mercredi 9 janvier 2008

AP : 4. Réalité : Chapitre 10

10
Un mensonge qui fait ses preuves assez longtemps devient réalité.

[Tonino Benacquista]
Quelqu’un d’autre

Plume : Taegaïan

L’agitation était intense dans la cité. Il y avait encore plus de monde que d’habitude. Réalité revenait de l’atelier du maître Copeau. Depuis quelques semaines, elle allait régulièrement le voir. Elle profitait de son atelier, échangeant certaines connaissances et bavardant aussi. Il lui avait demandé de venir. Il finissait un meuble et lui avait promis de lui montrer ses techniques pour obtenir un vernis brillant pourtant, elle avait trouvé porte close. Elle attrapa une petite jeune fille qui se précipitait dans la rue, les joues rouges d’avoir courue. Elle la connaissait, c’était la fille du maître artisan Cristal. « Soierie » dit-elle « Que se passe-t-il ?

- C’est l’Annunaki Rafale, son fils est né, il va le présenter au peuple. Elle avait déjà entendu parler de Rafale. Le titre d’Annunaki, elle l’avait vu pour la première fois dans ce journal de l’Adarii Réalité mais elle n’avait pas saisi son sens exact. Un personnage important, une sorte de gardien aux pouvoirs terrifiants. Elle n’en savait pas plus. « Le fils de l’Annunaki ? » répéta-t-elle sans vraiment comprendre.

« Oui » reprit Soierie, « le fils de l’Annunaki Rafale et de l’Adarii Mutine ». On s’inquiétait car la fin de sa grossesse a été dure et elle n’a pas pu rentrer à Taïla. Le bébé est né à Taegaïan et avec beaucoup d’avance ».

Réalité se plaqua la main devant la bouche, lâchant la jeune soierie qui en profita pour repartir en courant.

« Mutine » murmura-t-elle toute seule. « Elle ne l’avait pas vue depuis un moment. Au moins un mois» comptabilisa-t-elle. « Ces derniers mois étaient passés plus vite que les premières semaines à son arrivée. Au début elle s’était étonnée de ne plus avoir sa visite puis elle s’en était inquiétée. Elle n’avait rien osé demander. Elle craignait que les gens pensent qu’elle n’avait plus les faveurs de la jeune Adarii et la laisse tomber. Elle ne supporterait de se retrouver seule à nouveau. Elle se sentit coupable, elle aurait dû s’enquérir de sa grossesse. Elle ne savait même pas qui était le père de son enfant. Mutine avait été bonne avec elle et elle n’avait rien fait en contre partie, si ce n’est se plaindre. Elle suivit le mouvement général de la foule vers la villa. C’était la première fois qu’elle s’en approchait. La grande bâtisse lui avait toujours fait peur. Elle aperçut de loin un tout jeune garçon grand et bien fait, mais à peine plus qu’un gamin qui tenait un minuscule nouveau né à bout de bras, le sourire resplendissant sous les ovations de la foule. Mutine ne l’accompagnait pas. Le jeune homme descendit les marches de la villa et disparut derrière un mur de foule qui se déplaçait doucement vers l’allée principale. La foule se dissipa peu à peu la laissant seule sur la large esplanade devant la somptueuse villa de pierre. Elle crut apercevoir une ombre, comme une image fugitive et familière qui disparut aussitôt. Un souffle d’air au creux de sa nuque, un frisson et Eclaircie apparut soudain juste devant elle lui laissant juste le temps de faire un bon en arrière en hurlant. « Quel accueil cordial ! » s’exclama-t-il.

« Je… » Elle reprit son souffle et continua plus assurée. « Je n’ai pas l’habitude que les gens apparaissent devant moins venu de nulle part. »

Eclaircie sourit. « Que la journée te soit douce et fraiche fille de Cashir.

- Votre présence est un honneur pour moi Adarii Eclaircie protecteur de Taegaïan » répondit-elle selon la formule consacrée laissant poindre volontairement une pointe de sarcasme.

« Fougueuse et intrépide, tu me plais Réalité. Tu es venu saluer le fils de Rafale et Mutine ?

- Je ne connais pas l’Annnaki Rafale mais j’ai beaucoup d’estime pour l’Adarii Mutine et j’aimerais que vous lui transmettiez mes félicitations »

Eclaircie sembla réfléchir un instant, hocha la tête et en revint à Réalité. « Dis-lui toi-même, tu es son invitée. » Eclaircie lui indiqua le chemin de la villa passant un bras derrière sa taille tandis que, d’un mouvement vif, elle évitait son contact.

