dimanche 25 novembre 2007

AP : 1. Vengeance : Chapitre 6

6
"Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme"
[Friedrich Nietzsche]
Par-delà le Bien et le Mal

Terre

Mike s’inquiétait encore. Il avait été rassuré quand sa femme lui avait dit que son père reviendrait. Et en effet, elle avait raison, comme toujours. Le reste de son séjour s’était bien passé. En évitant cependant de s’attarder sur certains sujets à risque. Depuis son départ, ils s’étaient téléphonés plusieurs fois. Toujours pour évoquer des banalités. Et puis voilà qu’au milieu de la discussion, Mike s’était détendu et en était venu à parler de LG. « Il grandit » avait-il dit, « il commence à regarder les filles.

- A ta place, ce genre de détails serait le dernier de mes soucis, Il sera bientôt en age de faire pire. Mais je suppose que tu t’es enfin décidé à lui parler ? »

Mike avait prétexté un appel urgent sur son portable pour raccrocher. Il n'était pas lâche en général. Sauf avec son père. Surtout quand ce dernier avait raison. D’ailleurs, il avait fait une remarque similaire à sa femme quelques jours plus tôt. Hélène avait été furieuse, elle avait dit que c’était hors de question de tout lui révéler, qu’elle avait déjà du mal à vivre avec un tel secret et qu’il ne fallait pour rien au monde lui infliger ça. « Après tout, ce n’est que mon fils. » avait-elle conclu.
Mike lui avait fait remarquer que ce n’était pas le premier du genre et qu’il fallait se méfier de lui. Elle avait fini par admettre qu’il fallait au moins le mettre en garde.

Maïcentres

J’ai aperçu Luico la semaine dernière. Je l’ai croisé à la salle commune où j’ai l’habitude de manger. Je l’ai interpellé. Il a paru surpris de me voir mais pas agréablement. Il s’est arrêté et a fait demi-tour presque à contre cœur. Sur le moment je n’ai pas relevé ce fait. Pourtant, j’aurai dû. Sachant que Luico paraissait toujours dépourvu de la moindre émotion, il n’était pas logique qu’il soit surpris pour si peu. Je lui ai désigné un sofa en lui proposant de s’asseoir mais il a refusé prétextant le manque de temps.
Sur le moment j’ai pensé qu’il n’en avait plutôt pas envie mais il s’est mis à me parler. Beaucoup trop pour quelqu’un qui à l’habitude de peser le moindre mot avant d’ouvrir la bouche.
« Mauvaise journée, Trop à faire. Et le conseiller Myani n’a pas cessé de se plaindre parce qu’il avait perdu son invitation à la représentation des Alléguas. Il m’a fait perdre la moitié de la journée à fouiller tout le complexe sans succès à cause de son étourderie. En plus, il ne me fera pas croire qu’il s’intéresse à une conférence. Il y va juste pour avoir l’occasion de côtoyer le beau monde. Surtout le jeune Eïsky. Il y en a qui espèrent beaucoup de lui. Certains le voient bien remplaçant le président mais ça ne marchera pas. Il n’a pas le charisme de son père et on ne peut s’empêcher de faire la comparaison. Par contre sa compagne est charmante. Bien plus intéressante que ces conférences soi-disant évolutives»
Il a bu d’un trait le verre que je lui avais tendu, l’a reposé et il est parti sans même me laisser le temps de dire le moindre mot. Je l’ai suivi des yeux, perplexe. Ensuite, j’ai vu une petite carte en aluminium oubliée sur la table sous le verre. Je l’ai pris et me suis apprêté à rappeler Luico mais, presque malgré moi, mes yeux se sont posés sur le texte gravé dessus. Conférence Alléguas, amphithéâtre Allégresse.

Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que ce devait être l’invitation du conseiller Myani. Luico n’en aurait jamais obtenu pour lui et encore moins pour moi. Les invités de ce genre de soirée sont sélectionnés avec le plus grand soin. Les Alléguas sont des philosophes réputés. Cela dit, je n’ai pas saisi pourquoi Luico tient à ce que je participe à cette soirée. Il m’a parlé du Syhy Ryun Eïsky mais pour me dire qu’il était peu intéressant, du conseiller Myani mais qui n’y serait pas vu que je tenais son invitation dans les mains. De la compagne de Ryun. Je ne la connaissais pas, aussi, j’ai commencé par me renseigner à son sujet. C’est la fille de la Syhy Lytyl, la famille régnante de la première province continent de Vengeance et de l’ambassadeur Paktyl. Le fait qu’on appelle la famille Lytyl la famille régnante alors qu’officiellement, la seule autorité légitime sur Vengeance comme sur les Maÿcentre est celle du Président Synshy dénote bien la valeur symbolique de cette famille. De toute façon, Vengeance s’est toujours désintéressée de l’autorité des Maÿcentres, envoyant des ambassadeurs venir faire des courbettes ici pour ensuite se moquer du conseil sur leur terre natale.
Je reconnais là tout le génie de l’ancien président. Avoir uni son fils à cette jeune fille était un coup de maître pour réaffirmer son autorité. Dommage qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour en profiter. Cela dit, je n’ai pas plus saisi pourquoi Luico tenait à ce que je me rende à cette soirée car je n’imagine pas que ce soit pour profiter du spectacle. J’y suis donc allé sans savoir à quoi m’attendre. C’est une situation très inconfortable pour moi. J’aime préparer mes coups à l’avance et là, j’avançais dans la plus totale obscurité.

