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Si un mec voit passer la chance et qu’il ne l’attrape pas, c’est vraiment un imbécile.
[Coluche
]
Plume : Taegaïan
Réalité s’arrêta et tomba assise sur le tapis. Elle n’avait jamais autant parlée. Sa mère n’arrivait toujours pas à se détendre. Elle lui resservit à boire. Elles venaient de faire une grande promenade. Elle espérait qu’elle puisse se détendre, sans succès. Elle voulait partir d’ici au plus vite. Réalité n’était pas pressée. Cette maison lui manquerait. Elle commençait à s’y sentir vraiment à l’aise. D’un autre coté, elle était pressée de revoir Cashir. De retrouver ses amis. La servante qui venait tous les jours entra avec une provision plus importante de nourriture. Sa mère avait beau se plaindre que c’était une honte qu’on ne daigne pas la recevoir mais sa présence était prise en compte. « Suivant le désir que vous avez formulé, nous avons refait les réserves d’eau du navire et chargé les provisions de produits frais.
- Bien, je m’arrangerais avec ton maître pour le paiement
- Il n’y a pas de paiement ni quoi que se soit de similaire et Maître Glace n’a pas émis le désir de vous recevoir » Jamais Anaïa n’avait été traitée avec si peu de considération. Elle avait sans doute quelques mots à formuler et Réalité imaginait très bien pourquoi Maître Glace refusait de la voir. Il valait mieux pour tout le monde qu’elle garde ses insultes pour elle. Elle était encore persuadée qu’il la retenait de force. Ils avaient les moyens de la ramener, ils avaient dit que ses parents ou plutôt son père pouvait venir mais sans préciser que les mondes extérieurs avaient bloqué la flotte après l’excursion de Cyril, sans doute pour couper tout contact entre les deux continents. Ensuite, ils avaient retrouvé son père. Eclaircie le lui avait dit et elle n’avait même pas évoquer le désir de partir. Peut-être l’aurait-on reconduit si elle l’avait demandé. Elle regarda sur la table basse un fin vase et une rose rouge. On ne trouvait pas ce type de fleur ici, mais il y en avait beaucoup en Cashir. Elle s’approcha. La fleur n’était pas là avant leur promenade, elle en était sûre. Il y avait un pendentif en or qui brillait le long de la tige. Le pictogramme d’Eclaircie reconnut-elle en souriant le cœur gros. Oui, elle laissait plus que sa maison en partant. Elle soupira en revenant au monde réel. La servante attendait toujours. « Y a-t-il autre chose ? » demanda-t-elle
« Maître Glace vous souhaite un bon retour mais vous rappelle que sa proposition tient toujours »
- De quoi parle-t-elle ? » Reprit sa mère encore plus suspicieuse.
La servante sans doute vexée d’entendre Anaïa parler avec tant de hargne sortit sans un mot de plus.
« On m’a proposé de rester ici et de faire le lien avec Cashir
- Jamais « s’offusqua sa mère
« Je n’ai pas dit oui. C’était une idée c’est tout
- Et tu as refusé.
- Oui, bien sur. » Oui, elle avait refusé, il y avait longtemps. Sa vie n’était pas ici mais en Cashir, elle devait être raisonnable. Elle ne pouvait plus se cacher sous de faux prétextes pour rester. Elle rentrerait chez elle, appendrait auprès de son père jusqu’au jour où elle sera prête à le remplacer. Elle ne dirait à personne ce qui lui était arrivé ici. Elle n’irait plus dans les grandes réceptions que les marchands des domaines pouvaient organiser lors de leurs retours mais elle rencontrerait d’autres personnes, retrouverait des amis dont elle se souvenait à peine du nom. Sa mère lui parlait. Elle lui proposait de partir de suite mais c’était plus qu’une proposition. Elle avait été heureuse comme une gamine de lui montrer l’endroit où elle vivait. Elle avait voulu lui présenter ses nouveaux amis mais elle était restée fermée, persuadée qu’elle était ici prisonnière d’une façon ou d’une autre. Elle ne pouvait démentir, ce serait avouer qu’elle aurait pu rentrer mais ne l’avait pas fait.
