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Nous créons notre propre réalité par la manière dont nous choisissons de percevoir le monde extérieur.
[Elliot Perlman]
Ambiguïtés
Maÿcentres : Colline du conseil
Dyasella sursauta. Il y avait quelqu’un chez elle. « Miroir » s’exclama-t-elle. « Que faites-vous sur la colline ? Comment êtes-vous entré ? Et surtout, que faites-vous chez moi ?
- Je suis entré par la porte. D’ailleurs, il faudra la faire réparer. »
Dyasella jeta un œil à la porte. Elle semblait entière. Miroir était tranquillement assis dans un fauteuil, nullement gêné par son intrusion dans son domicile.
« La fille ? » dit-il
« Comment avez-vous réussi à prendre le funiculaire ?
- J’ai payé » dit-il. « Une fortune, mais je compte me faire rembourser les frais. Maigre compensation pour votre bêtise.
- Que faites vous là ? »
Miroir se leva « je tente de réparer vos conneries. Il parait que vous vous êtes mise en tête de garder une petite Adarii ici et qu’elle est d’accord. Alors, vous allez me loger aussi.
Pour la dernière fois, où est la fille. Répondez-moi ou vous pourrez vous plaindre de la violence des terres de Plume auprès des autres précieuses de la colline.
Plume : Cité de Tae : Territoire de Taegaïan
Tous pareil, une brume insignifiante à perte de vue puis soudain, comme une lanterne, petit point lumineux, une puissance qui s’éveille. « Je l’ai trouvée » murmura Rafale son front se plissant sous la confrontation. Il prit une grande inspiration et tendit son esprit vers elle. C’était comme nager à contre courant, comme si quelque chose l’empêchait d’avancer. C’était si facile pour lui de communiquer avec Mutine, Eclaircie ou Maître Matinée mais il n’était pas lié à Grésille. En plus, elle était trop petite pour créer un réel lien télépathique. Le seul lien qu’elle possédait était celui imposé par la pierre Annunaki. Par ce lien commun, il devait être capable de l’atteindre. Comme si cette certitude suffisait à vaincre l’espace qui les séparait, il sentit à ses cotés la piquante odeur de groseille de sa sœur, à la fois acidulée et sucrée, piquante et douce.
Il s’approcha telle une caresse sur son esprit sans qu’elle réagisse. Elle dormait. Il insista. Il ne pouvait se permettre de la perdre. Il ignorait s’il la retrouverait et il ne tiendrait sans doute pas longtemps ainsi.
Il intensifia son contact et sentit sa sœur s’éveiller.
« Onirique ? »
Rafale ne put s’empêcher de sourire. Elle a beau traverser l’espace, elle n’en lâchait pas moins son ami imaginaire.
Un souffle d’air, une douce odeur, Grésil se réveilla tout à fait. « Rafale » s’exclama-t-elle se dressant sur son lit. Elle parcourut la pièce du regard, déçue de ne pas voir son frère à ses cotés, se frotta les yeux puis les referma se concentrant comme son frère lui avait appris.
« Je suis là Grésil. »
Son frère avait l’air tendre mais elle le craignait tout de même. Elle était conscience qu’elle avait fait la plus grosse bêtise de sa vie en grimpant dans ce vaisseau
« Ne te fâche pas… »
Rafale la coupa directement, si elle partait en excuse et en lamentation, il n’apprendrait rien.
« Je ne suis pas fâché, personne ne l’est.
- Maman est en colère. Elle est triste aussi.
- Elle est inquiète. Tout le monde l’est. Dis-moi où tu es ? »
Rafale n’eut pas besoin d’en dire plus. Toutes les pensées de sa sœur déferlaient sur lui.
Elle était chez Dyasella avec Chiffre. La Syhy les avait conduit chez les ressortissants de Plume mais ils lui avaient fait du mal. Rafale ne comprit pas ce qu’elle voulait dire par là. Il était impensable que quiconque venant de Plume puisse porter la main sur une enfant Adarii mais il verrait ça plus tard. La Syhy l’avait conduite chez elle. Elle avait rencontré le Maître artisan Marcus qui était très gentil. Les vaisseaux de Dyasella avaient été confisqués par des méchants gardes. Ils étaient venus une fois mais elle s’en était occupée parce qu’elle ne voulait pas les voir et maintenant elle vivait là. Dyasella était gentille mais elle ne voulait pas qu’elle sorte. Elle en exprimait du dépit. Elle ne concevait pas qu’on puisse lui donner le moindre ordre alors, elle était partie mais Dyasella l’avait récupérée et l’avait suppliée de rester. Rafale en profita pour lui confirmer l’ordre de rester chez la Syhy. Ca paraissait plus prudent.
