lundi 21 janvier 2008

AP : 5. Plaisir : Chapitre 11

11

A quoi sert de se quereller, quand le raccommodement est impossible ? Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix.

Alfred de Musset

Pavillon des Lytyl-Paktyl

« Il règne sur la colline du conseil comme un esprit d’anarchie. Les ambassadeurs ont pris les reines du pouvoir chacun essayant de tirer la couverture à soi. Certains groupes dissident en profitent pour germer tel la famille Lytyl de Vengeance qui semble en profiter pour mobiliser les provinces voisines à se détacher des Maÿcentres ou le fils de l’ancien président qui tente de profiter de son nom pour se faire une place à un échelon supplémentaire. Dyasella et cinq autres candidats potentiels sont entrés en campagne. Dyasella mise tout sur la paix et la liberté mais, si ces valeurs touchent le peuple, elles ont moins d’impact sur leurs représentants et les chances de leur faire accepter sa candidature sont de plus en plus minces. Une autre pièce se profile : Une pièce nommée Dya. Assistante personnelle du président et déléguée de la colline du conseil, elle ne devrait avoir aucun droit mais, étant donné que Synshy avait refusé la présence d’un premier conseiller à ses cotés, petit à petit, elle tente de faire accepter l’idée qu’elle assumait des charges similaires et devrait par conséquent avoir des droits équivalents Même si elle vient d’une sphère populaire, elle grappille de plus en plus de soutiens et prône les anciennes valeurs : rigidité, sobriété. Elle veut mettre fin à toute transaction n’ayant pas une visée utilitaire et remplacer les structures non fonctionnelles qui, selon ses termes ne sont que dépenses inutiles. » Umia arrêta son enregistreur ne voyant plus quoi ajouter.

« La fontaine » lui dit Dyasella

« Quoi la fontaine ?

- Vous savez, la grande fontaine au centre de l’esplanade. Dites aussi qu’elle veut s’en débarrasser »

Umia fronça les sourcils. Il ne voyait pas ce que cette chose avait à voir dans l’histoire. Jamais personne n’avait envisagé de détruire ce monument.

- C’est Marcus qui l’a bâtie. » insista Dyasella « Il en est très fier. Réalité m’avait confié que pour lui, c’était le premier pas vers un nouveau monde. De part sa position centrale, elle est vue de tous et par conséquent, provoquerait un sentiment d’admiration qui se répandrait et serait la fierté de la colline et patati et patata. Il espérait qu’elle devienne une sorte de symbole. La renaissance des Maÿcentres »

- D’accord. » Umia voyait mieux où elle voulait en venir. Ma foi, si Marcus tenait à ce monument. C’est vrai qu’il était grandiose. Il reprit son enregistrement tout en réfléchissant à sa formulation. « Les idées de Dya n’ont à mes yeux pas toujours un sens très concret. Ainsi, elle a comme projet de détruire la fontaine formant le centre de l’esplanade pour, selon ses termes, rendre l’esplanade aux piétons qui sont obligés d’effectuer un large détour, sans parler du risque de se faire mouiller quand le vent pousse l’eau des jets en dehors de la structure » Il arrêta à nouveau l’enregistreur. Dyasella approuva.

« Dites aussi que les autres candidats approuvent le projet ». Umia s’exécuta ajoutant qu’à son avis ainsi que celui de Dyasella ce ne serait pas par de telles méthodes qu’on atteindrait la popularité même si elles plaisaient à une bonne partie des conseillers qui voyaient en cette base de politique stricte et épurée une façon d’économiser pour la communauté et de récupérer les fonds à titre personnel. Dyasella approuva.

« Vous pensez sincèrement faire revenir Marcus Substance avec si peu ?

- Les Adarii se sont déplacés pour une maison, Marcus se battra pour une fontaine. »

Umia fit remarquer que c’était la présence de Grésil qui avait poussé les Adarii à venir et encore, ils avaient mis du temps.

