aussi bien plus récemment toute une cargaison d’armes de destruction massives, en particulier missiles sol-air qui devaient partir discrètement tiens-toi bien, non pas pour les Maÿcentres, mais pour la plate-forme de plissement de l’espace de Saphir-Plume.

- De nombreuses planètes sont exploitées à partir de cette plate-forme, en particulier pour le Mertyl qu’ils transforment en énergie pour leur vaisseau. Ce peut être pour leurs exploitations souterraines.

- Hélène » dit Thibault avec un air de pitié profonde, « C’est le fait de croupir dans une maison paumée au milieu des garrigues qui fait moisir ta cervelle au point de sortir de telles inepties. Je te parle de missiles, pas de dynamites ni d’explosifs quelconque. Ne trouves-tu pas bizarre qu’ici, ils ne se vantent pas de la grandeur des Maÿcentres et de Vengeance en incluant aussi dans leurs colonies Saphir et Plume. A les entendre, ces planètes n’existent tout simplement pas. Et d'après Miroir, les échanges avec Plume et Saphir sont réduits au minimum, pire que sur Terre. Même lui, pourtant originaire de là-bas n’a pas réussi à avoir l’autorisation d’approcher sa propre planète. C’est louche tout de même.

- Tu penses que les Maÿcentres n’auraient pas réussi à prendre Plume ? Ca me paraît difficile à croire.

- Les Adarii sont puissants et raffolent de garder toutes sortes de petits secrets.

- Tu as travaillé avec eux, tu sais ce qu’ils avaient découvert.

- Pas tout, je me suis contenté de leur sortir tout ce que j’avais appris comme un bon petit employé obéissant et ensuite, ils m’ont largué juste au moment ou on allait peut-être en savoir d’avantage.

- Et tu es encore furieux après toutes ses années. Tu as la rancune tenace.

- Les Terriens sont rancuniers, c’est bien connu.

- Passons, qu’as tu fait de leur cargaison d’arme ?

- Je les ai dénoncé, le réseau a été démantelé et j’ai été remercié avec une promotion, et surtout, un travail dans un bureau à l’écart, loin des transports de marchandises. De là à dire que c’était pour que j’évite de fourrer mon nez partout, il n’y a qu’un pas. Comme tu vois Hélène, je ne suis pas si rancunier, j’aurais pu les laisser exploser. »

Thibault ne dit pas la suite à voix haute mais pensait que si un jour Plume devait partir en fumée, ce serait de sa main et pas de celle des Maÿcentres.

« Quelle gentillesse ! dit Mike en entrant dans la pièce. »

Thibault n’arriva pas à cerner si cette exclamation était en réponse à ce qu’il avait dit ou à ses pensées. Il laissa ce détail de coté et reprit comme si Mike n’était pas dans la pièce.

« Hélène, ne me dit pas que tu n’es pas curieuse de savoir ce qu’ils trafiquent là-bas ?

- En quoi ma curiosité aurait-elle un rôle dans cette histoire ?

- Je veux savoir ce qu’il se passe.

- He bien demmerde toi.

- Ce que tu peux être vulgaire. Tu me choques tien. Allez, sans rire Hélène, tu es la plus forte, tu as des dons d’empathie presque aussi extraordinaires que les Adarii. Tu arrives à cerner toutes les conneries qu’on peut te raconter.

- Tu me flattes, mais je ne suis pas aussi douée que tu le dis, je ne peux pas percevoir tes conneries.

- S’il te plait Hélène, avec les capacités de persuasion de Mike et tes dons empathiques on pourrait berner cette bande d’abrutit d’un claquement de doigt.

- Fiche-nous la paix Thibault. On s’est fait notre petite vie tranquille ici. On ne veut pas être mêlé à quoi que se soit. Tu peux dénigrer notre façon de vivre, mais nous sommes fiers de ce qu’on a batti ici.

- Mike, tu vas me faire pleurer avec tes concepts d’honnêteté à outrance. Il fut un temps ou ta conscience te chatouillait moins et pareil pour toi Hélène.

- Justement » reprit hélène. « Ce temps est révolu.

- Tu laisserais les Maÿcentres s’emparer de Plume ?

- Parce que tu crois qu’ils ont besoin de toi pour se défendre ? Prétentieux non » dit Mike.