Au moment où je dicte ses mots, Je viens de quitter la conférence des Allégas. Le spectacle en soi n’avait aucun intérêt. De toute façon, la plupart des invités ne venaient pas pour cela mais pour se montrer. Il faut avouer que moi aussi j’ai apprécié me retrouver dans ses sphères élevées où se côtoient le meilleur monde des Maÿcentres et de Vengeance. Ca me donne un avant gout de mon futur quand j'aurais réussi à exterminer la président. Si je n’avais pas perdu quatre ans sur Terre pour rien, j’aurais pu au moins profiter de ces réceptions. J’ai longuement hésité sur l’attitude à adopter. J’ai pensé opter pour la discrétion en passant une tunique de cérémonie simple un peu usée par le temps même si je l’avais peu utilisé. Ensuite, j’ai pensé que je ne passerais pas inaperçu ainsi. Depuis quelques années, la mode de la haute société porte vers la sophistication et je ne voulais pas passer par le moins que rien que je suis. J’ai pensé à une autre tactique. Si je ne pouvais me fondre dans la masse, je la dépasserais. Peut-être était ce aussi par fierté, une façon de dire : vous m’avez rejeté, mais je suis toujours là. J’ai drapé au dessus de ma tunique une pièce de soie récupérée dans les quartiers de Glace. En effet, je me suis fait remarquer. Peut-être est-ce même grâce à cela que j’ai pu approcher la compagne de Ryun Eïsky. Je ne suis pas sur que ce soit elle que Luico voulait que je rencontre mais après avoir longuement réfléchi aux quelques mots de Luico, je n’ai pas vu d’autres possibilités. La Syhy Lytïl est une très belle femme. Très jeune. 23 ans. De même que son compagnon. Elle me paraît un peu jeune pour s’impliquer dans quoi que ce soit. Très bonne éduction. Rien d’étonnant venant de la haute noblesse de la famille Lytyl qui règne bien plus sur la première province continent de Vengeance que le président Synshy dont l’autorité s’étiole avec la distance séparant Vengeance des Maÿcentres. J’ai discuté un moment tentant de cerner son rôle sans arriver à déterminer pourquoi Luico m’avait parlé d’elle. Les hommes du deuxième satellite portaient beaucoup d’attention à la beauté des femmes mais, j’imagine bien que Luico avait d’autres motifs pour me pousser à m’intéresser à cette fille. »
Sy Umia arrêta son enregistrement et activa un champ protecteur pour se protéger de la fraîcheur de la nuit. Ces programmes étaient peu efficaces mais suffisant pour les nuits d’été. Il devait être tard. Les nuits étaient courtes en cette saison. Il fit quelques pas dans le jardin désert appréciant le calme reposant du plateau et la douceur du printemps. Il fut un temps où il habitait dans ce quartier huppé mais c’était il y a longtemps. Il prit une grande inspiration pour s’enivrer du parfum des fleurs mais n’eut pas le temps d’expirer, une main se plaqua sur sa bouche tandis qu’une autre le tirait par le bras

Terre

« Prends ce que tu veux » dit LG à son ami David qui furetait avec intérêt dans la pile de jeu vidéo. Tout en lui disant cela, il ne quitta pas pour autant l’écran des yeux tandis qu’un gigantesque monstre explosait tel un ballon de baudruche trop gonflé. « Yes » s’exclama LG

« C’est nul" reprit David. "Depuis qu’on sait à quoi ressemblent les extraterrestres, ce genre de jeu me paraît démodé.

- Raisonnement simpliste, l’univers connu est minuscule. Une tête d’épingle dans une seule galaxie. Tu imagines qu’on connaît toutes les formes de vie uniquement parce que nous avons des semblants de contacts avec une autre civilisation ?

He merde. » Ajouta-t-il tandis que la silhouette le représentant dans le jeu s’écroulait dans une mare de sang.