« Il viendra » dit Dyasella « et il m’épaulera. Je ne sais pas de quoi il est capable mais puisque ce monsieur veut jouer les espions, il va être pris à son propre jeu. »

C’était textuellement la phrase qu’avait sorti Umia à Dyasella pour lui parler de son plan de donner de fausses informations à Substance puisqu’il continuait à réclamer des rapports de la situation. Puisque, il les avait discrètement poussé à se lancer dans cette aventure, il n’y avait pas de raison qu’il les abandonne maintenant et, par conséquent, il suffisait de lui faire croire qu’ils étaient au bord du gouffre-ce qui n’était malheureusement pas un mensonge. Pour des raisons qu’elle n’expliquait pas encore, les délégués des plates-formes qui les avaient toujours soutenus, hésitaient à virer de bord et le deuxième satellite reprenait ses jérémiades comme quoi il ne voulait pas de femme au pouvoir. Si vraiment les mystérieux plans de Substance voulaient Dyasella au pouvoir, il reviendrait. Maintenant, il craignait un peu de transformer la vérité. Il ignorait de quoi il serait capable quand il l’apprendrait.

« Quand vient-il chercher les enregistrements ?

- Je pensais les apporter chez lui.

« D’accord. Bon, ça, c’est fait. Ensuite. Vous avez parlé à l’ambassadeur Paya ?

- Oui

- Et ?

Umia réfléchit cherchant à résumer le plus clairement possible ce pathétique entretien avec cette bourrique dépourvue du moindre bon sens. « Il soutiendra votre candidature si Ambre la soutient devant le conseil »

Dyasella serra les dents « Qu’est-ce que l’Adarii Ambre a à voir dans ma campagne ? »

Umia avait du mal à expliquer les termes de l’entretien. Il se serait cru sur un autre monde tellement les réflexions de l’ambassadeur étaient dépourvues de sens. D’ailleurs, c’était le cas, le deuxième satellite était vraiment un autre monde malgré sa proximité avec Vengeance mais très peuplé, donc ayant de nombreuses voix. Selon sa façon de voir les choses, Dyasella était une midinette qui ne devait sûrement pas tourner bien rond vu que, malgré ses attraits physiques indiscutables, elle n’avait même pas été capable de garder un homme et qu’elle ferait mieux de s’arrêter de faire de la politique et faire des enfants. Il disait aussi que jamais il ne pourrait dire décemment devant son peuple qu’il avait soutenu une telle candidature pour un poste de responsable de l’état qui méritait une poigne de fer. Umia épura un peu le discours avant de le transmettre à Dyasella qui serra les poings d’indignation « il est vraiment stupide ou personne ne lui a encore dit que ça ne se passait pas ainsi ici ? »

Umia penchait pour la première hypothèse « il est vraiment stupide »

- Mais vous avez parlé d’Ambre. Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ? »

Umia choisit là aussi de résumer l’extravagante pensée de Paya « Ambre serait venu le voir avec la jolie Pluie à son bras, sans doute à moitié nue afin de faire couleur locale, pour s’entretenir entre peuples civilisés suivant ses termes. Ils auraient discuté de la faiblesse de la confédération et de la tristesse de se retrouver associé à des mondes aussi faibles et Ambre lui aurait dit qu’à son avis aucun candidat ne pouvait les représenter dignement ce sur quoi il avait été d’accord »

Dyasella serra les poings. Les sales petites ordures. A quoi jouaient-ils ? Sa candidature était toute à leur avantage. Ils l’avaient même admis. Pourquoi lui mettaient ils des bâtons dans les roues ? Sans doute juste parce qu’ils étaient vexés qu’Acalmie leur soit passé sous le nez ou alors comptaient-ils la convaincre de s’associer avec un autre des leurs ? Ca, c’était hors de question. Elle ne leur ferait jamais confiance. Accalmie était un cas à part. « Comment Ambre, qui au fond n’a rien d’un athlète, a-t-il tant impressionné Paya ?

- D’abord, comme je l’ai dit il s’est présenté avec une jolie fille qui a fait semblant d’être soumise. »

Pluie en femme soumise et il avait gobé ça. Celle là, en plus, elle avait disparu des Maÿcentres et Umia avait du mal à savoir si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle.

« Ensuite, Ambre est Adarii, il est impressionnant par nature même si Paya y est moins sensible et enfin pour parfaire le spectacle. Il a soulevé un table de marbre de près d’une tonne d’une seule main »

Dyasella s’assit en soupirant. Paya jugeait quelqu’un à sa faculté de soulever quelque chose. Comme si c’était ainsi qu’on gérait un peuple « Se rends-t-il compte qu’il y a de fortes chances qu’Ambre se soit contenté de lui faire croire qu’il l’avait soulevée ?

