vendredi 14 décembre 2007

AP : 3. Rafale : Chapitre 3

3

L'univers est rempli de magie et il attend patiemment que notre intelligence s'affine

[Eden Phillpotts

Saphir : Domaine de Tiyana

Le fil lumineux passait et repassait dans la soie légère posée sur le métier à tisser. Sous les doigts de Fragile, le tissu semblait s’illuminer de mille reflets et Grésil se laissait hypnotiser par ce spectacle monotone et répétitif. Elle cligna des yeux quand, soudain, le mouvement s’arrêta. Fragile étira ses doigts, fit quelques assouplissements de poignets, et caressa distraitement une petite pierre noire incrustée dans un de ses bracelets. « Tu devrais cesser de ruminer ainsi, la journée est magnifique, profites en, sort, amuse-toi »

- Grésil ne se donna pas la peine de répondre. Que ferait-elle dehors ?

- Des Adarii de Taïla sont arrivés.

Elle savait mais ça ne l’intéressait pas. Ce qu’elle aurait voulu c’est que Chiffre vienne.

« Pourquoi tu fais ça ?

- Pourquoi je fais quoi ?

- Pourquoi est ce que tu crées tous ces tissus lumineux ?

- Parce que c’est joli et que j’aime la beauté.

- Ce n’est pas la même matière que celle qui rend les globes lumineux ?

- Non, les globes sont en verre et là, c’est du fil.

- Alors c’est une matière qui les recouvre ? »

Fragile réfléchit et secoua la tête. « Non, ce n’est pas de la matière

- Quoi alors ?

- Autre chose

- Quoi ?

- Je ne sais pas, quelque chose qui ne se décrit pas. Il n’y a pas longtemps que Tiyana a redécouvert tout cela, nous utilisons beaucoup de chose sans vraiment les connaître.

- Si ce n’est pas de la matière, c’est peut être de l’énergie

- Non, si je devais vraiment dire ce qui donnait cette lumière, je dirai, la sensation

- La sensation de quoi ?

- La sensation c’est tout.

Maïcentres : colline du conseil

Réalité poussa un cri. Sa surprise fit sourire celui qui faisait face à elle.

« Sï Marcus, vous m’avez fait peur.

- Est-ce si étonnant de me voir dans ma propre maison ou peut-être devrais-je changer de tête si celle là vous effraie ?

- Ne vous moquez pas.

- Je ne me moque pas. Venez par ici. »

Réalité le suivit dans sa chambre, essuyant ses mains encore mouillées sur sa tunique. Une robe magnifique était étalée sur le lit d’un tissu qu’elle n’avait jamais vu d’une finesse incroyable et se parant de mille reflets malgré le peu de lumière de la pièce, presque lumineux..

« Wouha » se contenta-t-elle de dire.

« Je viens de finir cette pièce, qu’en pensez-vous ?

- C’est magnifique. C’est vous qui l’avez fait ! Je croyais que vous étiez spécialisé en sculpture.

- On m’appelle communément Maître Substance. Le tissu est une substance par conséquent il m’obéit, comme tout ce qui est matière. »

Réalité sourit sans quitter la robe des yeux. Elle avait l’habitude des discours bizarres et métaphoriques de son employeur. Vous aurez du mal à trouver quelqu’un pour la porter, les filles d’ici sont trop prudes. Elles n’aiment pas avoir les épaules dégagées et le tissu est trop fin. Il faut des lourdeurs, des trucs qui traînent par terre et pleins de superpositions.

- Erreur Réalité. Elles aiment ça mais elles n’osent pas c’est différent. Je pense que mes créations auront du succès mais il faut leur montrer l’exemple. Il y a une grande réception au complexe du conseil. L’endroit rêvé pour faire admirer mon œuvre. J’ai des invitations évidemment. Vous serez un modèle parfait.

- Vous voulez que je porte votre robe ?

- Oui, je veux que vous fassiez pâlir d’envie les résidents de la colline afin qu’ils viennent tous me supplier de leur en faire une semblable. « Et tenez » dit-il en lui tendant deux invitations. Vous trouverez bien un ami pour vous accompagner.

- Pourquoi ? Vous ne venez pas ?

- Je ne sais pas. Je pourrais toujours trouver une autre invitation mais je suis trop vieux pour ce genre de réception ».

Réalité observa distraitement son employeur. « Vous plaisantez !

- J’aimerai mais malheureusement je suis totalement dénué du moindre sens de l’humour

Nulle part

Onirique leva la tête, juste à temps pour voir Chance faire quelques pas, pieds nu dans l’herbe, avant de s’asseoir à ses cotés les jambes pliées devant elle. Avec sa longue robe de mousseline crème ressemblant à une chemise de nuit et ses cheveux dénoués, elle ressemblait à une petite fille. D’ailleurs l’image qu’elle présentait d’elle ne devait pas avoir plus de quinze ans. D’habitude, elle se montrait plus âgée même s’il était rare qu’elle dépasse les vingt cinq ans. Elle posa son menton sur ses genoux. Son air malheureux lui rappela la première fois qu’il l’avait vu. Elle était plus âgée. Il avait en même temps espéré que ce soit elle tout en se maudissant de désirer lui faire subir un pareil sort. Presque six cent ans déjà. Sempiternelle avait raison, le temps n’est pas si lent. D’une pensée, il se rapprocha et passa un bras autour de ses épaules tandis que de l’autre il prenait son menton dans sa main pour tourner vers lui sa moue boudeuse et déposer un baiser sur sa joue.