« A ce sujet, tu ne connais pas la nouvelle. Il paraîtrait que l’école voudrait former des professeurs pour nous apprendre la culture des Maÿcentres, leur langue aussi et puis des bases d’économie, de politiques, des choses comme ça. L’idée c’est que si les contacts se développent avec eux, nous soyons dans les premiers à être opérationnel pour bosser avec eux. Ce n’est pas idiot. Après tout, même dans les établissements spécialisés pour surdoués, le nôtre est dans les mieux cotés. »
Il avait dit cela avec une fierté extravagante. LG était blasé à ce sujet. Sa mère avait fait ses études dans la même école que lui et il ne pouvait pas dire qu’elle avait réussi. Bien sur, elle était ingénieur en biologie moléculaire mais dans un labo miteux et ce ne sont pas ses travaux qui révolutionneraient le monde. Quant à cette histoire d’enseignement. D’ici à ce qu’ils arrivent à former des professeurs, il aurait quitté l’école depuis longtemps. Et bosser pour les Maÿcentres ? Pourquoi pas au fond, ça aurait quelque chose d’excitant, mais pour l’instant, l’important serait surtout de passer le niveau supérieur de ce jeu qui lui résistait. Il arracha une photo des mains de David. Mais c’était trop tard, il était déjà en train de se moquer de lui. Il aurait dû la jeter celle-la.

« Allez, montre » dit David.

LG le repoussa. Un léger malaise s’empara de lui. Il est moins impressionnant en photo, surtout sur celle-là. Il avait pensé cela, sans que ca vienne de lui. C’était une sensation bizarre, pas normale. Il lâcha son copain et tout redevint normal. LG secoua la tête comme pour se remettre les idées en place. Il devrait peut-être arrêter de jouer autant, ça ne lui réussissait pas.

« Hein !! » dit LG qui avait perdu le fil de la conversation.

« Tu as l’air presque normal sur cette photo. Tu n’as pas ton regard bizarre que tu utilises pour foutre les jetons. »

Qu’est ce qu’il racontait celui-la ? Il s’aperçut alors que David avait récupéré la photo compromettante. « Donne » dit-il lui arrachant des mains avant de la déchirer en plusieurs morceaux qu’il jeta dans la corbeille.

Maïcentres

Elle entraîna Umia à l’écart avant qu’il puisse réagir. Il aurait dû se débattre, exiger des explications, mais il en était incapable. Subjugué par ce contact, il la suivit. Le jardin était désert à cette heure tardive, seul l’eau de la fontaine brisait le silence. Il avait la bouche sèche, il voulait se dégager, cette femme qui le tenait. Si quelqu’un les voyait ainsi. Comment pouvait-il penser aux regards des autres en ce moment. Elle s’était arrêtée. Elle le lâcha et d’un coup, il parut revenir à la réalité. La peur qu’il avait ressentie s’était dissipée. La séduisante étrangère n’était plus qu’une femme comme tant d’autres. Ses vêtements étaient élaborés telles les étoffes soi-disant issues des terres de Plume qu’on pouvait retrouver dans les étals de luxe. Son visage était caché derrière un voile de mousseline et un masque d’argent. Les hommes de la haute société avaient pris l’habitude de cacher leurs visages. En particulier quand ils se déplaçaient dans les basses villes. Ils disaient que c’était pour éviter certains regards concupiscents des basses extractions mais à son avis, c’était plutôt une façon de vaquer discrètement à certaines occupations indignes d’eux sans entacher leur réputation. Les Adarii aussi avaient cette habitude. Enfin, on leur imposait cette habitude. Quand elle lui avait pris le bras et qu’il avait senti cette attraction mais aussi la crainte qu’elle engendrait, il avait imaginé un instant qu’elle était l’une d’elle. Mais comment cela aurait pu être possible. Maintenant, il ne savait pas si il devait être soulagé ou déçu de s’être trompé. Un peu des deux peut-être.

Qui êtes-vous ? Il n’eut pas le temps de formuler son interrogation à voix haute, d’une main ferme, elle rabattit son voile sur les épaules et ôta son masque.

Terre

David riait toujours en descendant l’escalier. « Je dois y aller » dit-il, « on se voit demain ». Il attrapa son sac laissé dans la cuisine et refusa le morceau de gingembre confit que LGlui tendait prétextant que jamais il n’avalerait de telles horreurs. En sortant, il lui serra la main. Lull eut un moment d’appréhension mêlé de curiosité à ce contact mais rien ne se passa. Qu’est-ce qui aurait pu se passer au fond ?

Il voulut refermer la porte mais aperçut le fils de la ferme voisine sautant au-dessus du grillage. Les affaires reprennent pensa-t-il en souriant mâchonnant toujours ses sucreries tandis que l’adolescent d’une quinzaine d’année arrivait à sa rencontre. « Salut cyber eyes » dit-il en lui tapant dans la main. « T’as fait mon devoir ? » Lull repartit à l’intérieur et sortit une feuille de son sac après quelques recherches. Il la tendit devant lui mais la récupéra quand l’autre voulut s’en emparer.