« Demandes à Emma, l’empathie n’est pas son fort mais elle sait lire les pensées.

- Dis pas n’importe quoi Hélène, non seulement Emma est imprévisible dans sa folie mais surtout, elle est encore plus coincé par ses concepts d’honnêtetés que vous, à croire que c’est une maladie contagieuse.

- Tu as raison Thibault. Tu devrais filer, tu risques de l’attraper.

- Très drôle. » Dit Thibault en prenant un chewing gum avant d’en proposer aux deux Gentry qui refusèrent. « Je pense que mon cerveau génial a compris le message, je m’en vais. Tu diras bonjour à ton môme de ma part. Il faudra que tu m’invites un jour que je fasse sa connaissance. » Il se dirigea vers la porte mais au dernier moment fit demi-tour. « Promets-moi d’y réfléchir Hélène. Ne le fais pas pour moi, puisque je ne suis que de la merde à tes yeux. Pense à ce qu’aurait voulu Espoir. »
Thibault sortit et descendit tranquillement les marches du perron. Il était perplexe. Evidemment, il imaginait mal qu’Hélène lui tombe dans les bras. En fait son accueil ne l’étonnait pas. Au final il pensait ne s’en être pas trop mal tiré. Vers la fin sa curiosité commençait à la titiller plus qu’elle ne voulait l’admettre. De toute façon, sans elle, il n’arriverait à rien. Il avait tenté de joindre Emma, elle lui avait gueulé dessus avant même qu’il puisse placer deux mots. Elle était complètement folle celle-là. Espoir l’avait déjà bien entamée et sa fille n’avait pas arrangé les choses. Catégorie peste, on ne trouvait pas pire que Pluie. Il était bien placé pour le savoir. Quoique si, il la mettait en deuxième position.

« Vous ne pouvez pas faire attention ? »

Perdu dans ses pensées, il avait presque buté sur un jeune garçon qui ôtait les roues de ses rollers avant de pénétrer dans l’allée de graviers des Gentry.

Thibault porta les yeux sur le gosse qui avait presque sa taille et passa son chewing-gum de l’autre coté de la bouche avant de recommencer à mâchonner.

« T’es le fils Gentry ?

- Ca vous regarde ? » Dit LG levant les yeux vers lui.

Thibault resta un moment incrédule devant l’adolescent qui lui faisait face. C’était un beau gosse, il fallait l’avouer. C’est sur Hélène était bonne et Mike… Thibault voulait bien être pendu si on trouvait le moindre gène de Mike là-dedans.

« Ho putain merde, bien sur que non, t’es pas le fils Gentry » s’exclama-t-il, « Je t’en donnerais moi de l’honnêteté. Comment as-tu pu me cacher ça ? Il n’avait pas parlé à voix haute mais ne douta pas un instant que Mike l’entendrait. D’ailleurs, la réponse ne se fit pas attendre comme propulsée dans ses pensées

- Si tu touches à mon fils, je te casse la gueule

- Faudrait d’abord que tu fasses un fils avant que je puisse le toucher.

Pour unique réponse, la porte d’entrée s’ouvrit à la volée sur Mike plus furieux que jamais. Il dévala les marches du perron, traversa l’allée de gravier avant d’attraper Thibault par son tee shirt portant l’inscription « Moi d’abord » écrit en grosse lettre blanche sur fond noir.

« Toi, tu fermes ta gueule. »

Mike devrait arrêter de passer sa vie dans les salles de sport. Il devenait dangereux. « Calme-toi, on est entre gens civilisés. Quel exemple devant ton fils » ajouta-t-il ne pouvant s’empêcher d’ajouter une pointe d’ironie dans ses propos. « Tu me présentes ?

Mike se décida à lâcher Thibault voyant son fils les yeux agrandi de surprise.
« Thibault, je te présente MON fils. Mon fils, je te présente une raclure que tu n’as pas intérêt à côtoyer.

- Il n’a pas un petit nom ? » Thibault n’en ajouta pas plus à voix haute mes envoya à Mike mentalement. Soleil ? Averse ? Neige ? Sécheresse ? Cumulus ?

- Ce n’est pas ce que tu crois

- Si c’est exactement ce que je pense

- Il n’a pas hérité des pouvoirs de son espèce

- Il a quel age ?