Rien du luxe des maîtres artisans ne l’avait préparé à un tel spectacle. Dans les salons de la villa, les moindres détails n’étaient que splendeurs. Elle traversa les plus grandes salles de réceptions qu’elle avait pu voir, des dalles d’albâtres et de marbres roses se perdaient dans des tapis de laines vierges de teintes chatoyantes. De larges tentures tranchaient sur les murs de pierres blanches alternant avec des baies ouvertes sur des jardins recouverts d’une profusion de fleurs rares. Elle s’arrêta net devant un large escalier de marbre rose. Elle connaissait maintenant la plupart des coutumes des territoires. Les étages n’étaient pas accessibles au peuple. Seuls les serviteurs avaient ce privilège ainsi que les enfants. « Je ne peux pas » s’inquiéta-t-elle soudain. « Enfin je veux dire je n’ai pas l’autorisation. »

Eclaircie l’arrêta. « N’es-tu pas notre égale ?» dit-il reprenant le ton ironique qu’elle avait employé un peu plus tôt.

« Que voulez-vous dire ?

- Nous protégeons Taegaïan, ta famille dirige Cashir. »

Réalité sourit s’efforçant de se maintenir à la hauteur d’Eclaircie.

Maître Glace dirige Taegaïan, pas vous. Et mon père règne sur un empire plus grand que tous vos territoires rassemblés.

- Impertinente, irrespectueuse et ravissante. Si tu veux jouer sur les mots alors Ton père ne dirige rien, c’est le gouverneur Maya de Cashir qui gouverne. Me crois-tu ignorant de la politique de la lointaine Cashir ? »

Réalité voulut répliquer mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Elle suivit Eclaircie sans savoir si elle agissait selon sa volonté et se retrouva devant une double porte en bois clair qui s’ouvrit devant elle.

Le salon dans lequel elle avait suivi Eclaircie était plus petit mais toujours décoré avec le même gout et la même richesse. A la fois épuré mais élégant dans la perfection de ses murs et la finesse de ses matières. Beaucoup de monde était présent. Réalité crut perdre pied, sa tête lui tournait. Des rires, des éclats de voix, rien de différent par rapport aux réceptions qui lui étaient maintenant quasi quotidienne mais il émanait de ces gens une telle puissance, qu’elle se sentait toute petite, à peine une petite paysanne même si sa robe de soie avait fait l’admiration de plus d’un maître artisan. Un cadeau d’Eclaircie. Elle l’avait trouvé un matin sur son lit, sans un mot, mais quand elle l’avait porté, on lui avait fait remarquer que les pictogrammes de fil dorés dont étaient brodés les bords de la soie étaient le sigle d’Eclaircie.

Elle ne l’avait pas remercié, ca ne se faisait pas mais elle l’avait portée.

« Approche » lui dit Mutine allongée sur un sofa.

Elle respira profondément et avança vers la jeune mère tentant d’ignorer le monde autour qui ne prêtait aucune attention à sa présence. Eclaircie la devança pour s’approcher de Mutine et s’asseoir à ses cotés lui effleurant les lèvres avant d’enlacer ses doigts dans les siens.

Cette marque d’intimité déconcerta encore Réalité. Elle ignorait les relations qu’entretenaient Mutine et Eclaircie et dans un sens, elle en était gênée sans savoir pourquoi. Peut-être un peu envieuse.

La voix de Mutine lui remit les pieds sur la terre ferme. « Ca fait longtemps que nous ne nous sommes vues. La cité te procure-t-elle des distractions agréables ?

- Sans nulle doute. Je suis honorée d’être reçue dans la villa Adarii de Tae et je présente mes félicitations au nom de Cashir pour cet enfant, synonyme d’avenir pour vos terres ».

Mutine acquiesça et attendit qu’une femme encore jeune arrive à ses cotés. « Maman, je te présente Réalité, la représentante de Cashir, fille de Cyril Maître de la guilde du souvenir de Cashir. »

J’ai entendu parler d’elle reprit la femme à sa fille. Elle ne lui adressa pas la parole. Réalité, dans un sens en était soulagée, elle n’aurait su quoi dire. D’un autre coté, cette indifférence n’était pas pour lui plaire. Elle se sentait comme une servante, elle, la fille de Cyril de Cashir.

« Elle, c’est Tempête » présenta Mutine désignant une grande femme pulpeuse dont les parures étaient surtout composées de maquillage argentés où s’entrelaçaient des motifs de fleurs et de feuilles.

« Nous nous sommes déjà rencontrées » lui dit-elle en souriant. « Mais je doute que tu t’en souviennes. »

Réalité se méfia. En général ce genre de remarque, c’était louche.

Mutine la rassura. « Tempête est la guérisseuse qui s’est occupée de toi mais quand elle t’a soignée, tu étais encore inconsciente.

« Sans me vanter » reprit la dénommée Tempête, « je dois dire que je suis assez fière de mon travail. Elle avait entre autre une plaie béante du front jusqu’au milieu de la joue. Tout en disant cela, elle effleura son visage lui provoquant un réflexe de recul. La guérisseuse ne parut pas le remarquer, elle continuait à l’observer comme un animal. « Plus la moindre cicatrice. Parfait. »

Réalité mit ses craintes de coté, elle était plutôt gentille.