« Le fric d'abord. »

L’adolescent fureta dans ses poches et en sortit quelques pièces.

LG les étala dans sa main pour les comptabiliser. Si son voisin était bête au point de lui demander de faire ses devoirs de math, il n’était pas sur qu’il sache ne fut-ce que compter correctement. LG fut rassuré, le compte y était. Il tendit le devoir et fourra l’argent dans sa poche.

« Et cache ça surtout. Ma mère arrive, et je ne suis pas sur qu’elle serait ravie de connaître notre arrangement.

- T’inquiète, si tu crois que j’ai envie que les potes sachent que mes devoirs sont faits par un gosse de treize ans ! » Il plia la feuille et la fit disparaître dans son blouson. Allez tope-la cyber-eyes ».

Lull lui serra la main. De nouveau une sensation étrange l’envahit, comme une connaissance soudaine qui s’imposait à lui. Il pensait qu’il devait se dépêcher pour ne pas rater le début de recherche, une série sans intérêt à la télévision. Le voisin lui lâcha la main et tout s’arrêta.

« Attends », dit LG tandis que l’adolescent lui tournait déjà le dos.

« Tu regardes la série Recherche ? »

Il se retourna vers lui. « Houai, j’adore, la fille est un canon, elle a de ses nibards. » Tout en disant cela il soupesait de gros seins imaginaires. « J’étais justement en train de penser que je devais me dépêcher pour ne pas rater le début. Allez à plus. » Sur ce, il fila et sauta a nouveau le grillage.

LG resta seul, debout sur le porche, perdu dans ses réflexions : L’autre dégénéré pensait que,… Et moi aussi. Ca voudrait dire que. Les idées se bousculaient à toute vitesse dans sa tête, avant d’arriver à une conclusion logique. "Trop cool. Trop trop trop cool".

Maïcentres

« Dis-moi ce que tu manigances et j’aurais peut-être certaines information pour toi. »

Réalité souffla Umia en reconnaissant dans la pénombre la jeune fille qui exaspérait tant ceux de Plume. Il la voyait de temps en temps durant certaines réunions chez Cannelle. Elle se faisait rabrouer sans cesse. Lui, avait plutôt pitié d’elle, il aurait voulu l’aider mais se forçait à l’éviter. Cette jeune fille si vive, si impulsive, si différente des filles d’ici. Elle devait sans doute avoir des mœurs aussi légères que les filles des autres provinces. Elle était gentille. C'était sans doute son problème. Etre gentils n'a jamais mené personne au pouvoir.

En fait, il ne pouvait pas se voiler la face plus longtemps, elle lui faisait peur. Dès qu’elle était près de lui, son cœur s’accélérait. Quand il voulait lui parler, il bafouillait. Il était capable de mener de longs discours avec les grands de ce monde mais cette fille d’à peine dix-huit ans lui faisait perdre tous ses moyens. Même dans ses enregistrements il en parlait le moins possible

« Que faites vous là ? » arriva-t-il à dire.

« Qu’est-ce qu’on s’en fout, je t’ai suivi, évidemment. Mais ne te fais pas d’illusion, je n’ai aucune confiance en toi. Ni en toi ni en aucun de ta race. Que vous soyez issus de Vengeance ou des Maÿcentres, vous êtes tous les mêmes : que des menteurs, uniquement guidés par vos intérêts. Vous nous pourrissez la vie. Tous autant que vous êtes.

Umia ne savait quoi dire. En d'autres occasions il l'aurait remise à sa place. Cette gosse n’avait pas vingt ans et il avait beau être tombé bas, il ne se laissait pas insulté sauf si ça pouvait lui être utile. Mais il se contentait de la fixer attiré et effrayé à la fois.

« Quoi ? » finit-elle par dire devant son air ébahit.
Elle parut comprendre et se reprit. « Ha oui ; le collier » dit-elle en ôtant la large chaîne entrecoupée de plaques de métal brillant pour le garder à bout de bras avant de recommencer à l’insulter.

La sensation s’était à nouveaux dissipée. Non pas vraiment. Elle était toujours là mais ce n’était pas la jeune fille qui l’avait attiré ainsi, c’était juste son bijou. Il n’écoutait plus ses injures. Elle aurait pu dire n’importe quoi, il n’en avait cure.<« Qu’est-ce que c’est ? » finit-il par dire désignant le bijou.

« Ho ca » dit-elle l’éloignant légèrement le cachant dans le drapé de son sari le faisant revenir à la réalité. Elle sourit devant son air déconfit. « Je suis issue de Plume après tout. Nous sommes peut-être indépendant mais nous sommes quande même les descendants du peuple de Saphir. Nous avons baigné trop longtemps dans un monde dominé par la magie pour ne pas en avoir gardé quelques traces.