- C’est là où l’entretien a mal fini. Je lui ai fait remarquer ce détail. Du coup il s’est mis en colère et m’a montré les traces qui prouvaient que la table avait bien été déplacée et m’a accusé de le prendre pour un idiot alors que même la femme la plus moche n’avait pas voulu de moi. »

Dyasella choisit de laisser tomber pour le moment. Un tel manque d’intelligence était trop douloureux à supporter. Elle passa au point suivant « Les représentants des Plates-formes ? » demanda-t-elle.

Umia hésita. Dyasella était à bout de nerf, ce n’était sans doute pas la peine d’en rajouter mais il la connaissait. Elle voudrait savoir. « J’ai vu Talimaÿ la représentante de la plate-forme de Vengeance et des planètes d’extraction associées. Une femme qu’on m’a dit être intelligente et cultivée »

- Et ? » Dyasella était méfiante. Le ton de sa voix s’en ressentait.

« Quand je lui ai expliqué vos ambitions et ce que ça pourrait apporter aux plates-formes, elle a semblé y réfléchir mais elle m’a répondu en rougissant comme une collégienne qu’elle ne savait pas trop, que Synshy leur avait mené la vie dure et que vous n’aviez rien fait pour eux durant ce temps malgré votre place au conseil et que c’était un peu facile de faire de belles promesses une fois la place laissée libre.

- Les autres candidats non plus n’ont rien fait.

- Attendez, vous allez en pleurer. Elle m’a expliqué que l’Adarii Jade était passé la voir. Elle a bien précisé que eux seuls avaient eu la force et la volonté de s’opposer au président et que Jade pensait que vous deviez sans doute sincèrement croire à vos projets, mais que vous seriez trop faibles pour les mettre en pratique. Elle m’a parlé de vous comme d’une petite idéaliste qui avait la tête dans les étoiles »

Dyasella serra les poings. Elle aurait bien pris le plateau et l’envoyer contre le mur juste pour se défouler. C’était mal de se laisser aller ainsi, elle n’était pas une primitive. Elle ne s’abaisserait pas au rang de Paya. Elle ferma les yeux pour se concentrer sur son contrôle. Pluie, mettait ses menaces à exécution. Elle l’avait prévenue soit elle faisait candidature conjointe avec Accalmie soit les Adarii la détruirait. Ce n’était tout de même pas sa faute si Accalmie avait disparu. « Vous lui avez fait remarquer que si les Adarii étaient venus chasser Synshy, c’était grâce à moi. Qu’ils se fichaient des Plate-forme et de tout, si ce n’est eux ? »

Grâce à nous pensa Umia mais c’était un détail « Je le lui ai dit. Elle a bafouillé qu’elle ne savait pas trop, que ce n’était pas ce que Jade avait dit et qu’entre monde excentrés et exploités par Vengeance et les Maÿcentres, ils devaient s’entre aider »

Dyasella réfléchit et se força à parler doucement « Et que propose l’Adarii Jade ? Il ne compte tout de même pas soumettre sa candidature ?

- Vous plaisantez. Ce n’est pas assez bien pour eux. Non, il ne propose rien. Je pense qu’ils ont juste discuté, qu’il réfléchira à ce qui serait le mieux pour tous et qu’elle fera comme il lui dira ». Umia n’ajouta pas que, vu comment cette femme pourtant mature et intelligente bafouillait et rougissait, Jade avait dû lui faire un jeu de séduction tout à fait répugnant qui aurait dû lui faire honte. »

Dyasella avait toujours les yeux fermés, elle devait chercher à se contenir. Elle s’échauffait trop facilement « Et les autres Plate-forme ?

- Pas de commentaire. Ils refusent de se prononcer avant d’avoir discuté de l’affaire entre eux mais la base demeure : Les mondes excentrés tels que les plate forme, les planètes d’extraction, le deuxième satellites Saphir et Plume doivent se soutenir car nous ne leur avons jamais rien apporté et il n’y a pas de raison que ça change et automatiquement, ils se rapprochent de Saphir et Plume qui sont les seuls a avoir agi de façon constructive et chassant Synshy »

Mais justement, c’est pourquoi elle leur proposait une politique qui était à leur avantage. Pourquoi n’en tenaient-ils pas compte ?