Elle avait passé son plus beau sari. Cadeau d’Eclaircie. Elle crispait ses doigts contre le tissu comme si par ce contact elle pouvait le retrouver. Elle avait dit adieu à sa maison. Elle aurait voulu dire au revoir aux personnes qu’elle connaissait mais sa mère n’en voyait pas l’utilité. Eclaircie, elle savait qu’elle ne pourrait pas le revoir. Il le savait aussi. Il était parti, disparaissant dans la cohue, sans lui dire au revoir. C’était mieux ainsi. Elle garderait l’image de leur dernier repas et de la façon dont il avait avoué qu’elle pouvait lui manquer. Il lui manquerait, plus que tout. Elle avait pris aussi la rose qu’il lui avait offerte. Elle la serrait si fort en traversant la cité que quelques gouttes de sang perlaient sur la paume de sa main meurtrie par les épines. Ca n’avait pas d’importance. Au contraire, la douleur la distrayait de ses pensées. Elle croisa quelques personnes. Elle leur présenta rapidement sa mère et ses frères mais Anaïa la pressa afin de rejoindre le navire. Il y avait encore beaucoup de curieux sur le quai. Il y avait de quoi ces bateaux étaient leur fierté. Cashir était le peuple de la mer. Elle laissa sa mère puis ses frères monter à bord, savourant ses dernières secondes sur ce sol qu’elle avait appris à aimer. Une certaine douceur de vivre disait Eclaircie. Elle l’aurait presque ressentie. Et elle le vit. Il était venu, restant à l’écart, assis sur le mur de la digue. Il ne la regardait pas, mais il était là. Il n’aurait pas dû. Réalité était forte, elle l’avait toujours été. C’était la fille du maître de la guilde du souvenir de Cashir qui embarquait dans un vaisseau plus beau que tous ceux des territoires Adarii. Ce n’était pas une fille qui pleurait pour un rien. C’était la faute d’Eclaircie si elle ne pouvait même plus présenter l’image qu’elle voulait d’elle. Sa mère la pressait de venir. Elle se rendit compte qu’elle était restée paralysée, comme si le temps s’était arrêté. Elle se força à faire encore un pas, grimpant sur le pont. Elle peinait, marcher était difficile. Elle regarda sa mère et ses frères. Son petit frère paraissait inquiet, sa mère lui demanda ce qui n’allait pas. Elle ne devait pas se retourner mais c’était plus fort qu’elle. Eclaircie n’avait pas bougé, un peu à l’écart du monde. Il la regardait maintenant.
« Viens » lui répétait sa mère. Elle ébaucha encore un pas mais sa ravisa. Relevant d’une main le tissu de son sari, elle se mit à courir. Eclaircie s’était levé. Elle se précipita vers lui ne reprenant ses esprits qu’au dernier moment, elle s’arrêta net à un mètre de lui. Sa mère criait. Elle ne l’écoutait plus. Le silence autour était devenu trop pesant pour être réel. Que faisait-elle là ? Il fallait qu’elle trouve quelque chose à lui dire maintenant. Quelque chose qui pourrait expliquer son comportement. Non, c’était à lui de parler, il fallait au moins qu’il lui donne l’autorisation de parler, mais il ne disait rien. Sans doute était-il aussi surpris qu’elle. Tous ses regards posés sur eux, qu’allaient penser ces gens ? Elle ferma les yeux, elle allait se mettre à pleurer, son menton tremblait et elle ne le voulait pas. Elle se força à ouvrir les yeux et regarder Eclaircie. Lui aussi avait les yeux brillants comme s’il allait pleurer. Il ouvrit la bouche plusieurs fois sans arriver à articuler quoi que se soit. Il prit une grande inspiration, renifla et essuya négligemment son visage de sa manche comme s’il chassait quelques poussières et non comme s’il s’essuyait les yeux. « Reste » dit-il fermement.