- Vous voulez dire…

- Je ne veux rien dire du tout. Je veux savoir pourquoi vous vous intéressez tant aux territoires ? Que cherchez-vous ?

Terre
Hélène arrivait, chargée de paquets. Elle revenait du supermarché. « C’est le fils du fermier qui te met de si bonne humeur » dit-elle voyant son fils réjouis fixant encore le jeune garçon qui arrivait à la hauteur de la ferme. Sans attendre la réponse, elle poussa la porte de la cuisine et déposa ses paquets sur la table. « Je n’aime pas trop que tu traînes avec lui. Qu’est-ce que tu lui trouves ?

- Il m’intéresse » dit LG les yeux pétillants et le sourire affable. « Il m’intéresse pour certaines expériences. »

Hélène posa ses paquets sur la table. Elle était intriguée. « Qu’est-ce que c’est au juste que cette histoire ?

- T’occupe, maman, ce n’est rien. »

Hélène parut réfléchir et finit par s’asseoir avant de demander à LG d’en faire autant. Il n’avait aucune envie d’entamer une discussion maintenant, mais sa mère était inquiète aussi accepta-t-il de s’asseoir. L’écouter serait plus rapide que tenter d’éviter la discussion.

« Ecoute, Lull, ce que je vais te dire est important. »

Ce pourrait-il vraiment que j’ai pu surprendre les pensées de l’abruti congénital des voisins se demandait LG. Et de David. Il faudrait absolument réessayer. Surtout avec le voisin. Pourvu que je lui fasse un ou deux devoirs j’obtiendrais de lui n’importe quoi et il était trop bête pour se rendre compte de quoi que ce soit. Je ferais des recherches sur le sujet aussi.

« Ca doit paraître étrange ce que je te dis, n’est ce pas ? »

LG en revint à sa mère, « Un peu oui, mais je te fais confiance. » Il n’avait rien écouté, obnubilé par ses réflexions mais vu l’inquiétude de sa mère ainsi que le ton de sa voix, cette réponse semblait convenir. De toute façon, ce genre de conversation, il les connaissait par cœur. C’était soit sur les filles, comme quoi il fallait les respecter et patati et patata et que de toute façon il était trop jeune. Soit pour le mettre en garde contre la cigarette, le canabis et autre drogues.

Sa mère lui prit les mains. Ce contact le chagrina, il ne perçut rien de plus. Il y avait peut-être une certaine façon de faire.

« Dans ce cas, tu me promets que tu viendrais m’en parler ? C’est très important. »

Sa mère le regardait dans les yeux et attendait une réponse. « Ne t’inquiète pas maman, si ça m’arriverait, je viendrais t’en parler, promis.

Il retira ses mains. Et plus, il était sérieux. Son père lui avait déjà raconté les problèmes qu’il avait eu avec la drogue. Il n’était pas assez bête pour tomber là-dedans.

Sa mère était soulagée. Tant mieux. Il l’aida à ranger les paquets tandis qu’elle répondait au téléphone." Je dois y aller" lui dit-elle après avoir raccroché. LG haussa les épaules. Il avait l’habitude. Son patron rappelait sa mère au moins une fois par semaine pour qu’elle fasse des heures supplémentaires et elle, trop gentille se faisait avoir. "Je sais" dit-il devançant les instructions d’usages,"je ne sors pas et je n’ouvre pas aux inconnus". Hélène partit, soulagée. Bon débarras, elle était vraiment trop facile à berner. Lull attendit de voir la voiture tourner au coin de la rue avant d’enfiler son manteau. Les soirées étaient encore fraîches. Il ouvrit le congélateur, attrapa une pizza et la fit glisser dans un sac qu’il passa sur l’épaule avant de sortir, fermant consciencieusement la porte derrière lui.

Le fils du voisin l’interpella quand il passa devant chez lui, la série recherche devait déjà être terminée se dit Lull, il ne devrait pas traîner, Mike devait rentrer vers 22heures, se serait pas mal qu’il soit rentré s’il voulait éviter les remontrances du paternel.

"Tu vas encore chez le dingue ?" lança le voisin.

LG mit un doigt sur ses lèvres "et se serait bien que tu la fermes" lui dit-il.

"Viens plutôt chez moi.

- Pas aujourd’hui mais t’inquiète, je m’occuperais de toi bientôt." Très bientôt répéta-t-il pour lui-même après avoir traversé la rue. Il frappa à la porte en face en criant à travers la porte : c’est Lull. La porte s’ouvrit sur un vieillard claudiquant qui lui fit signe d’entrer. J’ai vu les volets ouverts et je me suis dit que vous étiez de passage aussi, je vous ai apporté de la pizza monsieur Enki.

- Ta mère est au courant que tu traînes chez moi ?

- Oui.

- C’est pas beau de mentir" dit-il. Pour autant, il ne le renvoya pas chez lui et il mit la pizza au four. "Il m’est arrivé un truc bizarre aujourd’hui.