Umia attendit qu’elle expose cette interrogation « parce que vous êtes de Vengeance et qu’ils n’ont pas confiance en ceux de Vengeance »

Dyasella était suffoquée « et ils ont confiance aux Adarii ?

- Les Adarii viennent d’un monde pris en otage et brimé par Synshy. Ils ne peuvent que les comprendre. C’est l’idée générale.

- C’est Cashir qui est opprimé, le reste de la planète est resté isolé uniquement parce que ça les arrangeait bien »

- Je sais mais c’est nous mêmes qui nous sommes servi de cette rumeur d’exploitation. Les Adarii ont juste eu à jouer les victimes et maintenant les mondes excentrés ne veulent rien entendre, ils se méfient ».

« De même les délégués des basses villes, des villes souterraines et des villes plates espèrent un hypothétique soutient des Adarii qu’ils considèrent comme une sorte de mythe vivant, des sauveurs ou autre divinité protectrice de Vengeance mais en leur absence, vous soutiendraient volontiers. Vous avez évidemment l’appui de la Terre. Ce qui ne fait qu’un ambassadeur car la population jugée trop primitive n’est pas prise en compte pour les votes. Ainsi en a décidé Dya. Vous avez aussi le soutien de la première province de Vengeance. Liens familiaux obligent. N’oubliez cependant pas d’aller leur rendre une petite visite de courtoisie. Par contre les villes hautes ainsi que le plateau et la colline sous l’influence de Dya, ne veulent rien avoir à faire avec quelqu’un qui traite avec les Adarii.

- Si je comprends bien le haut ne me soutient pas parce que je traite trop avec les Adarii et le bas parce que je ne traite pas assez avec eux.

- C’est bien résumé. Mais à choisir, le haut comme vous dites, ne représente que quatre voix. Ce serait plus facile de s’en passer si vous pouvez avoir le bas et les mondes excentrés.

- Et Saphir et Plume.

Umia Acquiesça. Et Saphir et Plume si ils envoient des représentants, ce qui n’est pas sûr. Je pense qu’après avoir fait leur beaux discours de martyres pour vous démolir, ils ne se présenteront pas au vote car ils se considèreront comme indépendant.

- Et pourquoi ne veulent-ils pas me soutenir ? Ils ne proposent rien d’autre. C’est juste pour m’embêter ou quoi ? » Dyasella se rendit compte qu’elle parlait comme une petite fille mais cette situation était tellement aberrante aussi. Elle était prête à traiter avec les Adarii mais ces derniers refusaient expressément de la voir. »

Umia ne réfléchit pas, perdu dans une réflexion en référence à ses propres paroles. Saphir et Plume risquaient en effet de ne pas se présenter, proclamant leur indépendance au système. Ce serait logique, d’autant plus que suivant leur culture un poste de direction ne peut être confié à quelqu’un qui ne soit pas Adarii mais que ce passerait-il s’ils suggéraient aux autres qui les soutenaient de se retirer aussi des votes et de proclamer par là leur indépendance ?

Ils tombaient dans un conflit dans lequel les Adarii, dont leur seule faiblesse était leur manque de ressources en technologie et énergie, se retrouvaient alliés aux planètes d’extraction d’énergie et de minerai. Le tout contre Vengeance et les Maÿcentres. Umia commençait à cerner où penchait la bascule.

A long terme, ils ne tiendraient jamais. Ils n’étaient pas suffisamment nombreux pour diriger un tel empire et n’en avait pas les moyens. Ca leur retomberait dessus mais à court terme, sur l’impulsion du moment, c’était faisable

Dyasella le sortit de ses réflexions en lui demandant d’ouvrir la porte à l’ambassadeur de la Terre qui s’était présenté à l’entrée des résidences. C’était leur seul réel soutien, il ne fallait pas le gâcher. Le Sï Gentry entra suivi de Mike. Dyasella quitta sa mauvaise humeur, trop étonnée de voir Mike Gentry accompagnant son père.