La dénommé Tempête paraissait ravie. « Gâcher un si jolie visage aurait été dommage. Il y a de quoi faire des ravages auprès des hommes avec ca.

- C’est vrai » reprit Mutine en s’adressant à elle. « En plus, tu es très en beauté, je reconnais le cachet d’Eclaircie dans cette robe par contre jamais je n’ai vu de tels bijoux » dit-elle désignant les petites perles de bois sculptés ornant ses poignets. « Viennent-ils de la lointaine campagne libre de Cashir ?

- Non, mais ils en sont inspirés. Nos artisans aiment travailler le bois. Je me suis lié d’amitié avec Le maître artisan Copeau et je lui ai montré parlé des techniques qu’utilisent nos artisans pour faire des bijoux en bois. Ceux-ci sont ses premières créations de la sorte.

- Des bijoux en bois, comme c’est original. »

Réalité détacha l’attache d’argent pour tendre le bijou à Mutine.

« En Cashir, il est d’usage de faire des présents à la naissance d’un enfant ». Mutine tendit le bras et s’empara du bijou sans un mot. Ses yeux roses pétillèrent d’une lueur étrange et tandis qu’elle tournait le regard vers la porte, celle-ci s’ouvrit toute grande. Les conversations se turent un instant et les convives s’écartèrent pour laisser entrer le nouveau venu avant de l’entourer pour voir le bébé.

Mutine se tourna de nouveau vers sa mère. « Maman, je suis fatiguée. Je pense que les visites ont suffisamment durées.

- Je le pense aussi ». Elle s’avança vers la sortie et, petit à petit, les invités la suivirent. Réalité ne savait comment prendre congé, elle se contenta de les suivre mais Mutine la rappela. « Non, toi, tu restes » dit-elle d’un ton impératif. Elle récupéra son fils dans les bras se découvrant la poitrine pour la tétée.

« Que puis-je pour votre service ?

- Rien pour l’instant, c’est moi qui désirais te voir fille de Cashir ».

Réalité n’avait eu l’occasion que d’apercevoir le père de l’enfant. Il était grand, comme tous les Adarii mais même à le voir de près, elle maintient l’idée qu’il ne devait pas avoir plus de quinze ans. Malgré la chaleur, il portait une longue cape noire dans laquelle brillait un serpent ailé. L’emblème de l’antique Tiyana pensa-t-elle se souvenant de ses lectures secrètes. Ainsi, c’était vrai, les Adarii avaient retrouvé l’antique cité et celui qu’elle avait en face d’elle en était le gardien, l’Annunaki. Il n’était pas plus impressionnant que les autres. Elle retira cette pensée tandis qu’il s’approchait d’elle.

« Ainsi voici Réalité, la fille de Cashir qui a tenté de braver les mondes extérieurs. Piètre réussite cela dit. »

Réalité sentit la colère monter. Ils pouvaient parler, mais ils restaient cloitrer ici alors que les mondes extérieurs se vantaient de leurs victoires sur eux.

« Ne te vexe pas, tu es courageuse. Si plus de gens osaient faire face ainsi, Cashir pourrait retrouver sa dignité ».

Il avança sa main vers elle et elle se recula vivement.

« Je comprends » dit-il. « Quand tu souhaiteras ma protection pour Cashir, viens me trouver en attendant, tu peux t’en aller. »

Réalité hésita. « Vous pourriez nous aider à chasser les Maÿcentres ?

- Peut-être »

Réalité se méfia. « Quelle en serait le prix ? »

Rafale sourit. Mutine avait fait du bon travail mais la fille était méfiante et très intelligente. Il était trop tôt. C’est dommage, il aurait été intéressant de régler cela avant son départ mais la brusquer risquait de casser le travail accompli. « Nous pourrions le négocier ensemble mais plus tard. »

« Je n’ai aucune autorité sur Cashir. »

Eclaircie se racla la gorge. Toujours assis su le sofa, il soutenait Mutine et son enfant dans ses bras. « Tu te trompes, ton père est parti et d’après nos renseignements, tu hérites de ses pouvoirs en son absence. »

Mutine recula encore d’un pas, que voulait-on lui faire faire. Elle se sentait en danger, méfiance.

Mutine parlait mais elle l’entendait à peine. Elle riait, disant à Eclaircie de cesser ses taquineries envers son amie. Mutine la considèrerait-elle comme son amie ? Non, surement pas. Méfiance.

Eclaircie s’était levé lui proposant de la raccompagner, ses grands yeux clairs la déshabillant du regard, si beau, si enivrant. Elle secoua la tête et recula encore, butant contre le mur.

« Réalité ». Quelqu’un l’appelait. Elle discernait à peine d’où venait le son. Il se répétait, doux, calme et rassurant. Quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance.