- Je me doute.

- Un truc vraiment bizarre" insista LG en regardant le vieillard nettoyer la table recouverte d’argile et de poussières de pierre.

"Raconte."

LG sourit. Il était à l’aise avec ce vieux dingue. Dans le village, ça cancanait sur ce petit vieux qui venait là maximum une fois par mois et passait le plus clair du temps à faire de la sculpture en tout genre. Les gens feraient mieux de parler un peu moins entre eux et venir plutôt parler avec lui et ils se rendrait compte que c’est un mec passionnant et surtout quelqu’un de fiable avec qui on pouvait parler de tout. Bien plus disponible que ses parents et qui ne se permettait jamais le moindre jugement de valeur.

Maïcentres

« Pourquoi t’intéresses-tu aux territoires Adarii ? Répéta Réalité devant le silence d’Umia

« Je…

- Et n’essaye pas de me rouler. Je connais tes beaux discours et on ne me prendra pas à y croire

- Je vous l’ai dit, je veux savoir ce qu’il se passe là-bas, c’est tout.

- Pourquoi ? » Hurla-t-elle presque.

Parce que Synshy m’a tout ôté : Mon travail, mon rang, parce qu’il m’a relégué tel un paria, parce que j’ai besoin d’alliés puissants pour me venger disait une petite voix à l’intérieur de lui. Mais il se reprit et répondit en souriant de façon calme et posé :« parce qu’il a gagné une partie mais que j’ai droit à ma revanche. »

Réalité s’arrêta net devant ce discours incohérent. Elle réfléchit un instant parut comprendre et s’exclama enfin. « La vengeance, c’est la vengeance qui t’anime. »

Umia se recula effrayé. Il avait l’impression de la voir pour la première fois. Qui était-elle cette jeune fille qui paraissait tout savoir, de quoi était elle capable ? Avait-elle pu lire ses pensées ?

Il prit une grande inspiration, « Etes-vous l’une des leurs ? ».

Elle le regarda incrédule puis envoya sa tête en arrière faisant voler son épaisse chevelure parfumée dans un grand éclat de rire. « Je ne suis qu’une simple fille du peuple de Plume. Non » rectifia-t-elle, « je suis plus que ça. Je suis la fille du Maître des souvenirs, je suis moi-même le futur Maître des souvenirs et tout le monde ici me traite comme la dernière des servantes des pimbêches de Vengeance. Alors oui, la vengeance, je connais. Je ne vis que pour elle depuis plusieurs années. Nul besoin d’empathie pour comprendre ce sentiment qui te ronge, ce besoin de voir enfin écraser celui qui est la cause de ta déchéance, de retrouver la place qui t’est due.
Ca te choque ? Ha j’oubliais, c’est vrai. Les hommes des mondes extérieurs sont des pacifistes. On ne fait pas de mal, on ne se permet même pas de propos violents, choqué par une simple haussement de voix ou une vérité crue. Pourtant, vous nous détruisez. A coup de chantage et de beaux discours, vous détruisez le peuple de Cashir. Vous nous avez réduit à l’esclavage, voila la vérité.

Non, il n'était pas choqué mais contrairement à elle, il savait la jouer finement. Elle n'arriverait à rien en hurlant ainsi. "Calmez-vous, par pitié calmez-vous. Nous sommes dans un lieu public, ce n’est pas la peine d’attirer l’attention sur vous. » La remarque parut porter ses fruits car elle reprit doucement.« Qu’envisages-tu exactement ?

- Je veux démettre Synshy de ses fonctions et le faire tomber en disgrâce. »

Une lueur d’intérêt s’alluma dans le regard de Réalité. « Comment ? » dit-elle.

« Si je savais exactement ce qu’il trafique avec Plume, il y aurait sans doute moyen de dénoncer ses actes.

- Toi simple Sy, tu penses qu’on t’écoutera ! J’ai déjà essayé, je me suis fait remballer vite fait.

- Si ce sont les Adarii qui viennent dénoncer Synshy, ils seront écoutés.

- Parce que tu imagines que les magiciens Adarii s’intéresseront à ton insignifiante petite personne ?

- Nous n’en sommes pas là. Pour l’instant, nous ne savons rien de ce qu’il se passe là bas. S’ils sont soumis à Synshy ils seront prêt à tout pour récupérer l’indépendance de Plume.