Elle continua avec des propos incohérents, sur la présence de quelqu’un qu’elle avait perçu proche. Rafale ne comprenait pas de quoi il pouvait s’agir. Les perceptions de Grésil étaient floues. Eclaircie pensa-t-il d’abord sans comprendre ce que son ami venait faire dans les pensées de sa sœur. Non, Accalmie pensa-t-il plutôt tandis que le contact avec sa sœur s’affinait. Ce n’était pas plus clair. Elle avait l’air de prendre ça au sérieux. Elle insistait. Le contact entre eux se faisait plus ténu, il allait la perdre.
« Demande à la Syhy de te ramener sur Plume.
- Elle dit qu’elle ne peut pas. Qu’on lui a pris ses vaisseaux parce qu’elle n’avait pas le droit de venir et que maintenant on la surveille, mais Accalmie. »
- Tu peux convaincre les gardes de lui rendre son vaisseau
- Elle n’a pas le droit d’approcher la plate-forme. Le délégué ne veut pas. »
La présence de sa sœur s’estompait. Rafale enrageait. Evidemment, c’était logique. « Dis lui de contacter Miroir ou Crayon et demande leur de te ramener sur Plume
- Rafale, je veux que tu viennes me chercher »
Rafale ne savait pas si sœur l’entendait encore. Elle se dissipait de plus en plus. Il comprit soudain et se concentra le plus possible. « Grésil, ne te concentre pas sur moi. Le lien n’est pas entre nous deux, il passe par la pierre. C’est vers elle que tu dois passer pour me trouver. »
Grésil sentait encore son frère, comme le murmure d’un tout petit ruisseau à sa conscience. Elle se concentrait sur lui, sur sa présence, sur son odeur mais il se dissipait. « Je ne veux pas partir, je dois trouver Accalmie. Rafale, tu m’entends. Rafale, ne pars pas, ne me laisse pas, j’ai peur, je veux que tu viennes. »
Il n’était plus là. Grésil était toute seule. Perdue sur ce monde étrange, inhospitalier. « Rafale » murmura-t-elle encore les larmes lui montant aux yeux. « Ne me laisse pas ».
Maÿcentres : Colline du conseil
« Non je ne m’en irais pas. »
Il y avait une dispute. Le bruit distrait Grésil qui essuya ses larmes d’un revers de manches. Le ton montait. Une voix d’homme. Elle pensa qu’il serait mieux de se cacher mais peut-être était ce des méchants et elle pourrait les sauver. Elle glissa du lit, tenta de remettre en place la tunique trop grande que lui avait prêté Dyasella et renonça laissant pendre une manche et tenant juste le bas avec une main pour éviter de marcher dessus. Elle avançait doucement, ses pieds nus glissant silencieusement sur le sol chauffé. C’était bien une dispute. Dyasella essayait de faire sortir un homme mais ce dernier refusait de bouger. Ils parlaient très vite, beaucoup trop pour que Grésil comprenne. Dyasella était outrée et cherchait à se faire obéir, sans succès. C’était son problème, elle était gentille mais manquait d’autorité. Grésil se concentra sur les pensées de l’homme et comprit qu’il était venu pour elle. Elle entra dans la pièce bien décidée à mettre de l’ordre. « Je n’irais pas dans les basses villes » dit-elle.
L’homme recula en l’apercevant. Il était soulagé mais aussi fâché contre Dyasella.
« D’accord » reprit l’homme doucement dans sa langue « j’expliquais à la Syhy que j’allais m’installer ici pour m’occuper de vous. Je m’appelle Miroir.