Réalité sentit son cœur lâcher. Elle se tourna vers sa famille. Sa mère horrifiée avait pris sa tête dans les mains. Elle n’était pas bête, elle avait dû deviner depuis le début. Un de ses frères souriait. Comprenait-il seulement ? Elle ne pouvait en voir d’avantage. Eclaircie se mordait les lèvres, ébaucha un mouvement vers elle mais se retint. « Reste » répéta-t-il. Elle se sentait déchirée, elle n’était plus capable de réfléchir et se laissa guider par son désir, elle franchit l’ultime espace qui les séparait prenant le visage de son amant dans ses mains pour déposer un baiser sur ses lèvres. Il frissonna et se recula instinctivement. Elle crut qu’il allait la rejeter, mais il se ravisa. D’un geste brusque il l’attira contre lui et l’embrassa à son tour avec toute la passion dont il était capable.
Maÿcentres : Ambassade de Plume
Le temps s’était couvert. Le vent avait arraché le capuchon du manteau d’Accalmie. Il pressa le pas vers la villa et soupira de soulagement en se retrouvant chez lui. Plumeau attrapa le manteau qu’il lui tendait en regardant la pluie qui commençait à tomber à l’extérieur. Un éclair pourpre traversa le ciel. Elle sursauta. Elle hésita à poser une question. Accalmie perçut une pointe de curiosité mais elle se ravisa et fit demi-tour. Il fut soulagé. Il avait besoin d’un peu de calme. Les journées au complexe du conseil étaient fatigantes. Il traversa le salon d’accueil cherchant refuge dans la bibliothèque. Il pensait s’y retrouver au calme, C’était mal pensé. Ambre était là, assis par terre devant un sofa avec Rafale qui arpentait la pièce de long en large. Accalmie fit rapidement un parallèle entre le mauvais temps et l’humeur massacrante de Rafale et ébaucha une fuite stratégique. Dans humeur massacrante il y a massacre et il commençait à savoir qu’avec Rafale ce n’était pas que métaphore « Tu restes là » dit Rafale avant qu’il n’ait eu le temps de faire un pas de plus.
Ambre s’était concentré dans le découpage de graines de tournesol. Sans doute lui aussi aurait-il aimé être ailleurs « Je ne suis pas sûr que se soit réellement si dramatique » dit-il avec une inquiétude qui ne lui ressemblait pas, disséquant une autre graine qu’il ne mangea même pas. Tout d’un coup, Accalmie avait beaucoup moins envie de s’en aller. Quelque chose résistait enfin à Rafale songea-t-il avec plaisir. Ce dernier l’incendia du regard mais ne dit mot. Accalmie haussa les épaules, s’assit à coté d’Ambre afin de lui demander des explications tandis que Jade entrait à son tour avec un enthousiasme très limité. Il jeta un œil à Ambre qui lui répondit sans doute par télépathie ce qui n’était pas pour satisfaire la curiosité d’Accalmie. « Si c’est grave » s’exclama Rafale en réponse à leur conversation silencieuse.
Jade se forçait à réfléchir afin de peser ses mots pour répondre « Eclaircie a toujours été ainsi. Il est amoureux de toutes les filles qui passent. »
Rafale pointa Jade du doigt et ce dernier recula aussi inquiet que s’il s’était rendu coupable d’un méfais pire que d’habitude et culbuta dans un fauteuil d’une manière si peu naturelle qu’Accalmie comprit qu’il avait dû être obligé d’agir ainsi
« Déjà, les frasques d’Eclaircie, j’ai du mal à les supporter mais là, il ne s’agit plus d’une amourette discrète. Il l’a reconnu ouvertement devant toute la cité.
- Vous savez » reprit Jade, « Réalité est une fille bien et…
Accalmie avait compris. « Réalité, c’est bien la fille de Cyril, celle que vous retenez…
- Nous ne la retenons pas. Si elle reste, c’est de son plein gré. »
Accalmie se mit à rire sous le regard horrifié de Jade et Ambre. « Vos petits jeux de séduction pour garder Réalité sont en train de se retourner contre vous. Une simple femme du peuple a fait tourner la tête d’un de vos hommes ! »
Un coup de tonnerre éclata si proche qu’Accalmie préféra se taire momentanément même s’il ne pouvait s’empêcher de sourire. Le regard que lui lança Rafale renforça cette idée. « Tu ferais bien de t’occuper de Dyasella toi et des Maycentres en général.