« Réalité, calme toi, oublie, oublie. »

Elle respirait plus tranquillement. Elle avait dû perdre pied une seconde, elle se sentait bizarre. Il faisait trop chaud ici pourtant, les murs épais gardaient une certaines fraicheur mais ce n’était pas suffisant. « Je suis heureux d’avoir fait ta connaissance. N’oublie pas, si Cashir a besoin d’aide, nous pouvons en parler mais pour l’instant, profite de la journée, qu’elle te soit douce et paisible. »

Réalité acquiesça et se dirigea vers la sortie. Elle avait encore la tête qui tournait. Elle avait eu du mal à suivre la fin de la conversation. Rafale lui avait proposé de l’aider. Il disait pouvoir les libérer de Cashir. Peut-être pourrait-elle en discuter avec lui. Non, avec Mutine plutôt. Lui il lui faisait peur

Taegaïan : Cité de Tae : Taegaïan

Le calme était revenu dans le salon. Il ne restait plus qu’Eclaircie et Mutine. Rafale s’était assis et avait récupéré son fils dans les bras. Il s’était endormi mais ne pouvait se résoudre à le laisser à la gouvernante.

Il soupira. Eclaircie avait été à deux doigts de gâcher des efforts de plusieurs mois pour se mettre Réalité de leur coté. Quand il avait vu avec quelle dextérité Mutine avait réussi, petit à petit, à acquérir la confiance de Réalité, il s’était dit qu’elle pouvait être bien plus qu’un simple otage. Chasser les mondes extérieurs de Cashir devenait une urgence. C’était insupportable de les savoirs si près. Tellement prêt que leurs vaisseaux en arrivaient à survoler leur province. C’était inacceptable. D’un autre coté, Cashir ne devait pas s’imaginer qu’il pouvait bénéficier de la protection Adarii pour rien. Non, ils devaient pouvoir en profiter pour récupérer une certaines positions dans les affaires de cette province.

Eclaircie se leva pour s’en aller. « Reste » lui dit Mutine. Il hésita et revint s’asseoir à ses cotés.

Rafale hésita. Il n’avait aucune envie de bouger. Il avait passé l’après midi sous un soleil étouffant à arpenter les rues de la cité pour présenter son fils. Sur le moment il avait reçu avec fierté les ovations de la foule mais maintenant, il avait les pieds en feu D’un autre coté, il ne voulait pas s’imposer dans les appartements de Mutine, la façon dont elle avait réclamé la présence d’Eclaircie lui laisser penser qu’elle espérait un peu d’intimité. « Non reste aussi » lui dit-elle lisant ses pensées.

Elle se leva et fit quelques pas jusqu’à la fenêtre.

« Tu devrais rester couchée. Tempête a recommandé que tu bouges le moins possible.

- Je vais devenir folle à rester couchée comme une impotente ».

Eclaircie la dévisagea d’un air inquiet avant de croiser le regard de Rafale. « Qu’avez-vous fait à Réalité ? » se décida-t-il à demander.

« Pas mal non » répondit Mutine de son petit air coquin qui faisait fondre plus d’un homme.

Eclaircie réfléchit, « je ne sais pas. Je la préférais avant, son attitude n’est pas naturelle ».

C’était bien Eclaircie ça. Quelle importance cela pouvait-il avoir de savoir somment il la préférait ? Il la considérait encore comme un trophée à conquérir jusque dans son lit.

« Tu as failli tout détruire avec tes remarques. Pourquoi lui faire remarquer son rôle dans les décisions de Cashir ? Sois plus subtile. Elle est plus méfiante qu’un chat sauvage.

- Un chat qui m’a l’air bien apprivoisé, qui a bien appris les formules d’usage, qui partage les techniques de Cashir avec nos artisans et qui vient présenter ses respects et faire des offrandes. »

Mutine se rassit faisant tourner entre ses doigts le bracelet offert par Réalité. « Pas encore parfait ça. Avez-vous remarqué sa formulation ? Elle parlait d’un présent de naissance. Elle se refuse toujours à accepter qu’un bien crée par nos artisans avec les matières de nos territoires, nous revient de droit. C’est le concept que j’ai le plus de mal à lui faire accepter. Mais ça viendra. Je n’ai pas pu m’occuper d’elle ce dernier moi à cause de ses abrutis qui voulaient me garder alitées.

« Mutine » s’offensa Eclaircie, « tu parles des meilleurs médecins de Taegaïan. Notre guérisseur l’a confirmé. D’ailleurs, même avec tes précautions le petit est né trop tôt.

- Bref, ça ne change rien, j’ai négligé Réalité. »

Il était impossible de la garder en place. Rafale craignait pour sa santé à la voir s’agiter ainsi. Il avait beau caresser certains ambitions avec Réalité, la santé de Mutine passait avant tout. « Tu vas commencer par te reposer. Eclaircie, je compte sur toi. Si après mon départ, elle bouge encore en tous sens, attache la solidement.

- Non, je devais me reposer pour garder le bébé. Maintenant, je peux bouger et on s’en tient au plan prévu » dit-elle pointant Rafale du doigt

- Trop dangereux. »

Mutine coupa net les craintes de Rafale.

- Quand partez-vous chercher Grésil ? Jade vient d’arriver et on ne m’a rien dit. Vous comptiez partir derrière mon dos ?

- Tu est liée avec tout le monde ou quoi ? »

Mutine le regarda en coin en souriant. Allez savoir peut-être juste avec les plus beaux garçons.

Eclaircie revint à la charge avec son idée fixe. « Qu’as-tu fait à Réalité ?

- J’ai agi bien plus subtilement que toi. Ca, c’est sur. Crois-tu que je n’ai pas remarqué les regards que tu lui lançais ? Tu ne l’auras pas. Tu ne l’auras pas parce que tu lui fais peur.

- Et toi non ?

Non, moi, j’ai compris ce dont elle avait besoin et je lui ai donné. Elle était seule, je lui ai trouvé des amies, elle s’ennuyait, je lui ai trouvé des occupations, elle avait des doutes, je lui ai montré qu’elle se trompait.

- Et cela, sans doute sans recourir à aucun stratagème ?

- Bien sur que si mais subtilement. J’ai influencé ses opinions, assuré mes idées par suggestions mentales mais légèrement pour qu’elle pense que j’ai raison et qu’elle puisse avoir confiance en moi. Plus tu la maintiendras en ton pouvoir, plus elle te fuira. Moi, je me suis approchée d’elle comme quelques touches subtiles, comme pour renforcer mes propos.

- Sordide ».

Mutine soupira. Tu peux parler. Tu vas la voir et elle fonce se suicider avec ma technique, elle est très heureuse, elle quitte petit à petit ses ides malsaines de campagnes libres et de pouvoir du peuple.

- Vicieux et immoral. Peut être que je lui fais peur mais au moins, quand elle consentira à venir dans mon lit, ce sera en connaissance de cause. »

Rafale n’en revenait pas que son ami puisse tenir de tels propos. « Tu ne toucheras pas à cette fille.. »

Mutine se rapprocha d’Eclaircie caressant ses larges épaules avant de descendre le long de son torse. « Moi, je ne pense pas que se soit une si mauvaise idée. » Elle l’embrassa dans le cou tandis qu’il fermait les yeux pour savourer plus intensément ce contact. Mutine était douée, Rafale le savait. Elle connaissait bien des secrets pour faire perdre pieds à un homme et n’hésitait pas à en abuser. Cela dit, ce qui le choquait plus, c’était ses propos. « Que veux-tu dire Mutine ?

- Rappelez-vous la Syhy venant nous supplier de l’aider. Qu’est-ce qui l’a poussé à votre avis ? Son amour pour son peuple ? Sa haine pour son président ? Pas du tout. La seule chose qui l’a poussée vers nous, c’est le désir qu’elle avait pu ressentir pour l’un des nôtres. Elle a aimé Orage et par son amour s’est retrouvé totalement en notre pouvoir.

Rafale réfléchit. Un tel comportement lui faisait horreur mais il tenta de mettre ses sentiments de cotés. L’idée n’était peut-être pas si bête.

« Tu imagines que si Eclaircie arrivait à la séduire ça scellerait sa confiance envers nous ?

- A voir » dit-elle caressant toujours son amant. « Mes suggestions marchent bien, mais elle est ici dans un environnement propice, il n’y a pas que moi qui rentre en jeu. Toute la société qu’elle côtoie joue un rôle important dans ses croyances. Quand elle rentrera chez elle, loin de mon influence, et entouré de gens méfiants à notre égard qui lui complairont à lui assener des idées contraires, je ne suis pas sûre que mon conditionnement tiendra. Elle risque de m’oublier.

- Et tu penses qu’Eclaircie, elle ne l’oubliera pas ? »

Elle fit un sourire, se mordant légèrement les lèvres, en fixant Eclaircie dans les yeux. « Non, elle ne l’oubliera pas. La diplomatie n’est pas son fort, mais il y a certains domaines où il est très doué ».

Eclaircie sourit prenant la jeune fille dans ses bras. « Je vais te le confirmer » dit-il l’attirant contre lui. Mutine sourit et se dégagea pour se pelotonner dans les bras de Rafale. « Non » dit-elle de son petit air mutin. « Cette soirée je la réserve au père de mon fils ».

Rafale se mit à rire devant l’air déconfit d’Eclaircie. A croire qu’il ne connaissait pas encore Mutine pour se faire avoir à ses jeux. Il la serra contre lui, humant son parfum légèrement musqué, se perdant dans ses boucles dorées aux reflets cuivrés. Il était fou de cette fille.