- Quoi que tu aies en tête, c’est de la folie. C’est dangereux. Les Adarii sont de puissants manipulateurs, sans doute plus que tu ne peux l’imaginer. Nous n’avons pas la moindre chance face à eux. Ils sont dangereux et n’ont aucune moralité. »

Umia plissa les yeux et fit signe à Réalité de le suivre un peu plus loin. Le parc paraissait désert mais il préférait s’assurer le plus possible de discrétion. Il aperçut un banc bien dégagé, la laissa s’asseoir et s’installa lui-même suffisamment proche pour pouvoir lui parler à voix basse. La jeune fille paraissait terrorisée. Elle fixa Umia comme seules les filles de Plume osaient faire et se décida enfin à continuer en chuchotant. « Quelques mois avant que Synshy ne proclame Cashir province des Maÿcentres, une jeune Adarii est venue nous voir.

- Pluie » dit Umia désespéré. « Je le sais déjà. » Miroir lui avait déjà parlé de ça. Il n’apprendrait rien de neuf ce soir. « Vos amis m’en ont parlé. Ils m’ont dit qu’elle avait emmené un livre et effacé la mémoire de votre père pour que personne ne sache ce qu’il contient.

- Mais moi, je l’avais lu » dit-elle d’une toute petite voix. « Et ça, personne ne le savait. Pas même Pluie. »

Terre
Mike trouva sa femme installée devant la télévision. Elle ne lui jeta pas un regard quand il entra dans le salon et, vu la colère qui se dégageait d’elle, la soirée ne serait pas tranquille.

« Tu regardes ces tissus de mensonge maintenant » dit-il l’air de rien cherchant à détendre l’atmosphère.

Elle avait zappé sur cette nouvelle chaîne qu’ils avaient installée un an auparavant. Une chaîne entière dédiés aux informations concernant les contacts avec les Maÿcentres et Vengeance. Depuis qu’ils avaient débarqué au grand jour, il y avait une telle demande d’information à ce sujet que, soucieuse d’en tirer le plus d’argent possible, certains petits malins avaient sorti une chaîne qui ne parlait que de cela. C’est à dire de pas grand-chose. En plus, Mike avait suffisamment de connaissance sur le sujet pour bien voir que la plupart des reportages étaient un tissu de mensonge. Cependant il fallait admettre que les hommes des Maÿcentres, avec leur sens de la diplomatie très développé avaient de suite perçus dans ces médias de quoi diffuser tout et n’importe quoi à leur convenance manipulant les journalistes avec autant d’aisance qu’un enfant de 5 ans manierait un hochet de bébé. Sans doute ne manipulaient-ils pas que les médias d’ailleurs.

« Pourquoi nous mets-tu ça » dit Mike tandis que sa femme était rivée sur une interview du président Synshy datant d’au moins un an.

- Ce n’est pas lui qui m’intéresse » répondit Hélène scrutant l’image comme si elle cherchait à voir les personnages hors du champ de la caméra.

Le reportage fut remplacé par une page de publicité qui, Mike n’en doutait pas, serait suivie par beaucoup d’autre. Hélène arreta la télévision et se tourna vers Mike visiblement en colère. Qu’en pouvait-il si elle avait raté ce reportage inintéressant ?

« J’ai aperçu le début de… » Elle chercha un mot pour désigner ce torchon que certains nommaient reportage. « De ça » finit-elle par dire ne trouvant pas mieux. « Et dans les hommes proches du président, j’ai vu Thibault. Je suis sûre que c’était lui. »

Voilà un problème que Mike n’avait pas encore abordé avec sa femme. Ils avaient assez de soucis pour l’instant sans en ajouter d’autres qui au fond ne la concernaient pas. Mais, vu son air, elle ne serait pas d’accord avec ce principe.

« Tu savais qu’il travaillait avec les Maÿcentres ?

- J’aurais du mal à l’ignorer. » Thibault ne faisait pas autant d’effort que lui pour lui cacher ses projets. Au contraire, il en était plutôt fier.

« Qu’est-ce qu’il complote encore là-bas ?

- Il est arrivé à se faire embaucher parmi les rares Terriens qu’ils côtoient.

- Pourquoi ?

Pour tâcher d’en savoir plus, pour gagner du fric, pour les narguer aussi.

- J’ai pas confiance en lui » dit Hélène, « il est dangereux, il en sait beaucoup trop. C’est comme si tu mettais une allumette au milieu d’un baril de poudre. Il faut faire quelque chose.

- Ecoute Hélène, je veille le mieux possible à ce que personne ne vienne allumer l’allumette. A part cela, je ne vois pas ce que je peux faire.

- Imagine qu’il découvre LG et qu’il en parle à ces gens-là ? Peux-tu être sur à 100% qu’il ne sait rien à ce sujet et qu’il n’en saura jamais rien ?

- Je te l’ai déjà dit, je ne peux pas en être sur, mais je fais très attention. Au pire, il n’aurait aucune raison de livrer Lull aux Maÿcentres. Je ne vois pas en quoi ça satisferait ses besoins de vengeance et au fond, il n’y a que cela qui l’intéresse. Observer les autres mondes et faire des recherches en étudiant tous les mythes pour trouver je ne sais quelles puissances perdues de l’antique Tiyana.