- Je suis déjà allé régler cette affaire.
- Et tu comptais attendre encore combien de temps pour me faire ton rapport ? »
C’était étonnant aussi que Rafale le laisse tranquillement vaquer à ses occupations pendant si longtemps. « Vous l’avez dit, je m’occupe des Maÿcentres. Moi et seulement moi. Je ne vois pas pourquoi je devrais rendre des comptes à qui que se soit à ce sujet »
Rafale se prit la tête dans les mains. Les filles n’avançaient pas avec Thibault, Marcus Substance restait introuvable, Eclaircie se faisait remarquer avec Réalité et Accalmie faisait sa forte tête le narguant ouvertement.
« Puisque vous semblez vous délecter de ce genre de potin, Dyasella a choisi de s’associer à Thaïs Umia pour sa campagne. » reprit ce dernier
- Umya précisa Jade.
- Leur histoire de I et Y, je n’ai rien compris.
- Ca marche par statut
- Vous croyez qu’on a rien de mieux à faire pour l’instant que de palabrer sur un nom ! » Rafale reprit plus calmement en se tournant vers Accalmie « je croyais qu’on avait dit qu’elle s’associait avec toi. »
En effet, Rafale connaissait peu la politique des Maÿcentres. Normal, il sortait peu de la villa et ne prenait pas la peine d’essayer de comprendre leur culture. Par contre, Accalmie apprenait vite. Cet avantage lui serait profitable « Je ne peux pas être ambassadeur et conseiller et si vous voulez garder Plume et Saphir indépendant, je ne peux pas prendre un place de quelqu’un de la confédération. » En plus, le but de la manoeuvre était de rendre Dyasela éligible. C’est fait mais cela il ne le dit pas à voix haute espérant que Rafale ne le perçoive pas. Il était déjà suffisamment de mauvaise humeur.
« Dans ce cas, pourquoi ne reste-t-elle pas seule ?
- Je ne pourrais vous l’assurer mais je crois qu’elle a une relation avec Umya ou du moins certains sentiments. Le genre qu’on n’avoue pas en public ici. Sauf quand on s’appelle Eclaircie » ajouta-t-il plus doucement avec une pointe de sarcasme.
Rafale ne releva pas cette impertinence. C’était enfin une bonne nouvelle. Depuis le début, sa hantise était qu’Accalmie tombe sous le charme de Dyasella. Elle était belle, elle était intelligente, elle était forte. Il était faible, ignare, venant d’une culture sous développée et en plus amoureux mais vu comment il en parlait ce ne devait pas être d’elle. Au moins, si elle avait déjà quelqu’un il y avait des chances qu’elle s’en contente. Et Eclaircie avait une multitude de filles, pourquoi ne s’en était-il pas contenté ? C’était une idée de Mutine ce jeu de séduction stupide et il avait fini par accepter. Il s’en sentait coupable. Trahi par son meilleur ami tandis qu’Accalmie avait beau s’opposer à lui sans cesse et mener sa vie en solo, il ne se débrouillait pas mal du tout même si il n’avait pas du tout apprécié qu’il débranche les caméras afin de mener ses réunions tranquilles.
« Autre chose ?
- Je vous l’ai dit, se sont mes affaires et je les gèrerais à ma manière. De toute façon vous avez dit que Plume et Saphir ne souhaitaient se mêler de rien. »
Rafale avait envie de lui faire ravaler son impertinence. Il serra les poings se forçant à ignorer le regard provocateur d’Accalmie avant d’avoir un geste qu’il regretterait. Il était impératif que les Adarii garde une place sur les Maÿcentres. Et il devait s’y résoudre, personne n’était plus apte qu’Accalmie à s’adapter à leur culture « Il compte attendre la fin du monde avant cette élection ou quoi ?
- Il reste la réunion des chefs d’état »
- Quelle réunion ?