« Ils vous ont relâché !» s’exclama-t-elle.

Le père Gentry bougonna quelque chose comme quoi il s’était présenté à la villa réclamant son fils. Qu’il avait eu affaire à une domestique charmante qui lui avait dit qu’elle allait se renseigner et qui était revenu cinq minutes plus tard accompagné de Mike. »

Dyasella n’en revenait pas. Mike s’assit sans attendre l’autorisation « vous pensez bien que mon père n’y est pour rien. Ils en avaient tout simplement fini avec moi.

- Mais pourquoi vous gardaient-ils ?

- Pour faire une sorte de chantage, c’est compliqué. Ils m’ont libéré en échange de la coopération de quelqu’un.

- Parce qu’ils s’intéressent à autre chose qu’eux ?

Mike répondit oui mais sans précision ce qui fait que Dyasella ne sut pas si ça concernait ses affaires ou un autre trafic malsain.

« Vous n’avez toujours pas de nouvelles d’Accalmie ?» demanda Umia.

Le père et le fils Gentry se regardèrent. L’aîné prit la parole. « Il aurait été vu juste après avoir quitté votre résidence avec un certain Marcus Substance qui parait-il est recherché »

Comme si ce n’était pas suffisamment compliqué comme ça. Il était donc vraiment mêlé à tout celui-là. Umia s’était reculé. Depuis que Substance avait fait disparaître sa porte, il avait du mal à se contrôler quand on parlait de lui. Dyasella avait encore du mal à accepter que ce soit autre chose qu’une illusion d’optique mais elle avait vu le trou béant à la place de la porte et avait bien été obligé de l’accepter.

« Je suppose que vous le connaissez » dit le père Gentry.

Umia avait déjà fait part à Mike de ses relations avec Marcus et de cette histoire de porte. Il n’allait pas en rajouter. Il ignorait ce que Mike avait dit à son père et choisit d’en dire le moins possible. « Juste qu’il est très connu ici, que c’est un sculpteur renommé et qu’il a disparu.

« Les Adarii sont en train de me pourrir la vie » lança Dyasella.

« C’est dans leur nature de pourrir la vie de tout le monde » marmonna le père Gentry.

Umia expliqua la situation « Dyasella a tenté de se rendre à la villa mais elle s’est fait jeter dehors et moi, j’ai aperçu Cannelle avec qui j’avais eu de bon rapport qui s’est contenté de me dire qu’il n’avait plus besoin de moi.

« Je croyais que vous jouiez avec l’Adarii Rafale » reprit Dyasella.

Umia rectifia : Rafale m’a plus ou moins obligé à venir deux ou trois fois pour que je lui enseigne les bases des jeux d’Assaut pour une raison qui doit sans aucun doute dépasser le simple passe temps. J’ai bien sur tenté de réclamer une audience quand j’ai compris qu’ils avaient viré de bord, non seulement en délaissant Dyasella mais en plus en cassant son autorité auprès des mondes excentrés et, évidemment, il a refusé de me voir. J’ai parlé aussi à Crayon et Miroir qui ont récupéré le vaisseau sur la plate-forme d’atterrissage mais ils m’ont dit n’être au courant de rien. A la façon dont ils avaient dit cela, ça voulait dire que…

- … ça ne les regardait pas » finit Mike qui connaissait leur façon de faire.

« Et de l’intérieur de la villa, vous n’avez rien appris ?

- Non.

- Les autorités ont essayé sans succès de voir Rafale à son retour. Quand son vaisseau est revenu, ça a fait un sacré tumulte, ils ont voulu profiter qu’il ne respectait pas les procédures d’entrées pour l’arrêter mais apparemment Rafale a tout saccagé. Jamais je n’avais entendu parlé de lui avant. L’avez-vous vu ? » Dyasella fut gêné de demander ça. Mike avait été retenu longtemps. Elle devrait lui demander des nouvelles de sa santé, le préserver mais il semblait aller bien et elle devait savoir.

Mike acquiesça « oui, je l’ai vu. Ce n’est qu’un enfant, sans doute de l’age d’Accalmie mais même s’il a fait pas mal de dégât il m’a semblé être le plus mature du groupe. Je pense que, dans un sens, c’est le seul avec qui il est possible d’avoir un réel échange ».