Maïcentres

« Vous voulez dire que vous savez ce que contient ce livre ! »

Réalité acquiesça de la tête. "Quand tu as dit que tu avais entendu parler d’une immense cité dans les montagnes de Saphir, j’ai compris qu’elle l’avait trouvé. Le gardien protégeait Tiyana. C’est lui qui cachait la cité.

- Qui est-il ce gardien ?

- Qu’est-ce que c’est plutôt. On l’appelle Annunaki et si celle qui en parle dans ce livre n’exagère pas, Synshy n’a aucune chance contre lui.

Terre

« C’est quoi, ca Tiyana ? »

Quand Hélène était en colère, elle ne savait plus rien sur rien. « Mais si, tu sais, le principal domaine Adarii. Sur la planète Saphir. Espoir pensait que les fondateurs de Tiyana venaient de la Terre et que leur puissance dépassait tout ce qu’on imagine aujourd’hui. Thibault s’est mis en tête que, si ces puissances ont disparu, c’est peut-être parce qu’elles étaient restées sur Terre.

Maïcentres

« Pourquoi n’en avez-vous pas parlé » s’exclama Umia une fois qu’elle eut fini son récit.

« A qui ? A ceux de Plume ? S’ils avaient su que j’avais ne fut-ce qu’approcher un tel ouvrage, il m’aurait rejetée voire dénoncée à Synshy en espérant qu’il me fasse croupir sur Exil. Ce sont des fanatiques, ils vénèrent leurs dirigeants magiciens. Ils sont tellement conditionnés par tous les interdits qu’ils leur mettent en tête qu’ils ne sont plus capable de réfléchir par eux-mêmes. Encore pire que vous avec votre idéologie de non violence. Car au fond vous, ce n’est qu’une idéologie sans fondement. Il n’y a qu’à enlever ses oeillères pour apercevoir les vaisseaux voyageurs des contrebandiers ou la façon dont les entrepreneurs traite Cashir pour se rendre compte que la non violence est limitée à la zone d’attraction de Vengeance et des Maÿcentres.

- Nous en avons déjà discuté". Umia ne supportait pas qu’elle revienne inlassablement sur les faiblesses de la politique de la confédération. Evidemment, il y avait de la mauvaise graine partout et il était capable d’imaginer ce que les entrepreneur pouvait faire de Cashir. Un jour il mettrait fin à tous cela. Mais ce n’était pas le sujet. "Si vraiment les Adarii ont récupéré ce... Gardien Annunaki, Cannelle et ses hommes seraient heureux de le savoir.

- Non, je ne peux pas en parler et je te conseille de garder ça pour toi si tu veux qu’ils te fassent confiance un jour. Ce n’est pas le genre d’information à laquelle le peuple a le droit d’avoir accès et nous encore moins. Rien que le savoir est criminel à les entendre. De toute façon, que feraient-ils ? Ils se moquent éperdument de Cashir autant que je me moque de leurs territoires. Enfin, que je m’en moquais. Quand ma mère a su ce que Pluie a fait à mon père, elle lui a dit, que ca devait lui servir de leçon. Elle lui avait dit de ne pas lui faire confiance mais il n’a pas écouté. Il a dit que si c’était à refaire, il referait pareil. Je n’aime pas la magie des Adarii, mais je crache sur la perfidie des Maÿcentres.

« Elle vous fascine n’est-ce pas ?

- Quoi ? dit-elle en reculant

- La magie Adarii comme vous l’appelez, elle vous fascine. Vous pouvez l’avouer, nous en sommes tous là. C’est sa plus grande force, la fascination qu’elle engendre. Moi aussi elle m’attire, mais il faut pouvoir dépasser ça, rester objectif. Voir s'en servir.

- Nous n’avons aucune chance contre eux, ils sont trop puissants, ils nous détruiront, tous, pire que vous »
Réalité avait remis son masque d’argent. Avant qu’il puisse la retenir, elle avait fait demi-tour et s’était enfuie

Terre

« Et si Thibault trouve les secrets d’une telle puissance ?

- Ca fait des années qui fouille sans même savoir quoi chercher. Qu’est-ce que tu veux qu’il trouve ?
Ce n’était pas vrai. Il avait trouvé quelque chose, Mike en était sûr. Il ne savait pas quoi et préférait ne pas s’en mêler et surtout il voulait tenir sa famille éloignée de ça.

Maïcentres

« J’ai croisé Réalité ce soir, elle vient de partir. J’ai obtenu certains renseignements complémentaires. » La main d’Umia trembla et il finit par lâcher l’emprunte d’enregistrement de son bracelet. Il enrageait. Comment avait-il pu en dire autant à cette fille. Bien sur, il jubilait aussi en pensant à tout ce qu'elle lui avait confié mais il s'était trop livré.



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