- Celle où chaque candidat discute avec chaque chef d’état fin d’établir ensemble un projet que le candidat une fois élu sera tenu de respecter »
C’était intéressant ça. Pourquoi Accalmie faisait-il exprès de garder pour lui ce genre d’information ? Rafale ne pouvait pas passer sa vie à surveiller ses pensées « et quel plan as-tu décidé de lui soumettre ? »
Accalmie prit un air très choqué. « Moi, voyons Annunaki, je ne peux pas me mêler de ça, je ne suis qu’un simple ambassadeur, je n’en ai pas le droit et j’ai bien suivi vos instructions précisant que personne ni de Plume ni de Saphir ne se déplacerait pour si peu. »
Rafale serra les poings. Accalmie tout craché, il faisait toujours ce qu’on lui disait mais avec des interprétations très personnelles uniquement pour assurer son autorité. Il ne demanda comment ferait la Terre, il ne doutait pas que pour eux, même si ça dépassait complètement les fonctions d’Accalmie il aurait réussi à arranger le problème trouvant un représentant quelconque. Si, il le savait en plus. Miroir l’avait informé de rumeurs sur l’existence d’une nouvelle personnalité Terrienne. Comment s’appelait-il ? Mitches. Il devrait se renseigner aussi par Tempête sur ce nouveau personnage. Il ne pouvait se fier à Accalmie. Il prenait très à cœur son rôle d’ambassadeur mais uniquement pour résoudre ses problèmes personnels. Et ça l’amusait. Il ne le cachait même pas. Ambre et Jade s’en étaient rendu compte mais avaient au moins la présence d’esprit de se taire. Rafale explosa, sa voix se perdant dans un nouveau coup de tonnerre. « Tu vas arrêter de jouer au plus malin avec moi. Si tu es là, c’est uniquement parce que je te le permets. Ces négociations ont peut-être une quelconque importance mais si tu ne les mènes pas suivant notre intérêt, j’écraserais ces petits peuples aussi arrogant que primitif et j’inclus la Terre dedans ! »
Accalmie se sentit tirer en arrière. Il n’avait plus osé ne fut-ce que respirer quand Rafale s’était mis à hurler. Il se laissa entraîner jusqu’au salon de réception par Jade et osa enfin reprendre son souffle. Les éléments étaient déchaînés à l’extérieur la pluie frappant les vitres avec une force qu’il n’imaginait pas possible avant d’avoir fait la connaissance de Rafale.
« Ca lui arrive souvent ce genre de petite saute d’humeur ? »
Jade n’apprécia pas son humour. « Tu le cherches aussi. Ca fait des semaines que je te dis d’arrêter de le narguer ainsi. Il peut être d’une patience et d’une souplesse surprenante mais il y a toujours un moment ou tu le payes. C’est Rafale. Comme pour renforcer ses dires un coup de vent violent traversa le salon et Accalmie tomba à terre. Rafale se retrouva devant lui « Tu diras à tes conseillers de pacotille que Maître Matinée viendra défendre les intérêts de Saphir et Plume dans leur petite sauterie » il insista en pointant Accalmie du doigt « et si tu as le malheur de faire preuve du moindre de tes jeux d’esprits avec lui, je m’occuperais personnellement de toi et Jade prendra ta place car je n’imagines pas que tu puisses encore assumer la moindre fonction après le traitement que je te réserve ».
Accalmie eut la présence d’esprit de ne pas relever mais Jade ne put s’empêcher de s’inquiéter « je ne veux pas…
- Je ne t’ai pas demandé ton avis. »
Rafale continua sur sa lancée vers ses appartements et jade ne put que répondre « oui Annunaki » trop bas pour être entendu.
La tension se relâcha légèrement et Jade se laissa tomber sur le tapis. « Ne le mets plus dans des états pareils »
Accalmie accepta. Il avait été un tout petit peu trop loin. Il devait apprendre à doser mais Rafale devait aussi apprendre que son autorité finissait la où commençait la sienne. On lui avait confié les mondes extérieurs, il s’en chargerait mais à sa manière et sans personne dans son dos. Un souffle d’air froid le fit encore frissonner. « Je peux dormir chez toi » demanda-t-il à Jade, « mon colocataire est de très mauvaise humeur »
Jade sourit à la plaisanterie « Ca lui sera passé avant ce soir par contre, veux-tu un conseil concernant ta tranquillité ?