- Miroir ! » Répéta Grésil « mon frère m’a dit que… »
Grésil se retint. Rafale lui avait dit de contacter Miroir pour qu’il la ramène sur Plume et voila qu’il arrivait. Elle pouvait remercier la chance. Ou pas. Elle avait pris soin de laisser les vaisseaux de Dyasella se faire immobiliser, ce n’était pas pour repartir avec quelqu’un d’autres. Bien sur, elle voulait rentrer chez elle mais pas avant d’avoir achevé sa mission. Miroir s’était déplacé légèrement et elle comprit qu’il profitait très peu discrètement de sa tenue négligée pour regarder le tatouage derrière son épaule.
« Mon frère m’a dit que je pouvais te faire confiance » dit-elle estimant que sa phrase en suspend était la cause de l’interrogation de Miroir. Il y eut encore un reste d’incrédulité puis quelque chose qui ressemblait à de l’acceptation. Il haussa les épaules et conclut : « donc je reste ici »
Dyasella chercha comment refuser, elle dégagea quelque chose ressemblant à de la lassitude et désigna l’ombre d’un toit se dégageant dans la pénombre du jardin « prenez la chambre du jardiner » dit-elle.
Le ton monta à nouveau, Miroir arguant du fait qu’il resterait dans la maison, Dyasella ripostant qu’un homme n’avait pas à dormir chez elle et Grésil dit à Miroir de s’installer là où Dyasella avait dit. Décidément, Dyasella était gentille mais vraiment pas douée pour les rapports humains.
Plume : Taegaïan
« Nous sommes arrivés » dit Aiguille en poussant la porte de la maisonnette et précédant Réalité à l’intérieur.
Cette dernière fit le tour de la pièce du regard. C’était spacieux, propre, simple mais bien décorés. Le sol alternait bois et pierre comme les villas des grands propriétaires de Cashir. Un large sofa devait aussi servir de lit, quelques poufs pour s’appuyer, un tapis. Une petite table. Dans un coin sombre, Réalité aperçut un espace de travail et de cuisine dans un bois laqué noir qui s’illumina quand Aiguille manipula quelques boutons sans doute reliés à un panneau solaire. C’était un endroit agréable, moins que la vaste demeure dans laquelle elle avait été élevée, mais bien plus que la ridicule chambre dans laquelle elle avait pu moisir sur les Maÿcentres.
« Cela te convient-il ? » demanda Aiguille laissant percer ses pointes de sarcasmes si habituelles qu’elle les remarquait à peine.
Le voyage l’avait épuisée mais elle ne se permettrait pas la faiblesse de le montrer à Aiguille. Elle resta debout. « Trop petit » se contenta-t-elle de répondre.
Aiguille fit semblant de ne pas entendre. Qu’il fiche le camp s’il ne pouvait plus la voir, c’était réciproque. Il n’était pour rien dans sa venue ici, elle s’en rendait compte mais elle avait besoin de se défouler et elle n’avait que lui sous la main aussi, depuis leur départ, elle n’arrêtait pas de lui lancer toutes sortes de sous entendu ou de piques injurieuses. Elle n’avait pas supporté qu’il lui laisse espérer ne fut-ce que quelques secondes qu’elle rentrerait chez elle. Une semaine plus tôt, il était arrivé accompagné d’une femme. Cette dernière l’avait examinée comme un animal pour ensuite déclarer qu’elle était apte à voyager. « Nous partons » avait juste dit Aiguille.
Elle avait eu un moment de pur bonheur. Elle avait cru qu’elle rentrerait chez elle en Cashir. Les Adarii avaient renvoyé ses compagnons chez eux, il était logique qu’ils fassent de même avec elle. Ils n’avaient aucun intérêt à la garder ici. Aiguille lui avait confié qu’il avait passé dix ans sur les Maÿcentres. Sans doute savait-il piloter leurs navettes et il ne semblait pas extraordinaire qu’ils en aient quelques unes en leur possession. Elle s’était donc mise en tête qu’elle rentrait chez elle. Elle imaginait déjà les retrouvailles avec ses parents et ses petits frères. Quand ils avaient quitté le village et l’ombre des falaises pour se retrouver au milieu d’un paysage désertique recouvert de plantes roses qui dégageaient des graines qui la faisaient éternuer sans cesse et qu’Aiguille lui avait présenté un cheval et une longue étole pour la protéger du soleil, elle avait commencé à se méfier. Elle n’avait rien osé demander. Sans doute par peur de perdre ses illusions. C’est seulement quand Aiguille, tout en commentant les beautés du désert, lui avait fait remarquer qu’ils quittaient les frontières du territoire de Taïla qu’elle s’était décidé à demander : « Où allons-nous ? »
« A Taegaïan » avait-il répondu, « en bordure de la cité de Taé.