- Ne t’approche jamais de lui sinon

- Sinon quoi ?

- Je te casse la gueule.

- Ne me rate pas alors sinon je te colle un procès au cul et une fois en prison, j’aurais tout le loisir de consoler ton rejeton.

Thibault lissa son tee shirt sans plus prêter attention aux poings de Mike qui se crispaient de plus en plus. Il fit demi-tour et s’éloigna avec un petit signe de la main sans pour autant rompre le contact.

- On ne va peux-être pas continuer à se lorgner tel deux amoureux. Ton fiston va commencer à avoir des doutes. Surtout s’il est capable d’en faire autant.

- Il n’ait pas capable d’en faire autant.

- Tu as raison Mike continua Thibault en passant le coin de la rue. Il doit sans doute en faire bien plus.

Thibault s’éloigna de Mike mentalement, sa colère commençait à lui faire mal à la tête et il avait du mal à garder toutes les réflexions qui se bousculaient dans sa tête. Tout s’expliquait maintenant, Hélène et Mike étaient venus dans ce coin paumé pour préserver leur petit secret. Jamais il n’avait envisagé cette possibilité, pourtant, c’était tellement évident. Espoir était un homme à femme, voyant la réussite de Pluie, il ne faisait aucun doute qu’il aurait retenté le coup, il était obsédé par les gosses. En plus Hélène était canon. Quand il avait fait sa connaissance c’était une vraie salope. Maintenant, elle avait l’air d’une petite bourgeoise. Petite bourgeoise qui fait sa gentille et sa prude après avoir enfanter une véritable bombe nucléaire. Et Mike qui voulait lui faire croire qu’il était inoffensif. Mon cul oui. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il l’avait regardé en le fixant de ses yeux trop bleus. Pluie faisait toujours ça pour intimider les gens. Bien sur avec lui ça ne marchait pas ce qui mettait dans une rage folle l’égo démesuré de sa petite personne. Hé voilà qu’il venait de buter sur son petit frère. Si ça se trouve Espoir devait en cacher tout pleins d’autres. Comment Mike avait-il pu cacher ça ?
Bon, qu’est-ce qu’il ferait de ce gosse ?

N’y touche pas

Thibault frémit à l’idée que Mike ait pu suivre ses réflexions puis se reprit, il se protégeait bien. C’était juste le souvenir des mots de Mike.

Déjà, il pouvait mettre tous ses plans de cotés, jamais Hélène n’accepterait de l’aider pour quoi que ce soit et maintenant, il savait pourquoi. De toute façon, pourquoi se contenter de quelques miettes alors qu’il pouvait avoir le festin. Il pourrait le vendre aux Maÿcentres. Ils seraient prêts à payer n’importe quoi pour un otage pareil. Mais ce serait comme vendre la poule aux œufs d’or. Non, il fallait le chouchouter au contraire pour qu’il ponde pour lui. Il se mit à rire tout seul au milieu de la rue de sa propre métaphore. Le frère de Pluie sous son contrôle n’était-ce pas là une belle vengeance. Il avait été le disciple du père, il serait le Maître du fils.
En chantonnant il sortit son téléphone portable et lança un numéro. Messagerie évidemment. Le jour où ils répondront au téléphone ceux-là. Il attendit le bip avant de parler : « Nana, dis au vieux fou timbré que j’ai une news du tonerre mais qu’il est trop pénible pour que je passe ma vie à lui faire des comptes rendu de ma vie par enregistreur interposé alors il n’a qu’à se faire brancher le téléphone car j’ai passé l’age de me taper la montée de son nid d’aigle. » Il raccrocha.
Il faisait beau, c’était l’été, la brise lui amenait le parfum des fleurs venant des jardins de ce petit quartier tranquille. Il huma ces fragrances agréables et se remit à marcher, il trouverait un taxi un peu plus loin. Il fallait profiter de cette belle journée. La vie était décidément pleine de merveilleuses surprises.

Maïcentres

"J’ai eu un entretien pour le moins étrange avec Luico aujourd’hui. Etrange autant par ses circonstances que par son contenu. Déjà, c’est Cannelle qui est venu jusque chez moi et ce n’est pas courant. Vu son infirmité à la jambe, traverser la ville ne doit pas être une mince affaire.