Terre : Crête

« Vous étiez avec qui ?

- De quoi parles-tu ?

- Quand je suis arrivé, je vous ai entendu parler.

- Je suis un vieil ermite gâteux, pas étonnant que je parle tout seul.

- Et vous vous répondez avec une voix de femme qui dit vous susurre le genre de chose que j’aimerais bien entendre à mon encontre ?

- Cesse de me questionner ainsi. Un peu de respect avec les vieux ne te ferait pas de mal.

- C’est cela oui ». Thibault posa une bouteille sur la table de verre de la terrasse extérieure avant de s’abandonner au confort du fauteuil.

Le vieil homme désigna la bouteille.

« Alcool de figue » expliqua Thibault. « Importation d’une petite station balnéaire à l’embouchure du Tigre et de l’euphrate trouvé au village en bas. Je vous conseille. Les musulmans ont beau rejeter l’alcool et nous bassiner à faire claironner leurs mosquées à cinq heures du matin, leur alcool n’est pas mauvais.

- Je croyais que tu ne buvais pas.

- Disons que j’ai changé d’avis mais cette bouteille est pour vous. Au cas où vous auriez le mal du pays car si j’ai compris, vous avez vécu la-bas.

- Il y a longtemps oui.

- J’ai cru le comprendre aussi ». Vieil ermite sénile marmonna-t-il trop bas pour se faire entendre. Je t’en donnerais moi.

« Je vois que tu n’a pas ramené que ca. » Le vieil homme désigna le fin bracelet de cuir et la petite pierre noire au poignet de Thibault.

Thibault tendit le bras. « Cadeau d’Onirique. N’était-ce pas pour cela que vous m’avez envoyé là-bas ?

- Sûrement pas, je t’avais dit de ne pas y aller.

- Ce qui ne pouvait que me motiver davantage. Il parait qu’on les nomme pierre des Dieux. Si je peux la porter, dois-je en conclure que le sang des divinités coule en moi ?

- Baliverne, Ce sont de vulgaires catalyseurs et encore, de petites tailles..

- Tant mieux, je ne crois pas aux Dieux.

- A ta guise.

- Mais je crois aux Néfilims.

- Je vois que tu as fureté dans pas mal de chose.

En effet ».

Marcus était toujours fâché. Il ferait mieux de changer de conversation s’il ne voulait pas qu’il recommence à lui faire la morale sur son comportement digne d’un enfant gâté et totalement irresponsable. Mais il exagérait aussi. Après tout il s’était fait coincé alors que justement il cherchait à être discret. Il aurait dû s’enfuir directement. Et l’autre vieux qui disparaissait pendant des années sans une nouvelle. Il ne lui dirait pas où il était durant toutes ses années.

« Savez-vous qu’on vous recherche ?

- Qui ? »

Thibault sourit. C’était bien la première fois qu’il voyait Marcus s’étonner de quelque chose.

« Il n’y a pas que moi sur lequel il voulait mettre le grappin. Ils cherchaient aussi Mike, Emma, Hélène et vous. Mike a réussi à fuir mais il est sur les Maÿcentres. Je ne saurais dire où exactement, je préfère garder quelques distances avec lui. Hélène a réussi à s’enfuir je pense. Emma, aucune idée, mais elle est de plus en plus givrée. »

Marcus réfléchissait. Ces informations le perturbaient. Pourtant, il devait le savoir, ils étaient sans doute déjà passé ici. Nana avait dû le mettre au courant.

« Je n’aime pas ça ». Thibaut était d’accord. A la rigueur, il aurait bien aimé en savoir plus.

Plume : Territoire de Taegaïan

La petite navette d’Incarada atterrit aux portes du désert de Taegaïan. Jade s’en extirpa avant de s’étirer et de rabattre sur la tête une étole d’épais tissu vert sombre. Le soleil était trop violent dans cette contrée, il n’était pas étonnant qu’il vienne si rarement. D’un air connaisseur il fit le tour du grand vaisseau effilé de Taegaïan. On disait que c’était le plus imposant de la flotte. La rumeur disait vrai. C’était une merveille. Il activa le panneau de commande externe et pianota quelques instant sur l’écran tactile. « Pas mal » souffla-t-il. Un serviteur de la villa l’attendait. Il n’allait peut-être pas le faire patienter toute la soirée. Il referma délicatement le panneau. Il n’était pas revenu depuis les travaux de reconstruction après que Synshy ait tenté d’envahir Plume. C’était un bon boulot. Tae était une belle cité et bien plus grande que celles d’Incarada d’où il venait. La proximité de L’océan rose lui conférait un certain charme mais chaud, beaucoup trop chaud. Il s’épongea le front de son étole et descendit de cheval sur l’esplanade le confiant au serviteur qui l’accompagnait. Il y avait pas mal de monde pour un début de soirée Ce n’était pas étonnant, plus tôt ce devait être intenable dans les rues. Il plissa les yeux pour discerner les contours des deux personnes qui sortaient de la villa. Il reconnut le marchand Mangue. Il venait au moins une fois par an à Incarada. Enfin, sauf cette année. Normal il avait d’autres soucis. Une jeune femme l’accompagnait. Il ne la connaissait pas. Très jolie pensa-t-il.

« Alors marchand Mangue, ta présence nous a manqué cette saison. Ton remplaçant est un bon à rien, je ne le veux plus à Incarada.

- J’en suis désolé, nous avons été pris de cours. Un souci qui m’a retenu ici.

- Le petit Chiffre, je sais. Je suis là pour ça. Ou allons partir le chercher ton gosse puisque qu’il semble être coincé. »

La joie du marchand était bien agréable à ressentir. Un peu trop à vrai dire. « En aurais-tu douté ? »

Le marchand ne savait plus où se mettre. Oui, il avait imaginé qu’on abandonnerait son fils là-bas. Quel manque de confiance. Quoiqu’au fond, il n’avait peut-être pas tort, s’il n’y avait pas eu Grésil, ils auraient hésité à se risquer là-bas. A son sens, que ce soit Grésil ou Chiffre, l’occasion était trop belle de pouvoir rabattre un peu la prétention des mondes extérieurs.

« Vous partez sur les Maÿcentres ? »

Jade se retourna sur la jolie fille qui lui avait adressé la parole de façon si cavalière. Il ne lui avait même pas parlée et elle se permettait de le questionner.

« Qui es-tu toi ?

- Je suis Réalité, représentante de la campagne libre de Cashir.

- Je vois, la fille de Cyril ». Il lui fit signe de se pousser et s’engagea dans la villa. Oui, il avait entendu parler d’elle. Il avait envie de dire à cette petite impertinente qu’elle ferait bien d’y retourner en Cashir mais, vu la situation, il ferait mieux d’éviter. Il hésita dans le hall d’entrée. Il n’était plus venu depuis plusieurs années et tout ce dont il se souvenait de cette villa, c’était que c’était un véritable labyrinthe. Une épaisse porte claqua un peu plus loin laissant apparaître quelqu’un. Contrairement à sa première idée, ce n’était pas un serviteur, loin de là.

Maître Glace en personne songea-t-il, voila qui m’évitera d’aller m’embarrasser à lui présenter mes respects.

« Nous t’attendions plus tôt Jade. Nous pensions que tu profiterais du convoi d’Ambre. Il est là depuis plus d’une semaine.

- Je sais oui, mais j’ai préféré prendre une navette. Pourquoi s’embarrasser d’une dizaine de jours de voyages alors qu’on peut le faire en quelques minutes ?

- La façon dont le territoire d’Incarada gaspille ses réserves de carburant ne me concerne pas mais ne compte pas sur Taegaïan pour te réapprovisionner. » Jade sourit. Il devrait garder cette nouvelle secrète encore quelques temps, le temps que tout soit au point, il n’en était qu’à la phase expérimentale mais il ne put se contenir : « Il se pourrait que bientôt ce genre de détails ne soit plus un soucis. Si la chance est avec nous, bientôt nous pourrons fabriquer nous même notre énergie pour les navettes ».

Lire l’étonnement sur le visage en général impassible du Maître de Taegaïan en personne, voila qui était grisant.

« Je serais heureux d’en savoir plus » lui dit-il désignant un petit salon installé sous les arcades du patio.

Il travaillait là dessus depuis dix ans. Il avait douze ans quand il s’était passionné pour les énergies des autres mondes. Tout le monde se moquait de lui. Soudain, Glace le prenait au sérieux. « Voyons Maître, je suis à votre entière disposition, mais ce sujet, je le garde pour Incarada. »

Glace acquiesça. C’était normal, il ne pouvait s’attendre à une autre réponse. « Pluie t’attend » ajouta-t-il.

« Je sais oui. Vous joignez-vous à nous ?

- Pas cette fois. Je vais te faire quérir quelqu’un pour te monter le chemin et s’occuper de tes affaires. »

Jade refusa, il devrait pouvoir trouver le chemin et se dirigea sans attendre vers les appartements de Pluie. Deux gamins se précipitèrent vers lui, s’arrêtant net à un pas attendant qu’il ouvre les bras pour l’embrasser. C’étaient les deux fils d’Ambre et de Pluie qui vivaient avec leur père dans la cité voisine de la sienne. La gouvernante des enfants les poussa ensuite dans une pièce adjacente et il s’installa dans un canapé, prenant au passage quelques fruits secs sur le plateau au centre de la pièce, avant de parcourir la salle des yeux. Ambre était là, il le savait, il était lié à son cousin depuis plusieurs années. Pluie n’était pas là mais elle ne devait pas être loin, sans doute avec la gouvernante pour coucher les enfants. Il y avait la jolie Tempête aussi : une immense crinière de cheveux couleur d’ambre, des yeux assortis, une très légère mousseline qui ne cachait rien d’une poitrine ronde et généreuse. Si elle se baladait ainsi dans les mondes extérieurs, elle ferait des ravages. Elle riait, pétillante, comme à son habitude, avec Ambre. Il la voyait beaucoup quand il était petit. Elle côtoyait son grand frère et puis elle était partie plusieurs années sur les Maÿcentres du temps où il y avait encore une délégation là-bas, ensuite à Tiyana. C’était une vraie conquérante. Il avait entendu dire qu’elle avait fait un fils au Maître Matinée et bien sur, elle avait dû sauter sur l’occasion pour repartir à l’aventure. Une femme épatante. La dernière fois qu’il l’avait vu. Il s’était fait la remarque qu’elle était belle mais bien trop vieille pour lui. Maintenant, il prenait de l’age et elle était toujours aussi belle. Elle devait avoir quoi ? 32 ans, 33 guère plus. Dix ans de plus que lui mais quelle importance. Elle partageait déjà le lit de son frère. Ca, ca le gênait plus. Et celui du maître Matinée. La concurrence serait rude.

Il leva les yeux, entendant un frou frou de soie. Tiens, voila Pluie. La toute petite Pluie. Elle ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante. Il n’avait jamais vu d’Adarii aussi petite mais ça lui donnait un certain charme. Elle avait le type de Taegaïan. Les yeux très bleus comme ceux de Glace et Matinée, les cheveux noirs ondulés et la peau foncée. Un sacré caractère à ce qu’il avait entendu dire. Maître Glace avait refusé qu’elle fasse partie de cette expédition mais elle n’avait pas hésité à contrecarrer son ordre se contentant de dire qu’il s’agissait de sa fille et qu’elle irait autorisation ou pas. Si Maître Glace détenait l’autorité sur Taegaïan, On disait que la puissance de Pluie égalait presque celle du Maître Matinée. On disait aussi que sa mère n’était pas Adarii. Il avait du mal à le croire. Il se leva tandis qu’elle venait vers lui. « Nous désespérions de te voir arriver » lui dit-elle. « Tu as fait bon voyage ?

- Pas mal ». Il refit du regard le tour du salon. « Sommes-nous au complet ? » Demanda-t-il

« Non, il manque Rafale et Eclaircie » précisa Ambre.

Jade acquiesça et se prépara à attendre, résumant ceux qui participeraient au voyage. L’Annunaki Rafale, logique. Pas Eclaircie. Il ne venait que pour la réunion. Il le connaissait un peu. Il ne pouvait pas dire qu’ils s’entendaient bien, ils n’avaient pas les mêmes centres d’intérêt. Eclaircie étaient un romantique, perpétuellement amoureux alors que lui avaient d’autres priorités, fascinés qu’ils étaient par toutes ses technologies mystérieuses qui peuplaient les mondes extérieurs. Tempête venait : une bête sauvage qu’il se ferait une joie d’apprivoiser. C’était plutôt a cause de ses talents de pilote qu’on lui avait demandé de venir et de guérisseuse sans doute bien que personne n’avait osé évoquer la possibilité d’en avoir besoin, Ambre avait été choisi, sans doute pour modérer les choses, Pluie et lui-même. Pluie intervint. « On ne va peut-être pas les attendre toute la nuit. De toute façon, ils savent déjà de quoi il retourne.

- Nous le savons aussi ». Continua Jade. « Non ?

« A voir, que sais-tu de la façon d’agir ? » demanda Tempête.

- Simple. Nous allons sur les Maÿcentres. Pluie récupère sa fille et le fils de Mangue, nous donnons une bonne raclée au président Synshy, nous le virons de la villa Adarii et accessoirement, ce serait pas mal si nous rappelions à tous ces pouilleux qui commandent. »

Le silence envahit le salon à la fin de son discours. Il interrogea la salle du regard cherchant quelques soutiens. « Je ne suis pas sur que ce soit exactement le plan prévu par Rafale » dit Ambre.

Pluie sourit. « Je pense qu’on va bien s’entendre tous les deux ». Tempête s’assit sur le rebord de la fenêtre. Elle ne dit rien mais ses yeux pétillaient d’envie à cette perspective. Un jour elle aura les mêmes sentiments mais à mon égard, pas juste à l’idée de foutre le bordel dans les mondes extérieurs pensa Jade.

« Rafale souhaite que nous restions le plus discret possible.». Précisa Ambre. « C’est à lui de décider.

- Rafale n’est qu’un gosse » s’exclama Pluie.

« Il est Annunaki » s’offusqua Ambre.

« Ma fille aussi et ca ne l’a pas empêchée d’agir comme une idiote.

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