- Je ne rentre pas en Cashir ?
Il avait eu le culot de rire. « Ses petits chevaux sont costauds mais pas au point d’aller jusque là.
- Prends-moi pour une idiote, les territoires Adarii ont des navettes des mondes extérieurs. Je le sais, certains sont mêmes venus fureter jusque chez mon père il y a quelques années et j’ai vu des glisseurs passer sous mes fenêtres.
Il s’était renfrogné. « Non, je n’ai pas reçu d’ordres dans ce sens. Je vous conduits juste près de Taé où un pavillon a été mis à votre disposition.
- Je ne veux pas de maison, je veux rentrer chez moi, en Cashir. Vous vantez la justice de vos maîtres magiciens, mais ceux des mondes extérieurs, qui sont soi disant leurs ennemis, ils les ont renvoyés chez eux et moi, qui suis une fille de Plume, je suis retenue ici. Ce n’est pas logique, je n’ai rien fait de mal, je veux rentrer dans ma famille, c’est tout. »
Aiguille avait essayé de s’expliquer mais elle ne lui en avait pas laissé le loisir. « Tu dis que tu veilles sur moi, mais c’est faux, tu es un gardien et je suis prisonnière. Et j’ignore de quoi on m’accuse. »
Aiguille avait talonné sa monture. « Où vas-tu ? » avait-elle hurlé en le voyant partir devant elle. Il avait ralenti, s’était retourné et lui avait lancé : « Si tu ne veux pas que je veille sur toi, libre à toi, je te laisse ainsi tu comprendras peut-être que tu n’es pas prisonnière. »
Il était reparti au devant laissant derrière lui un nuage de poussière mélangé à quelques filaments moutonneux de coton rose qui lui piquèrent le nez de plus belle.
Réalité avait hésité. La tentation était grande de partir en sens inverse. Elle avait même voulu entamer un demi tour sans y réussir. Ses montures n’étaient pas dressées comme celles de Cashir. Malgré le jour déclinant, la chaleur était suffocante et la luminosité lui brûlait les yeux. Elle attrapa sa gourde et but à peine une gorgée, elle était déjà vide. Aussi loin que portait son regard, l’horizon se perdait dans une immensité sans fin uniquement recouverte de ses herbes à coton. Les falaises du petit village de Taïla n’étaient plus visibles. Elle s’épongea le front, éternua encore et repartit à contre cœur dans le sillage qu’Aiguille avait laissé dans l’herbe rose pestant contre lui, et contre l’univers entier. La suite du voyage s’était passée dans le silence. Elle avait cru ne jamais arriver. Trois jours de bivouac dans ce désert. La tente était fraiche, sans doute protégée par un champ de force et les matelas confortables mais son rhume empirait d’heures en heures. Quand les falaises ocre rose s’étaient profilées devant elle le quatrième jour, il était tard et elle tenait à peine sa monture. Aiguille avait fini par lui avouer qu’en effet, certains territoires possédaient des flottes importantes de navettes mais aussi de vaisseaux et même de jets mais que les réserves de carburants étaient trop précieuses pour les gaspiller pour si peu. Par si peu, elle avait compris pour d’autres que les Adarii. Elle en profita pour pester aussi contre celle qui avait décrété qu’elle était en mesure de voyager. Jamais elle ne pourrait grimper ses falaises. Heureusement, elle n’avait pas eu à le faire. Elle avait suivi Aiguille dans un étroit défilé puis dans une grotte. Une grotte n’était pas le terme exact. Un tunnel peut-être car il n’y avait rien de naturel là-dedans. La roche avait été creusée et d’une manière exceptionnelle. Le sol était parfaitement plat et les murs en biais se rejoignaient cinq mètres plus haut dans un triangle parfait. Les parois étaient faiblement luminescentes et la lumière s’intensifiait. C’était un travail remarquable. Sur les Maÿcentres jamais pareil travail n’avait été mis en œuvre pensa Réalité. Il y avait bien les villes souterraines creusées dans des galeries mais les boyaux étaient étroits, moins haut et