- Je veux oui.
- Profit de l’absence de Sentiment pour déménager ses affaires hors des appartements du territoire d’Azlan et charges Plumeau responsable pour les réaménager pour Tiyana. Elle te fera une tête de déterrée voire, si elle est dans un mauvais jour, te suppliera pour ne pas prendre cette responsabilité mais surtout tu n’en tiendras pas compte. Dis-lui juste qu’il faut que se soit somptueux.
- Pourquoi ?
- Ca incitera peut-être Rafale à déménager. Ce qu’il aime dans les appartements de Taegaïan, c’est la vue. Il y a la même dans ceux d’Azlan rebaptisé pour Tiyana et surtout tu éviteras de te retrouver avec Maître Matinée. »
Accalmie avait suivi ces histoires d’organisation sans trop comprendre où il voulait en venir. Progressivement il saisissait le schéma de pensée. Il ne lui manquait qu’un détail : « Pourquoi Maître Matinée de Tiyana se retrouverait-il dans les appartements de Taegaïan ?
Jade attendit avant de répondre comme cherchant une information sur le visage d’accalmie « tu n’as pas encore saisi les parentés de Matinée » se décida-t-il à dire.
« Faut voir, viens en au fait, je te dirais »
Jade lui mit la main sur l’épaule se dirigeant vers l’escalier. « Tu as vu ta sœur, maintenant tu vas faire la connaissance de ton frère et surtout ne t’attends pas à des effusions » Il continua sur sa lancée le laissant seul. Il reprit une réflexion qu’il n’avait pas achevé concernant l’idée de se trouver un petit pied à terre tranquille quelque part, loin. Plumeau entra dans le salon toujours inquiète et suspicieuse. Elle garderait sans doute cet air là jusqu’à ce que les éclairs à l’extérieur aient repris une teinte plus classique. « L’Adarii Jade a dit que vous vouliez me voir ?
- Oui, j’ai une mission de confiance pour toi.
- J’en suis honoré et m’en acquitterais le mieux possible » Ca étonnait toujours Accalmie de constater qu’elle pouvait être réellement honorée qu’on lui confie une responsabilité qu’elle qu’elle soit même si elle était méfiante concernant le contenu.
« Je veux qu’on rénove les appartements Azlan pour Tiyana. Tu es libre de te servir de tout le mobilier que tu trouveras et de te faire aider mais il faut que se soit digne du Maître Matinée. »
Plumeau se décomposa comme prévu et Accalmie se félicita d’avoir suivi le conseil de Jade. Si Matinée mettait Plumeau dans cet état, il valait mieux qu’il soit très loin de lui frère ou pas.
Elle balbutia quelques mots incohérents ne pouvant refuser mais en ayant cependant très envie. Tant qu’il était dans les changements, il ajouta qu’elle pouvait aussi lui arranger une pièce, n’importe laquelle afin d’être réservé à son usage personnel.
« Un peu comme le foutoir de l’Adarii Jade ? »
Elle avait hésité sur le terme de foutoir mais l’avait utilisé vu que tout le monde, même Jade, appelait ainsi une pièce débordant de tout le matériel électronique qu’il avait pu récupérer pour ses expériences et qu’Ambre avait envoyé là-bas ne supportant plus d’avoir le salon si envahi. Depuis Jade passait ses journées enfermé là-dedans dans diverses expériences qu’Accalmie partageait volontiers durant ses temps libres. « Un peu comme ça oui » il réfléchit et reprit. Non mieux. Il me faudrait deux pièces. Un salon correct donnant sur l’extérieur et une autre pièce attenante. » Ainsi il pourrait avoir un endroit pour recevoir sans avoir Rafale sur le dos pour le surveiller et un endroit pour lui « Mais occupe-toi de Tiyana d’abord. Priorité oblige » dit-il avec le sourire devant l’inquiétude de la domestique qui devait déjà imaginer les représailles si tout n’était pas impeccable. C’est qu’il commençait à s’y faire à sa petite vie ici.
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