Dyasella avait eu la même impression « Mais qui est-il ? D’où viennent ses pouvoirs ?

- Aucune idée. Sans doute d’Orage.

- D’Orage ? « Dyasella eut une impulsion bien trop forte en entendant ce nom sorti d’outre tombe et ces émotions s’en ressentirent. Mike la regardait comme cherchant à comprendre « je ne sais pas, ce n’est que pure hypothèse. Je dis ça car les deux qu’ils appellent Annunaki sont aussi les deux enfants d’Orage »

Comme Dyasella était toujours étonné Mike précisa « Vous m’avez dit que la petite était la fille de Pluie et d’Orage et Rafale s’est présenté à moi comme le fils de Brise et Orage »

Umia ne souhaitait pas que Mike continue là-dessus. Evoquer Orage était toujours douloureux pour Dyasella. Il expliqua que les Adarii prenaient grand soin de s’approprier tous ceux que Dyasella comptait récupérer de son coté mais que ce comportement n’avait aucun sens à ses yeux.

« Accalmie » dit Mike. « Ils veulent récupérer Accalmie. Ils avaient dans l’idée de le manipuler pour en faire un parfait petit espion dévoué à leur cause mais bien plus malléable pour ce qu’ils nomment les impossibles cultures des mondes extérieurs mais il n’a pas joué leur jeu » Mike sourit comme empli d’une immense fierté. Dyasella se renfrogna d’avantage. Il aurait mieux fait de faire semblant de jouer leur jeu et de rester à ses cotés plutôt que de fuir ainsi.

« Bref » continuait Mike « A mon avis, ils sont très vexés et pense que s’ils vous pourrissent suffisamment la vie, Accalmie se sentira obligé de revenir soit pour vous soit pour la Terre »

Dyasella était outrée de ce comportement infantile et pourtant elle devait admettre que cette hypothèse tenait debout « Accalmie est Adarii » murmura-t-elle « il n’en a rien à faire ni de moi ni de personne comme tout ceux de sa race » Elle se reprit devant l’opposition de Mike et elle rougit d’avoir parler ainsi. Elle n’en pensait pas un mot. Elle avait juste le comportement des autres en travers de la gorge et peut-être aussi avait elle été vexé quand Accalmie avait choisi de la quitter pour s’installer dans la villa. Elle voulait le laisser libre. C’était son choix, mais secrètement elle voulait surtout qu’il reste avec elle. Le voir partir d’abords pour la villa et ensuite avec Marcus lui avait fait du mal bien au-delà des simples risques pour ses ambitions.

Umia par contre était rassuré : ils n’avaient pas encore eu l’idée de prendre entièrement le contrôle des mondes excentrés. Il perdit vite cette confiance. Cette idée risquait de venir ou ils l’avaient déjà et n’en avaient rien dit.

« Dyasella se retourna. L’interphone s’était banché automatiquement à l’approche de nouveaux arrivants sans que le gardien des résidences ne l’annonce. La porte s’ouvrit sur les uniformes gris de la milice. « Nous sommes chargés de reconduire Le Sï Mike Gentry resté illégalement sur les Maÿcentres après l’expiration de son autorisation.

Vengeance : Arsalata

Accalmie finit par se déplacer le plus doucement possible. La dalle sur laquelle il était assis était rugueuse, usée pas le temps et une partie du pictogramme avait laissé une emprunte sur sa peau à force d’être à genoux dessus. En plus, il faisait de plus en plus froid. C’était le mouvement de trop. Chance s’enfuit à toute jambe. Accalmie jura. Depuis des jours il tentait de l’approcher comme on le ferait avec un petit chat sauvage. Sauf qu’un chat est moins craintif.

« Ce n’est pas le lieu pour un tel langage »

Il se retourna. Marcus était debout derrière lui. Il ne s’étonna pas. Il l’avait senti venir. Il se déplaça afin de ne plus piétiner les dalles décorées des pictogrammes des anciens dieux de Vengeance. Déjà qu’il ne croyait pas à ceux de la Terre, il n’allait pas faire de dévotions à ceux là mais il était capable de respecter les croyances d’autrui.

« Vous y croyez ? » dit-il désignant les stèles. Il savait que même sur Vengeance rares étaient ceux prêtant encore la moindre attention à ses croyances.

- Ca dépend. Croire à quoi ?

- Aux Dieux ou en un Dieu.

- Je ne sais pas. Qu’appelles-tu Dieu ? »

Pourquoi tout conversation avec Marcus, même la plus banale, se transformait-elle toujours en séance de philosophie ? « Je ne sais pas comment définir un Dieu. Un être immortel qui pourrait avoir crée le monde ou les hommes. »

- Ho, si ce n’est que ça. Alors oui, je veux bien y croire, ça ne me parait pas si compliqué »

Accalmie jeta un œil vers l’endroit où celle que Marcus appelait Chance s’était enfuie. Marcus continuait « je te l’ai dit, un être vivant, c’est de la matière, de l’esprit et une touche de vie. En maîtrisant ces trois concepts on peut le créer.

- Vous en seriez capable ? »

Marcus secoua doucement la tête « non, je ne maîtrise que la matière mais d’autres savent façonner l’esprit ou donner la vie. Si nous étions ensemble, ce serait possible. En ce qui concerne l’immortalité, sais-tu ce qui tue le plus de gens ?

- Je ne sais pas, la vieillesse sans doute.

- Oui et non. Ce que tu nommes vieillesse n’est qu’un symptôme. La vraie responsable, c’est le temps. Quand tu deviens suffisamment fort pour dire à sempiternelle : ça suffit. C’est moi qui commande. Tu n’as plus de raison de vieillir et il te suffit juste de rester en vie éternellement. Le temps est mon esclave.

« Alors vous êtes des sortes de Dieux. Quand on meurt, c’est à vous qu’on a affaire ? »

Marcus se mit à rire. « Non, je ne suis rien de tel mais certaines personnes simples se plaisent à parler de Dieux face à ce qui les dépassent. Sans doute est-ce qui a donné lieu aux croyances que nous retrouvons ici. Non, j’ignore ce qu’il se passe après la mort.

- Mais Chance, vous ne l’avez pas ramené à la vie ? »

Marcus soupira. La détresse de Chance l’embarrassait plus qu’il ne voulait l’admettre « Non, Chance n’a jamais été morte. Son esprit s’est fait emprisonner, il y a bien longtemps mais le catalyseur s’est perdu et Chance s’est retrouvé libre.

Ce n’était pas plus clair pour Accalmie « mais Chance, c’est son nom ? Ca ne veut pas dire que c’est réellement elle qui nous porte chance ?

- Accalmie, tu peux être vraiment trop naïf. Bien sur que non. Ce que nous appelons chance, n’est que le hasard. Un hasard qui nous arrange. Quoi que je n’exclue pas la possibilité que ceux qui implorent beaucoup la chance puissent avoir eu affaire à elle et, dans une certaine mesure, je crois qu’elle s’est amusée un temps à se faire passer pour la chance au point de développer certaines capacités en ce sens. C’est ainsi que je l’ai attrapée. » Marcus soupira encore « Je l’ai enfermée dans ce corps pour la garder à ma portée mais je me rend compte que ce n’était sans doute pas une bonne idée. Elle est plus effrayée qu’un papillon en cage. Elle est restée libre trop longtemps. Continue à essayer de l’apprivoiser. Ca lui fait du bien mais je dois néanmoins te mettre en garde »

Accalmie lâcha des yeux l’endroit où chance avait disparue pour en revenir au maître Substance « Chance, je l’ai fait belle pour deux raisons d’abord parce qu’elle l’était et ensuite car je suis un artiste, j’aime façonner la beauté. Malheureusement ce peut être aussi un piège terrible. Fais attention Accalmie, ne tombe jamais amoureux d’elle. Ni d’elle, ni de personne. L’amour est le pire piège qu’il soit »

Accalmie eut envie de rire mais se retint devant l’air sérieux de Substance. « Vous parlez comme quelqu’un qui est encore sous le coup d’un chagrin d’amour »

Substance ne releva pas « je parle comme quelqu’un qui a trop donné à la plus belle de toute et qui s’en repend chaque jour.

- Et qu’avez-vous donné ?

- Du pouvoir »


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