surtout beaucoup moins réguliers. Elle cherchait d’où venait la lumière. Sur les Maycentres aussi les plafonds étaient lumineux mais ici, elle ne décelait aucun système de quelques natures que se soit. Elle se souvenait d’un globe que possédait son père. Quand Pluie était venue, elle avait réussi à le rendre lumineux. Pendant des semaines après elle avait tenté de trouver le truc en le manipulant de toutes les façons possibles, sans résultat. Puis sa mère l’avait découvert et confisqué. Elle s’était rapprochée d’Aiguille, lui avait lancé une insulte qu’il avait ignorée et était restée auprès de lui. Quand ils avaient quitté le tunnel, le soleil se couchait dardant des rayons roses sur une immense ville toute blanche qui s’étalait devant elle en contrebas. Et tout au fond, l’océan. Elle contempla quelques instants la cité de pierre, personne ne pouvait rester insensible devant une telle merveille puis ses yeux se perdirent vers la mer rose sombre. Là bas, de l’autre coté, c’était chez elle. Elle écarquilla les yeux comme si elle avait pu apercevoir la terre de l’autre côté puis voyant Aiguille s’éloigner sur un chemin transversal, elle le suivit sans lâcher l’océan du regard.
« Tu peux toujours le fixer » dit-il comme devinant ses pensées. « Si tes yeux peuvent traverser 5000 kilomètres et suivre la courbure du globe, tu pourrais en effet apercevoir les côtes de Cashir. »
Même si elle admettait que c’était impossible, elle avait tout de même essayé. Enfin pas le soir même. D’abord, il faisait trop sombre et puis, dès qu’il l’avait laissé dans cette bicoque, elle s’était allongée et s’était endormie instantanément. Elle ne s’était réveillée que le lendemain en fin d’après midi. Un repas était posé sur la table basse. Elle avait mangé puis elle était sortie, revenant sur les pas qu’elle avait fait la veille jusqu’à trouver un endroit dominant l’océan et elle avait fixé intensément l’horizon.
Aiguille était arrivé peu après avec son insupportable air moqueur « C’est ça, moque toi, j’ai tellement envie de rentrer chez moi que je pense que je serais capable de voir les Cotes de Cashir ». Elle étendit un bras vers la mer. « J’aurais presque vu une terre par là.
- Pas impossible, avec de bons yeux, par temps clair, il est possible d’apercevoir les îles d’Amaerua. »
Ca lui apprendra à être gentille, voila qu’il lui ôtait tous ses espoirs. Il ferait mieux de lui expliquer pourquoi il l’avait conduite ici. « Et maintenant, quelle est la suite du programme ? »
Aiguille haussa les épaules. « On ne m’a rien demandé de plus. Repose-toi, tu en as encore besoin. Je rentre à Taïla, auprès de famille.
- Tu veux dire que tu m’abandonnes ici !
- Il faut savoir, un jour je suis un bourreau qui te retient prisonnière, un jour je t’abandonne.
- Mais que veux-tu que je fasse toute seule ! »
Aiguille soupira. « Tu es impossible toi. Tu as un toit et pas des moindres, des meubles, si je ne m’abuse, j’ai aperçu des toilettes dans le dressing et bien plus jolies que celles que je peux offrir à mes maîtresses et n’as-tu pas eu à manger aussi ?
- Oui, je croyais que c’était toi.
- Non, en ce qui me concerne, je t’aurai envoyé vite te rendre utile alors cesse de te plaindre et de te demander ce que tu as fait de mal parce que moi, je me demande pourquoi tu as droit à un tel traitement de faveur. »
La première pensée de Réalité fut qu’il se moquait encore d’elle mais après un bain dans un bassin privé alimenté par une source ne desservant que sa maison, et après avoir enfilée un sari de soie clair, elle commença à réfléchir au point de vue d’Aiguille. C’est vrai qu’on ne la traitait pas comme une prisonnière. Pourtant, il aurait été plus facile de la renvoyer en Cashir. Qu’est-ce que ces comportements pouvaient bien cacher ?
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