« Dis-moi ce qui te tracasse ?

- Depuis que je te connais, je t’ai toujours trouvé dans cette prairie d’herbe parsemée de fleurs. Elle te suit partout. N’as-tu jamais eu envie de changer ? »

Onirique s’affala dans l’herbe en riant. « Ca m’étonnerait que ce soit ce genre de détail qui te rendent si morose.

- Si c’était à refaire mais que tu savais, referais-tu pareil ?

- De quoi veux tu parler ?

- Tu le sais très bien

- Oui. Je ferais pareil.

- Tu penses que ça valait le coup ?

- Je ne sais pas, mais sinon, je ne t’aurais jamais connu. »

L’ébauche d’un sourire apparu sur les lèvres de Chance.

Où étais-tu ?

- Ici et là

- Dans quoi t’es tu fourré ?

- Je veux que tu me trouves Substance

- Non, c’est trop dangereux

- Je n’ai pas le choix. Je ne suis qu’un rêve. Personne ne prend un rêve au sérieux

Terre : Bahrein

Suivant les versions, les noms changent mais l’histoire de base demeure

Une hiérarchie stricte : On a sept divinités qui décrètent le destin dont trois dieux dit créateurs. A leurs services les grands dieux Annunaki et dessous, une caste de dieux Igigis pour les basses besognes.

Les Igigis se révoltent et les grands dieux leur donnent les hommes pour les servir.

Ensuite, les hommes qui n'étaient rien d'autre que des esclaves, furent soumis à la famine, aux maladies et à des guerres biologiques afin qu’ils ne se fassent pas trop remarquer. Les textes de Mésopotamie montrent que tous ces moyens s'étant révélés inefficaces pour faire régresser la population humaine, les Dieux décidèrent d'exterminer les hommes en provoquant un grand déluge.

Les tablettes indiquent que " Enki ", un des trois dieux créateur se rebella, n'acceptant pas les cruautés que ses congénères infligeaient aux hommes, et organisa la résistance. Mais la confrérie fut vaincue et "Enki fut banni. On enseigna aux hommes que tout le mal de la Terre était de sa faute. On exhorta les hommes à le démasquer chaque fois qu'il se réincarnerait et à l'anéantir avec ses créatures s'ils les rencontraient.

- C’est ça que racontent les documents que tu as trouvé ?

- Non, le récit que j’ai découvert se contente juste de me prouver que tout cela n’est pas une simple légende, c’est la réalité.

- Ca suffit Thibault. Tes mythes j’en ai rien à foutre. C’est des conneries

- Parce que chercher je ne sais quoi en regardant la mer, c’est mieux sans doute. Accalmie reste ici !

Saphir : Domaine de Tiyana

« Qui es-tu ? » C’était comme un appel perdu dans l’immensité obscure happé par la puissance de la pierre. « Où es-tu ?

- Tu me cherchais Rafale ».

L’adolescent se détourna pour faire face à Matinée. « Pas vraiment non. En fait, je cherchais quelqu’un qui vous ressemble.

- Tu me fais peur quand tu commences à parler ainsi » dit Matinée en souriant. Tu devrais laisser Grésil s’occuper de ce caillou. Profite de la vie, ceux de Taïla sont là depuis des jours et tu t’en es à peine occupé.

- Je sais oui. J’ai aperçu Mutine si c’est à cela que vous faisiez allusion.

- Que veux-tu dire ?

- Vous me prenez pour un idiot Maître Matinée ? Vous pensez sincèrement que je n’ai pas deviné qu’ils avaient envoyé Mutine dans l’espoir de me séduire. »

Matinée soupira. « C’est vrai. Certains y ont songés. L’idée que nos défenses reposent entre les mains d’une personne ou même deux a tendance à affoler inconsidérément certain. Ils imaginent que, plus vite tu auras des enfants, plus vite notre sécurité sera assurée.

- Je vois

- Je suis désolé.

- Ne le soyez pas. Mutine est très jolie. Elle me plait. Du moins du peu que j’ai pu en voir mais ce n’est pas ça qui m’inquiète en ce moment.

- Quoi alors ?

- Je ne sais pas, j’ai senti comme un appel par l’intermédiaire de la pierre.

- Si j’ai bien compris, c’est assez fréquent.

- Oui, mais là c’était différent.

- C’est à dire ?

Je ne saurais dire, différent, c’est tout. Lointain. Non, isolé plutôt. Oui c’est cela isolé et c’était pareil que vous mais différent.

- Pareil ou différent ?

- Comme si la base était la même mais le parfum différent.

- Comme un frère ?

- Je ne sais pas, seul Souffle est télépathe mes autres sœurs sont trop petites, je ne peux pas comparer mais j’y ai pensé en effet quel parfum associez-vous à vos frère et sœur ?

- La menthe pour Glace et Pluie l’herbe mouillée.

Rafale sourit. « Glace, je l’aurais deviné, Pluie, j’aurais imaginé quelque chose de plus fort. Mais non, l’un comme l’autre, ce n’est pas cela. C’est autre chose. Puissant. Comme, comme quelque chose de fort et de soudain et puis plus rien. Le calme après la tempête. Quelque chose de totalement inconnu.

- Ce n’est pas très clair.

- Je sais oui.

- Pourtant, je crois comprendre ce que tu veux dire. Je pense avoir senti quelque chose de similaire sans y prêter attention

Aucun commentaire: