mercredi 23 janvier 2008

AP : 6. Chance : Chapitre 3

3

La chance est la faculté de saisir les bonnes occasions.

Douglas MacArthur

Terre : Nouveau Mexique

Quand Thibault avait vu son fils pour la première fois, Revanche avait dix ans. C’est l’age où un enfant peut déjà presque ressembler à un adolescent mais Revanche était encore un petit garçon un peu frêle et pas bien planté sur ses pieds. Genre du petit gars surprotégé par sa mère et sans père pour le pousser vers l’avant. Quand il l’avait aperçu il avait presque pu s’imaginer à quoi il avait pu ressembler bébé et ça le prit au cœur, comme un droit qu’on lui aurait arraché. Hélène disait qu’il avait sans doute des marmots dans tous les coins. C’est vrai qu’à une période, il avait remarqué qu’il était facile de plaire et avait eu une certaine propension à en profiter mais n’imaginait pas pouvoir avoir des enfants sans le savoir alors que celui là avait toujours été si présent en lui. Il se posa vite la question de savoir que faire. Il était là, debout au côté de Tempête, dans une attitude figée qui ne lui ressemblait pas, lui qui se vantait de surmonter toute situation aussi étrange soit-elle. Il se sentait dépassé, comme si c’était lui le petit garçon. A moins que ce soit l’angoisse de son fils qu’il ressentait. Il attrapa la main de Tempête et la serra comme ferait un enfant devant un danger et elle se laissa faire le rassurant même par des sentiments apaisants. Sa démonstration de lâcheté le dégoûta et il se força à couper ce contact protecteur pour s’avancer vers le petit garçon. Il s’agenouilla sur la piste d’atterrissage pour être à sa hauteur, le dévisageant, cherchant une trace de ressemblance dans cette peau halée, ces cheveux sombres et ces yeux verts. Oui, il lui ressemblait. Mais pas physiquement. Ce qu’il avait eu de lui était plus profond.

Revanche s’était approché lui aussi s’arrêtant à quelques centimètres de lui. Il n’avait pas peur. Sans doute avait-il une autre approche et ne voyait nulle menace ni crainte d’aucune sorte à se retrouver face à quelqu’un connu depuis toujours. Il attendait, c’est tout. Il attendait comme tout enfant se doit de faire avant d’entrer en contact avec un Adarii. Il ne le prenait pas pour un bon à rien ou un être inférieur. C’était son père et il attendait. « Tu peux venir » dit-il dans sa langue.

Il sentit une pointe d’étonnement fusant de Tempête. Il lui avait fait croire qu’il ne connaissait pas la langue de Plume. Elle l’avait pris pour un con. Ils l’avaient tous pris pour un con. On lui avait dit, tu verras Revanche une fois que tu auras trouvé Ninhoursha et puis, revenant sur cette décision, elle avait dit qu’il viendrait plus tôt, en gage de leur bonne foi. Bonne foi mon cul oui. Il espionnait les conversations télépathiques de Tempête. Ses pensées aussi quand il y arrivait. Bien sur, elle se méfiait des capacités que pouvait lui procurer sa pierre mais pas assez. Il serait toujours sous estimé. Ca n’avait rien à voir avec une quelconque preuve de bonne foi. Ils avaient emmené Revanche maintenant car il craignait de le faire plus tard. Ils craignaient que le petit Revanche qui grandissait n’établisse un lien télépathique avec son père ou tout au moins soit capable de lire ses pensées. Non, elle s’était dit, tant qu’il est encore enfant, on ne risque rien. Il ne pourra pas communiquer avec son père, il ne parle pas notre langue. Manque de pot, il avait « oublié » de lui dire qu’il la parlait. Les pouffiasses de Tempête ou de Pluie allaient l’avoir en travers. Maintenant, c’était trop tard. Il cessa de penser tandis que son fils se pressait contre lui et l’entoura de ses bras comme si c’était ce contact qu’il recherchait depuis toujours puis il leva les yeux et il la vit.

La mère de Revanche, Sentiment. Froide et belle comme une divinité sortie d’une légende scandinave. Il lâcha son fils afin qu’il ne perçoive pas le dégoût que lui inspirait cette femme mais ce sentiment passa lui aussi compensé par un autre. Il se souvenait cette femme qui avait été sienne durant à peine quelques jours, à leurs baisers et leurs caresses, leur proximité qui avait été si courte mais si intense. Il y avait cru. Pas longtemps mais il y avait cru intensément et il n’avait été qu’un instrument pour elle. Elle s’était servi de lui pour ensuite le jeter tel un kleenex usagé. Et, il ne lui pardonnerait jamais. Bien sur, il avait séduit des femmes ainsi pour partir lâchement au petit matin mais, jamais il ne leur avait menti. Parfois il avait omis certains détails mais n’avait jamais cherché à les tromper. Peut-être est-ce pour cela d’ailleurs qu’il était toujours seul. Sentiment l’avait manipulé, usant de perfides promesses afin de lui arracher des informations, le pressant jusqu’à la moelle, sortant de lui tout ce qui pouvait lui être utile et ne laissant qu’une coquille vide, rejetée et condamnée à la solitude . Toute culpabilité vis à vis de son stratagème s’évanouit. Il n’était pas resté inactif ces derniers mois. Avec Tempête, il menait recherche sur recherche sur toute trace pouvant avoir été laissé par Ninhoursha dans l’histoire. Ils étaient repartis sur les lieux qu’il avait fuit en Irak et en Arabie sans trouver nulle trace de son passage puis ils étaient parti aux Etats-Unis. Ils ne pouvaient rester insensibles au chamboulement que traversait la Terre. Il avait été présent quand le premier vaisseau de Vengeance avait atterri sur Terre. Il avait assisté, amusé, à la panique que cette nouvelle avait engendrée, à l’excitation aussi et la soif de savoir qui s’en était suivi. Tout avait été transformé, ils étaient entré dans une nouvelle aire, leur horizon s’agrandissait comme le sien l’avait été quelques années plus tôt. Peur de l’inconnu, attraction de la nouveauté. Maintenant, c’était différent. Ils apprenaient qu’ils avaient été dupés. Petits à petits des rumeurs s’étaient propagées concernant des activités en sous mains de la confédération. Ils n’avaient rien apporté en dehors de beaux discours et la fortune à quelques rares entreprises qu’ils avaient pris sous leurs ailes afin de les exploiter. Par contre, ils s’étaient infiltrés partout, prêt à prendre le contrôle des sources d’énergies de la planète et des systèmes de communication. C’était leur façon de faire. De la part de Synhy, il n’y avait là nulle malveillance mais juste une façon de se protéger élaborée et mise en place par sa salope d’assistante Dya. La vérité commençait à faire surface. Il y avait manifestations sur manifestations, des appels à la guerre, des supplications de paix. De ceux qui voulaient couper le contact et ceux craignaient de le faire. De ceux voyant le changement de président comme une promesse de gloire pour la Terre et ceux imaginant la menace potentielle. Au milieu de cela, il avait trouvé sa place. La confédération l’avait supplié de revenir. Il avait été méfiant, craignant le piège mais en fait, rare étaient ceux qui avaient été mis au courant de son interpellation et la désorganisation été complète. La plupart des traîne savate qui travaillaient dans la base de transit avaient fuit devant l’agressivité ambiante, remplacé par d’autres bons à rien ignorants.

La vague avait déferlé à nouveau quand la Terre avait appris le déroulement de la procédure des votes apprenant par là même que la confédération était associé à deux autres mondes dont personnes n’avait jamais entendu parler. Le légat Vygosi était reparti, théoriquement pour assister au vote alors qu’il n’avait pas de voix à donner, et au milieu de ce chaos, Thibault avait été accueilli tel le messie à qui on supplierait de remettre un peu d’ordre. Il avait accepté. On ne refusait pas une place à partir de laquelle on pouvait avoir accès au monde entier. Il était devenu une véritable vedette. Aduler pour le pouvoir suprême, il possédait l’information. C’était lui qui gérait pratiquement tous les médias. dans un premier temps, il avait refusé. Il se cachait depuis des mois, ce n’était pas pour ce mettre en avant plan. « Et pourquoi pas ? » lui avait demandé Tempête. La réponse était évidente, Ninhoursha allait le repérer. Tempête avait approuvé avec un air vraiment vicieux. C’était exactement ce qu’elle espérait. Pousser Thibault au centre de l’activité afin d’appâter Ninhoursha. « Tu le fais et on t’amène Revanche »

Pouffiasse. Mais maintenant, il était là. La plate-forme de l’astroport était presque déserte. Comme quoi, les gars chargés de la sécurité faisaient leur boulot. Thibault avait fait recruter des gars du coin. Bien plus efficace que les loppettes de la confédération ou tous les mecs un peu costauds étaient recrutés par la garde présidentielle. Thibault soupira et attrapa son fils par la main. Il fallait à tout prix qu’il évite de se retrouver trop proche de sa mère. Il observa Sentiment du coin de l’œil. Elle avait une robe longue et droite largement fendue qui pouvait avoir été fabriquée ici même et avait couvert sa tête d’une large étole vaporeuse qui lui descendait jusque sous la taille lui donnant des airs de madone. Madone des enfers pensa Thibault. Pour ce qu’il envisageait, il aurait préféré quelque chose de plus exotique mais ça ferait l’affaire. Il avait eu envie d’innover une vengeance très particulière mais n’avait pas trouvé de plan digne d’elles alors il avait lâchement copié. Au moins, c’était un plan qui avait fait ses preuves et l’image de l’arroseur arrosé n’était pas pour lui déplaire. Quand Mike était revenu, Tempête avait ameuté la presse. A coup de sourires ravageurs et de son petit air naïf pimenté par suggestion mentale, elle avait suggéré aux médias de s’attaquer à Mike dès son arrivé. Ca avait bien marché et ça lui pourrissait encore la vie. Il en profitait en contre partie pour lancer quelques rumeurs qui avaient du mal à se propager. Au fond, parfois il faut se contenter des choses simples. Après tout, c’était Tempête qui voulait qu’il soit porte parole. Il était donc normal qu’il annonce la venue d’un représentant du nouveau monde de Plume. Il sourit de contentement en traversant la base. La foule à la sortie était encore plus impressionnante qu’il ne l’avait imaginée. Il s’avança le premier, traînant presque Revanche vers une longue limousine noire. Il avait prévu un cortège impressionnant pour accueillir cette nouvelle personnalité et réservé le plus bel hôtel de la ville. Il dit quelques mots aux journalistes sur la fatigue du voyage, comme s’il les suppliait, sans conviction, de les laisser tranquille alors que de toute façon il leur avait déjà vendu le nom de l’hôtel où elle descendrait et s’engouffra dans la voiture. Il hésita. Il aurait voulu fermer les portes et demander au conducteur de démarrer en trombe mais Revanche était inquiet. Tout était nouveau pour lui et il avait besoin de la présence rassurante de sa mère. Il attendit donc que les deux femmes se débarrassent des journalistes et entrent sur la banquette face à lui. Sentiment se mit de suite à l’invectiver sans se préoccuper de la présence de Revanche. Elle avait vite compris. Tempête hésitait. En même temps coupable de ne pas l’avoir vu venir, embêtées par les difficultés que cette célébrité pourrait procurer mais aussi secrètement amusée. Elle avait toujours adoré être le centre du monde. Thibault laissa Sentiment finir son monologue jusqu’à épuisement. Se contentant de répondre à sa dernière question. « J’ai demandé à Mike de les prévenir, tout simplement. Il a adoré cette idée ».

Elle recommença à l’insulter

« Tu as fini ? » dit-il quand elle s’arrêta pour reprendre son souffle. Elle le fusilla du regard. « Tu as raison, tais-toi » dit-il.

Elle reprit sa hargne de plus belle et Thibault reprit son ordre assorti d’un ordre mental renforcé par sa pierre et la vit, avec plaisir, incapable de produite un son supplémentaire. Il la garda ainsi en son contrôle par pur sadisme. « Thibault lâche-là » soupira Tempête. « Non. Je la lâcherais quand elle comprendra qu’elle n’a pas à me parler ainsi » Sentiment devait être furieuse. Elle avait croisé les bras et ne diffusait pas la moindre émotion mais il y avait une légère crispation du visage, une veine saillante du cou qui battait un peu trop vite. Elle fulminait, c’était certain.

La petite voix de Revanche s’éleva demandant gentiment de laisser sa maman. Il n’y avait nulle agressivité dans cette demande, rien que du très banal. Ce genre de manifestation n’avait rien de méchant dans une culture ou le plus puissant est toujours valorisé. Il y avait même une certaine fierté dans ce petit corps. C’était son père. Il pouvait tenir tête même à sa mère. Thibault sourit de plaisir intérieurement et lâcha Sentiment qui émit un cri avant de se taire se tournant maintenant vers le paysage qui défilait derrière les vitres teintées. « Je te déteste » dit Sentiment en Anglais.

« C’est réciproque » répondit Thibault. Tempête se mordait les lèvres, gênées. Revanche ne comprenait pas. « Ca va aller » lui dit Thibault dans sa langue. Sentiment serrait les poings. Ca devait vraiment lui faire un choc qu’ils puissent se comprendre autrement que par simple empathie.

Maÿcentres : Ambassade de Plume

« Non, je ne démentirais pas. Tu peux penser ce que tu veux, ton avis est bien la dernière de mes préoccupations.

- Légat Accalmie » souffla Dyasella dans un soupir désespéré. Il se sentit coupable, il ne voulait pas la blesser. Il se retourna vers Umya qui diffusait encore plus de contrariété. « Désolé » lui dit Accalmie.

Ce dernier fit un signe qui voulait dire pour ceux de la confédération que c’était oublié alors qu’Accalmie percevait très facilement que ce n’était pas le cas et reprit sur son sujet de prédilection. « Comprenez moi Adarii Accalmie. Je ne demande pas mieux que de vous faire confiance.

- Mais vous pensez que je suis avec eux car je partage le même toit et qu’à force de supporter les harcèlements de Rafale, je deviendrais son petit mouton sans doute. Désolé, il n’est pas si puissant.

- Accalmie, pitié » supplia Dyasella.

- Arrête de geindre Dyasella, tu es plus forte que ça. Je ne te veux aucun mal et tu le sais bien.

Les sentiments d’Umya se métamorphosèrent passant de la frustration à un plaisir vraiment sadique qui irrita encore plus Accalmie. « Thaïs, je ne te permets pas » hurla-t-il.

Ce dernier resta debout, se forçant à lui tenir tête. « Je n’ai pas dit un mot. »

Accalmie se prit la tête dans les mains et s’assit dans un fauteuil. Il allait finir par devenir dingue. « Je resterais à la villa » répéta-t-il revenant au début de la conversation. « Non pas parce que je suis dans un camps ou dans l’autre mais parce que je suis intimement convaincu de pouvoir concilier les deux. Sans doute pas tant que j’aurais Rafale dans les pattes mais il ne restera pas éternellement. Et je suis bien ici », avoua-t-il. « Il y a des jours où j’ai du mal à savoir qui je suis à force de jouer un rôle. Je ne me sens pas de la Terre même si j’y ai vécu et que je ne lui veux que du bien. Encore moins de Plume que je ne connais pas même si je le fais croire aux conseils. Je ne sais pas qui je suis mais je sais ce que je ne suis pas : Je sais que je ne suis pas d’ici mais paradoxalement, c’est au moins quelque chose de clair. Ici, j’ai clairement un statut d’étranger et ça me convient. Je suis bien installé, je me sens utile et cela me procure une certaine satisfaction. Je me sens bien dans l’ambassade de Saphir-Plume et j’y resterais ». Accalmie perçut bien que ses interlocuteurs avaient du mal à saisir sa tournure d’esprit. Même pour lui, ce n’était pas clair. Au fond, ce n’était pas si important. « Et par-dessus tout » ajouta-t-il pour Dyasella. « Je n’oublie pas ce que vous avez fait pour moi en me cachant durant plusieurs mois et j’ai plus que de la gratitude à votre égard. Vous ouvrez des possibilités, vous avez en vous un idéal que je ne peux qu’admirer, vous êtes la seule dépourvue d’ambitions personnelles, vous pensez aux autres avant vous-mêmes et c’est pour cela que je veux vous aider ».

Dyasella sourit. Accalmie était heureux d’avoir enfin pu lui faire passer ce qu’il ressentait. La frustration d’Umya était revenue, encore plus forte. Il se tourna vers lui. « Et non je n’ambitionne pas de coucher avec elle » ajouta-t-il reprenant son ton courroucé. Umya était si gêné qu’il ne put sortir un mot et Dyasella, pourtant très ouverte pour une fille de la confédération, rougit jusqu’aux oreilles bafouillant quelques mots sur son incompréhension.

Accalmie se leva et se dirigea vers la sortie de la maison de la Syhy. « Mais si Thaïs me fait encore une fois profiter de ses crises de jalousies, peut-être bien que Dyasella aura raison d’avoir peur de moi ».

Plume : Taegaïan

« Donne-moi l’enfant » dit Eclaircie. Réalité obtempéra, étonné de ce ton impératif. Elle tendit le petit à Eclaircie et lissa son sari encore un peu froissé. Elle l’avait gardé dans son sac pour la montée lui préférant une tunique de petite fille craignant d’animer un tissu trop délicat et s’était rhabillée aux abords de la cité. Elle ramena un pan beige rehaussé de bordures de fleurs bleu foncé sur la tête. Le soleil tapait fort. Eclaircie ne lui avait pas dit la cause de ce départ précipité. Elle se contenta de le suivre au travers de ruelles étroites, suivant un mouvement de foule qui prenait le même chemin qu’eux. Elle s’était laissée distancée et la foule s’était refermée sur elle et elle se força à se frayer un passage jusqu’à une allée plus large. Elle n’avait jamais vu tant de monde. Elle entendit plusieurs fois le mot bateau et arriva jusqu’au port s’arrêtant net à la vue d’un immense voilier de Cashir. Elle se mit à crier de joie et à courir. On était venu la chercher. Elle se précipita sur le quai et traversa la foule de curieux en donnant des coups de coudes, trop pressée pour rester polie. Elle s’arrêta à la limite de l’eau et fit de grands signes. Quelques hommes arrêtèrent leur travail et vinrent vers elle. Une planche fut tendue entre le bateau et le quai et un jeune garçon se précipita pour l’aider à monter à bord. « Réalité » dit-il l’étreignant trop fort comme ces adolescents pas encore conscient de leur force. Elle voulut s’éloigner mais le regarda plus attentivement. « Elwan ? , Elwan » répéta-t-elle en le serrant maintenant encore plus fort que lui. Quand elle était partie son frère était encore un petit garçon qui lui arrivait à la hauteur de la poitrine et maintenant il la dépassait d’une tête. Evidemment qu’elle ne l’avait pas reconnu. Il se mit à parler à toute vitesse. « Tu vas bien ? Apparemment oui. On voulait venir plus tôt mais les mondes extérieurs bloquaient le trafic maritime. Et ils sont partis tu sais. Du jour au lendemain. On a reçu un message de papa. Il paraît qu’il est ambassadeur maintenant, il dit que si Cashir est libre c’est en partie grâce à toi. C’est formaidable

- J’imagine » coupa Réalité ne pouvant ôter son sourire de ses lèvres. Un deuxième garçon arriva à son tour se précipitant sur Réalité. Il avait grandi aussi. Un vrai petit homme. Les marins virent à leur tour l’étreindre. Elle connaissait la plupart de ces hommes depuis son enfance. Elle ne pouvait s’arrêter de rire et pleurer à la fois. Elle était submergée de questions et en avait autant à poser. « Maman ? » demanda-t-elle.

- Elle a débarqué. Nous sommes venus te chercher. Elle est partie avec plusieurs hommes vers la grosse bâtisse là-bas.

Son petit frère avait perdu son sourire. Il était inquiet. Je voulais l’accompagner mais elle a refusé. « Maman est persuadé qu’ils t’ont fait du mal.

- Fais moi descendre, je dois la retrouver. Le pont fut remis et elle sauta sur la terre ferme ses frères sur les talons.

- On vient avec toi »

Réalité acquiesça. Ca l’amusait de voir ce petit bonhomme qui était toujours dans ses jupes au moindre orage qui voulait maintenant la protéger. Elle franchit en courant les quelques allées qui la séparait de la villa et s’arrêta essoufflée dans le grand hall désert. Ses petits frères la suivirent, moins assurés. Elle hésita. Si sa mère avait croisé des domestiques, ils l’auraient fait entrer dans le salon d’accueil en attendant que quelqu’un veuille la recevoir. Elle s’y dirigea et ouvrit la porte après une grande inspiration. « Maman hurla-t-elle.


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