« Y a quelqu’un chez moi que veut te parler ». M’a-t-il dit

« Qui ?

- Pourquoi les gars d’ici sont-ils toujours obligés de poser des questions inutiles, c’est vraiment désagréable. Tu crois vraiment que je serais venu jusqu’ici si ce n’était pas important ? »

Réponse typique des ressortissants de Plume. Ils ont tendance à considérer certaines questions comme des insultes mais on ne sait jamais lesquels.

« D’accord, j’arrive ».

Il a fait demi-tour « Prends ton temps » et s’est éloigné. « Je ne tiens pas spécialement à traverser la ville avec toi. Je veux pas qu’on pense que j’ai de mauvaises fréquentations. En plus j’ai à faire ».

J’ai poussé la porte de chez Cannelle et je suis descendu dans la salle de réunions. Je ne m’attendais pas à trouver Luico si bien que je ne l’ai pas reconnu directement malgré sa stature impressionnante.

« Etes-vous allé voir la Syhy Dyasella Lytil ? »

Vu comme il est conscis, j’imagine mal que vous puissiez vous en servir pour vos petit travaux d’espionnage. Ses rapports seraient trop brefs à votre goût. J’ai répondu que j’étais allé à la réception, que j’avais vu la Syhy Lytil et son compagnon Syhy Eisky. Il y a quelques années j’avais nourri pas mal d’ambition à son sujet. Jeune, beau garçon, bonne famille, fils de l’ancien président si apprécié. Je pensais qu’il serait voué à une belle carrière. Mais il n’a pas la carrure de son père. En fait tout le problème est là. Il n’est pas mal, mais on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le père, et ce n’est pas flatteur pour lui. J’en ai parlé à Luico mais ca n’a pas paru l’interesser.

« Vous me décevez Umia. Je vous parle de Dyasella Lytil et vous me répondez en parlant de Ryun Eisky.

- Dyasella est une très jolie fille, très bonne famille, mais je n’ai pas eu l’impression qu’elle s’intéressait à la politique.

- Elle a peut-être besoin qu’on la pousse un peu.

- Pourquoi m’avoir envoyé voir cette fille ?

- Cannelle m’a posé une question de votre part. Il m’a dit que vous aviez besoin d’un allié haut placé pour reprendre contact avec les territoires de Plume. Elle est haut placée.

- Et est-elle alliée ?

- J’espérais que votre petite soirée ait pu permettre de trancher cela.

- Vous pensez qu’il suffit d’entrer dans ce genre de soirée et de dire bonjour Syhy, que pensez-vous de la planète Plume ? Je pensais me servir d’eux pour un coup d’état, pourriez-vous m’aider.

- Je vous imaginais plus subtil.

- Pourquoi la Syhy Lytil ?

- N’avez-vous jamais entendu parler d’un scandale lors d’une réception à l’ambassade de Plume. Vous étiez sur Terre à l’époque. C’était peu avant l’assassinat du président Eysky.

- Non, mais je sens que ça va me plaire.

- Je suis étonné qu’un chasseur de commérage tel que vous n’en ait pas eu vent. J’aurais cru qu’au seul nom de Dyasella vous auriez fait le rapprochement. Cela dit, le président a tout fait pour étouffer l’affaire et sa disparition peu après a dévié les conversations. C’était une réception grandiose, comme vous pouvez l’imaginer. Jusqu’au moment où le jeune Ryun Eysky a fait un scandale insinuant que le fier Orage Taegaïan avait déshonoré sa fiancée, la jeune Dyasella Lytil. On n’imagine pas comment trois gosses peuvent arriver à faire un tel bordel. Mais comme on dit chez nous, une fille, deux garçons, c’est un de trop. Le président était si furieux qu’il a mis fin à la soirée. Ensuite, le lendemain, il s’est excusé platement de son emportement. Il a réprouvé ouvertement la conduite de son fils qui aurait, de part ses dires, fait une histoire d’un coup d’œil un peu trop insisté du bel Orage".

Vu la façon dont Luico avait dit cela, il n’y croyait pas et je lui en fis la remarque.

"Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas à un simple garde de se poser ce genre de question. Pourtant, moi aussi, je pourrais soulever quelques détails troublants. Pourquoi par exemple le jeune couple n’a-t-il pas scellé comme prévu une alliance dans les traditions de Vengeance se contentant d’un concubinage ? J’ai cru comprendre. Que les deux amoureux n’auraient su résister à la tentation juqu’à l’union. Il faut être vierge pour y avoir droit. Mais vous le savez, vous venez de là-bas. Ce qui voudrait dire que Ryun était prêt à défier Orage pour l’honneur de sa fiancée pour ensuite la culbuter dans un coin. Pas crédible

- Jusqu’où est allée la confrontation ?

- Une confrontation avec les Adarii ne va jamais très loin. Il a fait deux pas, Tempête l’a hypnotisé ou je sais pas quoi. Ensuite c’est la jeune Pluie qui l’a frappé.

- Frappé dite- vous ?

- Oui, une bonne gifle du plus mauvais effet dans le coin mais à mon avis bien mérité. C’est à cause de cela que le président l’a chassée et Dyasella a pris le parti d’Orage contre son fiancé. Alors, comment le stratège analyse ça ? »

Je me suis trouvé assez dépourvu je dois dire « En toute autre occasion, je n’hésiterais pas à penser que la petite avait une liaison. Mais pas avec Orage, c’est trop.

- Le risque éveille des désirs chez certaines femmes. Surtout quand le risque a le physique d‘Orage.

- Justement, n’avait-il pas déjà une compagne ?

- Il en avait pleins. Orage adorait les femmes. Je sais qu’il était l’amant de Pluie et celui de Tempête aussi. En tout cas je le suppose. Il n’était pas toujours de la plus grande discrétion avec elles.

- Je croyais qu’Orage et Pluie étaient de la même famille ?

- Du même lieu, oui. Mais il y a plusieurs familles Adarii à Taegaïan. A la base, Taegaïan n’est pas un nom, juste une appartenance à un territoire. Cannelle aussi est d’une famille de Taegaïan. Du peuple de Taegaïan mais il a autant le droit de revendiquer ce nom que Orage ou Pluie.

- Bref, ses subtiltés n’ont que peu d’importance pour l’instant. S’il avait une liaison avec Dyasella et avec Pluie. Ca n’avait aucun sens que Pluie frappe Ryun. Elle aurait plutot dû en vouloir à Orage ou à Dyasella.

- Vous raisonnez encore comme les gens d’ici. Elle devait juste en vouloir à Ryun d’avoir gâché la soirée, ou peut-être de poser des problèmes à son amant. N’oubliez pas que, pour les gens de Plume, ca ne pose aucun problème que leur amant aient des relations avec plusieurs personnes.

- Non, je veux bien croire qu’elle puisse prendre le parti d’Orage par fascination pour lui, voire qu’il l’ait forcé à prendre son parti mais une relation entre un Adarii et une fille de Vengeance, Syhy en plus. Impossible. Ce serait suggérer qu’elle lui offre et son corps et son esprit.

- Et ca n’en vaudrait pas le coup ?

- Luico, qu’est-ce que vous voulez insinuer par là ? C’est pervers !

- Arrétez avec votre morale, vous feriez bien de vous lacher un peu et vous comprendriez pas mal de chose. En tout cas, les filles de chez moi seraient sans doute prête à un tel sacrifice et ma compagne en premier.

- Je croyais que votre jolie compagne était restée avec vous par amour malgré votre disgrâce » J’ai mis trop d’ironie dans mes propos. Je venais d’avoir la confirmation que Luico était autre chose que le simple garde qu’il voulait faire croire. Si sa compagne restait avec lui c’est que sa fonction devait être plus importancte. Sans doute espionnait-il pour le compte du deuxième satellite.

« C’est Plume qui vous interesse ou ma vie privée ?

- Excusez-moi, continuez.

- Je vous ferais parvenir une autre invitation afin que vous puissiez l’approcher d’avantage »

Voila l’entretien tel qu’il s’est déroulé. Pour une fois, je vous laisse tirer les conclusions par vous-même car moi, je suis totalement dépassé. Luico insinue que Dyasella pourrait avoir eu une liaison avec Orage mais ça me paraît tout à fait impossible. Du peu que j’ai pu remarquer, elle m’a paru être une fille saine, vertueuse et équilibrée



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